MCU : le roi Touadéra nomme son équipe de campagne avant que le Conseil Constitutionnel ne valide sa candidature
Rédigé le 26 octobre 2025 .
Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC).
Le Mouvement Cœurs Unis (MCU), parti au pouvoir, vient de publier trois décisions nommant l’équipe de campagne du président Touadéra pour l’élection présidentielle du 28 décembre 2025. Ces décisions, signées les 20 et 22 octobre 2025, interviennent alors que le Conseil Constitutionnel n’a pas encore validé la candidature du roi de Damara Touadéra. C’est une preuve supplémentaire que le Conseil Constitutionnel est dans la poche du pouvoir.
Les trois décisions publiées sont :
– Décision n°001 du 20 octobre 2025 : nomination des directeurs nationaux de campagne…
– Décision n°002 du 22 octobre 2025 : nomination des membres du cabinet du directeur national de campagne…
– Décision n°003 du 22 octobre 2025 : nomination des membres de la direction nationale de campagne et des directions régionales…
Simplice Mathieu Sarandji a été nommé Directeur National de Campagne. Félix Moloua, actuel Premier ministre, a été nommé Directeur National de Campagne Adjoint n°1, chargé des relations avec les institutions. D’autres proches du régime comme Arthur Bertrand Piri, Obed Namsio, Sani Yalo, Aurélien Simplice Zingas Kongbele et Timoléon Mbaikoua ont été nommés directeurs adjoints.
Le problème avec ces nominations, c’est qu’elles interviennent avant que le Conseil Constitutionnel n’ait statué sur les candidatures. Selon la loi électorale, les candidats doivent d’abord déposer leurs dossiers auprès de l’autorité nationale des élections. Ensuite, le Conseil constitutionnel examine ces dossiers et publie la liste définitive des candidats retenus. C’est seulement après cette validation que les candidats peuvent officiellement lancer leur campagne et nommer leurs équipes.
Mais le roi Touadéra alias Baba Kongoboro et son MCU ne respectent pas cette procédure. Ils publient déjà leurs décisions de nomination comme si la candidature de Touadéra était déjà validée. Comme si le Conseil Constitutionnel n’avait qu’à entériner ce qui est déjà décidé par le pouvoir.
Tout le monde sait que le Conseil Constitutionnel est contrôlé par le pouvoir. Tout le monde sait que Touadéra sera validé quoi qu’il arrive. Mais il faut quand même respecter les formes. Il faut quand même faire semblant que la procédure légale existe.
En publiant ces nominations avant la validation du Conseil Constitutionnel, le MCU envoie un message clair : le Conseil n’est qu’une formalité. La décision est déjà prise. Touadéra sera candidat. Touadéra gagnera. Et tout le processus électoral n’est qu’une comédie pour donner l’apparence de la démocratie.
Les trois décisions invoquent toutes les mêmes textes juridiques pour se justifier : la Constitution, la loi sur les partis politiques, le code électoral, etc. Mais aucune de ces décisions ne mentionne la validation du Conseil Constitutionnel. Elles partent du principe que Touadéra est déjà candidat officiel alors que le Conseil n’a pas encore publié sa décision.
La décision n°001 nomme Simplice Mathieu Sarandji comme Directeur National de Campagne. Cet homme est le Secrétaire Exécutif National du MCU. Il a signé lui-même les décisions n°002 et n°003. C’est donc lui qui coordonnera toute la campagne de Touadéra.
Les cinq directeurs nationaux adjoints couvrent tous les aspects de la campagne : relations avec les institutions (Félix Moloua), stratégies et opérations électorales (Arthur Bertrand Piri), suivi des contentieux (Obed Namsio), coordination des associations de soutien (Sani Yalo), coordination des régions électorales (Aurélien Simplice Zingas Kongbele), et relations avec les partis alliés (Timoléon Mbaikoua).
La décision n°002 nomme Ernest Mada comme Directeur de Cabinet et trois rapporteurs généraux. Ces personnes formeront le noyau dur de l’équipe de campagne.
La décision n°003 est la plus volumineuse. Elle nomme des dizaines de personnes dans sept commissions (mobilisation, logistique, finances, communication, stratégie électorale, relations avec les institutions, relations avec les partis politiques) et huit directions régionales de campagne couvrant tout le territoire national plus la diaspora.
Parmi les noms qui apparaissent dans ces listes, on trouve beaucoup de ministres actuels et d’anciens ministres. Claude Rameaux Bireau, ministre de la Défense, a été nommé dans la commission des finances. Arnaud Djoubaye Abazène, ministre de la Justice, apparaît deux fois : dans la commission chargée des relations avec les partis politiques et comme directeur de la direction régionale de campagne pour la région n°5 (Fertit).
Hassan Bouba, le chef rebelle de l’UPC, agent de renseignement tchadien, devenu ministre en RCA, a été nommé dans la commission chargée de la mobilisation. Dimitri Yalangba a été nommé dans la commission chargée de la communication.
Ces nominations racontent beaucoup sur la nature de la campagne de Touadéra. Les ministres, qui devraient normalement rester neutres pendant la période électorale, travailleront activement pour la réélection du président. Les moyens de l’État seront détournés pour financer cette campagne. Les mercenaires russes participeront à la communication. Les agents de renseignement étrangers mobiliseront les militants.
Mais le plus choquant reste le timing de ces nominations. Le Conseil Constitutionnel n’a pas encore validé la candidature de Touadéra. Pourtant, le MCU publie déjà trois décisions créant toute une structure de campagne avec des dizaines de personnes nommées à différents postes.
C’est une manière d’humilier le Conseil Constitutionnel. De lui dire : “Vous n’êtes rien. Votre validation ne sert à rien. Nous savons que vous êtes dans notre poche. Alors nous n’attendrons même pas votre décision pour commencer notre campagne.”
Le Conseil Constitutionnel devrait normalement s’opposer à cette pratique. Il devrait rappeler au MCU que les candidatures doivent d’abord être validées avant qu’une campagne ne soit lancée. Il devrait sanctionner cette violation de la procédure.
Mais le Conseil ne dira rien. Il validera la candidature de Touadéra. Il fermera les yeux sur ces nominations prématurées. Parce que le Conseil Constitutionnel n’est pas une institution indépendante. C’est un instrument au service du pouvoir.
Les jeux sont faits. Touadéra sera candidat. Touadéra mobilisera toutes les ressources de l’État pour sa campagne. Touadéra truquera les résultats. Et Touadéra sera déclaré vainqueur. Le Conseil Constitutionnel jouera son rôle de façade. Il fera semblant d’examiner les dossiers. Il fera semblant de vérifier que les candidats remplissent les conditions légales. Mais en réalité, tout est déjà décidé.
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