Martin Ziguélé tire la sonnette d’alarme : « Les bouviers armés sèment la terreur dans l’Ouham-Pendé et Lim-Pendé »

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
L’élu de Bocaranga 3, Martin Ziguelé, dénonce une transhumance militarisée qui affame les populations rurales.
Dans les vastes étendues de l’Ouham-Pendé et de Lim-Pendé, les champs de manioc ne verdissent plus. Ils sont piétinés, détruits, anéantis par des troupeaux de bœufs conduits par des hommes en armes. Cette réalité glaçante, Martin Ziguélé, député de la circonscription de Bocaranga 2, l’a vécue de ses propres yeux lors de sa tournée de Bokaranga à Paoua.
Au micro de Radio Guira FM depuis Paoua, l’honorable parlementaire n’a pas mâché ses mots : « Nos frères agriculteurs sont pris en otage par une transhumance qui a perdu son âme traditionnelle pour devenir une machine de guerre contre nos campagnes ».
Quand les bœufs deviennent des armes de destruction massive
Le tableau que dresse Martin Ziguélé glace le sang. Dans ces deux préfectures du nord-ouest centrafricain, la transhumance n’est plus cette pratique ancestrale où éleveurs et agriculteurs cohabitaient dans le respect mutuel. Elle s’est muée en cauchemar pour les populations rurales.
« J’ai vu de mes yeux des bouviers déterrer volontairement les boutures de manioc pour nourrir leurs bêtes », témoigne l’élu. « Nos mères de famille n’arrivent plus à nourrir leurs enfants. Le prix du manioc a été multiplié par cinq, parfois six. Comment voulez-vous qu’une famille survive dans ces conditions ? ».
Cette destruction systématique des cultures vivrières frappe au cœur de la sécurité alimentaire. Dans un pays où le manioc constitue l’aliment de base de millions de Centrafricains, cette crise prend des allures de catastrophe humanitaire annoncée.
Des généraux étrangers derrière les troupeaux
Mais qui se cache derrière cette transhumance armée ? Martin Ziguélé lève le voile sur un réseau aux ramifications inquiétantes. « Ces troupeaux appartiennent souvent à des généraux tchadiens, nigériens ou camerounais », révèle-t-il. « Leurs bouviers, parfois d’anciens combattants, sont armés jusqu’aux dents et se comportent comme en territoire conquis ».
Cette militarisation de la transhumance marque une rupture historique. « De 1960 à 1990, nos populations coexistaient pacifiquement avec les éleveurs transhumants », rappelle le député. « Aujourd’hui, c’est la loi du plus fort qui règne, et nos agriculteurs, désarmés, subissent en silence ».
Les couloirs de transhumance, ces voies officielles négociées entre la RCA et ses voisins, sont purement et simplement ignorés. « Ils passent où ils veulent, quand ils veulent, détruisant tout sur leur passage », dénonce Martin Ziguélé.
L’État centrafricain aux abonnés absents
Devant cette situation explosive, l’élu de Bocaranga 2 pointe du doigt l’inaction des autorités centrafricaines. « Nos agriculteurs appellent au secours, mais qui leur répond ? », s’interroge-t-il amèrement. « L’État doit reprendre ses responsabilités et désarmer ces bouviers qui terrorisent nos campagnes. »
Pour Martin Ziguélé, la solution ne viendra pas des forces internationales : « Ce n’est pas à la MINUSCA de régler ce problème, mais bien au gouvernement centrafricain d’assumer son rôle régalien ». Un appel qui résonne comme un ultimatum adressé aux plus hautes autorités du pays.
Une bombe sociale à retardement
Au-delà des chiffres et des constats, cette crise de la transhumance armée révèle les fragilités profondes de l’État centrafricain. En laissant les communautés rurales sans protection face à des groupes armés, le pouvoir central nourrit les germes de conflits futurs.
« Quand un père de famille ne peut plus nourrir ses enfants parce que ses champs ont été détruits, quand une mère voit le prix du manioc devenir inaccessible, nous créons les conditions d’une explosion sociale », avertit Martin Ziguélé.
Dans l’Ouham-Pendé et Lim-Pendé, la patience des populations a des limites. Si rien n’est fait rapidement pour endiguer cette transhumance militarisée, ces préfectures risquent de s’embraser, ajoutant une crise de plus à la longue liste des maux qui affligent la République centrafricaine….
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