Corbeau News Centrafrique:
Ce n’est qu’en Centrafrique ce pays de paradoxe où le ridicule ne tue pas et le courage du diable se manifeste en soit qu’on peut tenir un tel propos après avoir quitté le pouvoir surtout quand on sait que la justice n’existe plus dans ce pays et que la justice internationale en fait une exception pour les crimes de guerre, crimes contre l’humanité et viols commis en Centrafrique de Barthélemy BOGANDA le fondateur de ce pays situé au cœur de l’Afrique, très riche en ressources naturelles.
Après avoir bien bu le sang des centrafricains tués par sa bande Séléka et essuyer bonnement ses lèvres, Michel Djotodia en exil au Bénin, a bel et bien eu le courage diabolique de déclarer à haute et intelligible voix lors d’une interview accordée au quotidien régional français « l’Est Républicain », « j’ai le droit de revenir au pouvoir ». Cela sonne bon à l’oreille quand je l’écoute comme si c’est le chouchou des centrafricains qui n’a pas les mains mouillées de sang et qui veut revenir après ses exploits en bon bâtisseur non égalé du pays dont ses œuvres dépassent même celles de Bokassa 1er, un développeur hors-pair qui a donné à manger aux centrafricains durant ses 9 mois au pouvoir macabre, construire des écoles, des hôpitaux, des infrastructures routières et agro-pastorales pour que les centrafricains qui n’ont pas souffert dans leur chair intérieure réclament son retour au palais de la Renaissance qu’il a encore laissé dans un état délabré. J’examine sa déclaration et je me pose la question si ce n’est pas sa femme béninoise, l’ex première dame qui pousse monsieur à chercher à revenir à la mangeoire ?…Puisque rappelons-nous, Chantal était très choquée quand Michel Djotodia démissionnait. L’ancien couple présidentiel serait en train de tirer le diable par la queue, certes.
D’ailleurs, c’est quelqu’un qui a pris le pouvoir le 24 mars 2013 et il a piétiné la mémoire du président fondateur de la République Barthélemy BOGANDA qui s’est sacrifié pour libérer son peuple sous le joug colonial, disparu précocement le 29 mars dans un accident d’avion. Cinq jours après sa prise de pouvoir, cette date mémorable était passée sans que le pouvoir djotodiste fasse allusion à la mort de BOGANDA, qui doit être notre héros national.
D’un, sa prise de pouvoir n’était pas légitime mais Djotodia ose revendiquer son retour à la tête du pays en terme de droit absolu et de deux, il a si vite oublié le sang des centrafricains qu’il a abondamment coulé en 9 mois de règne. En comptabilisant ses tueries, au moins 1000 personnes sont tuées sauvagement par moi, victimes d’assassinat extrajudiciaire et de barbarisme depuis le 10 décembre 2012 jusqu’à la prise du pouvoir par l’ex-séléka le 24 mars 2013, une ex-coalition qu’il veut déguiser en parti politique des extrémistes. L’opinion nationale et internationale n’est-elle pas témoin des corps des centrafricains que la Croix-Rouge ramassait autour du périmètre du palais de la Renaissance où il officiait en signant nuit et jour des décrets à caractère salafiste? Et les corps en putréfaction des centrafricains tués et jetés par les éléments de séléka dans une cours d’eau sur la route de Yaloké, vont-ils restés impunis? Où en sommes-nous pour que Michel Djotodia qui n’a pas pu répondre aux questions des évêques centrafricains relatives à sa fameuse lettre envoyée à l’Organisation Islamique Musulmane visant la transformation de la République centrafricaine en Etat islamique jusqu’à ce qu’il quitte le pouvoir sous pression? De quel droit revendique-t-il pour prétendre revenir gouverner la RCA ? S’il était un leader charismatique aimé par les centrafricaines et les centrafricains, et qui a l’amour de son pays, pourquoi n’est-il pas resté en Centrafrique après sa démission au lieu de fuir aller construire une somptueuse villa à Cotonou avec l’argent du sang des centrafricains? A-t-il oublié la journée noire du 20 août 2013 qui a replongé les banguissois dans le deuil du 24 mars qui n’était qu’un carnage sans précédent que l’Archevêque de Centrafrique, Dieudonné Nzapalainga qualifiait d’une opération démesurée?
Excellence, Monsieur le président démissionnaire, si vous avez oublié tout ce que vous et votre coalition rebelle séléka avaient commis comme dégâts et crimes contre les centrafricains que vous prétendiez sauver, pour vous rafraîchir la mémoire, voici un extrait de la lettre des évêques de Centrafrique qui vous a été envoyée à la présidence de la République en date du 23 avril 2013, suivi des recommandations de réparation.
Excellence Monsieur le Président,
Nous, Evêques, dans la proximité avec le peuple en souffrance et portés par le souci pastoral, sommes préoccupés par les événements de ces derniers temps qui ont meurtri notre pays. Après avoir relevé certaines exactions à l’endroit de la population, dans l’humilité, nous vous faisons quelques propositions quant à la sortie de la crise et à la reconstruction de notre pays.
(…)
1. Menaces, terreur et tortures psychologiques ;
2. Viols de jeunes filles et femmes, dont certaines se sont suicidées ;
3. Enrôlement d’enfants soldats ;
4. Humiliation publique de quelques militaires des FACA, gendarmes et policiers, s’ils ne sont pas froidement abattus comme des chiens galeux ;
5. Déplacement de personnes pour se réfugier en brousse ou en forêt ;
6. Elévation du taux de mortalité infantile et néo-natale à cause du non fonctionnement des services hospitaliers ;
7. Rupture d’approvisionnement de beaucoup de villes en médicaments et produits médicaux de première nécessité, surtout pour les personnes vivant avec le VIH/SIDA ;
8. Evacuation du personnel des Médecins Sans Frontière de Bantagafo et de Kabo à cause des exactions commises par les éléments de SELEKA ;
La République centrafricaine est ainsi devenue un pays fantôme dont les valeurs éthiques ont été remplacées par le gain du pouvoir, l’injustice, la loi du plus fort, les règlements de compte et la chasse aux sorcières. La Centrafricaine et le Centrafricain sont désormais considérés comme des bêtes de somme qu’il faut traquer et abattre impunément. Que faisons-nous donc de la dignité qui constitue pourtant un des mots clés de notre devise nationale (‘Unité – Dignité- Travail’)?
9. Pénurie et inflation ;
10. Rupture de réseaux de communication avec certaines villes en dehors de Bangui ;
11. Pillage et saccage des édifices publics, des hôpitaux, des écoles ;
12. Vols et confiscation de véhicules d’Etat et de particuliers.
13. Anéantissement de l’administration ;
14. Foulage au sol de l’autorité de l’Etat ;
15. Saccage des unités de production économique.
Nous exigeons de votre part réparation pour tous les biens de l’Eglise volés, pillés, saccagés ou vandalisés. A cet effet, nous vous annonçons d’ores et déjà que la Commission Episcopale Justice et Paix vous remettra en temps opportun un dossier complet. Tout en reconnaissant les défis auxquels est confronté notre pays, nous vous exhortons à tout mettre en œuvre pour : (…).
Pierre INZA