Bangui, République centrafricaine, vendredi, 9 juillet 2021 ( Corbeaunews - Centrafrique). Déjà titulaire de la franchise des cartes d'identité centrafricaine, le groupe libanais Al Madina veut s'emparer du très stratégique marché des passeports biométriques, détenu depuis 2010 par son compatriote Africard. La société Al Madina, enregistrée à Oman mais opérée par une direction libanaise et épaulée par le diamantaire Aziz Nassour, projette d'étendre son emprise sur le marché des documents publics centrafricains en s'emparant du lucratif marché des passeports biométriques, alors qu'elle détient déjà ceux des cartes d'identité, des cartes de séjour et des documents de transports (carte grise, permis de conduire...) depuis plusieurs années.
Depuis 2010, la fabrication des passeports est assurée par Africard Co RCA, une filiale d'Inkript, elle-même filiale de la société libanaise Resource Group Holding. Africard, qui avait signé la concession en 2010 avec l'ancien président centrafricain François Bozizé, est pour le moment parvenu à se maintenir malgré les différents changements de régime en 2013, 2014 et 2016. Al Madina au centre de nombreuses polémiques Cela fait plusieurs mois qu'Africard vise le dernier contrat d'identification qui lui échappe encore dans le pays, mais l'incertitude sécuritaire et la longue attente d'un nouveau gouvernement avaient retardé ses plans. Si le conseiller d'Al Madina, Aziz Nassour, jouit d'un accès direct au chef d'Etat Faustin-Archange Touadéra, il a perdu un allié avec le départ du ministre de la sécurité Henri Wanzet Linguissara. L'influent ministre de la justice, Arnaud Djoubaye Abazène, est en revanche un familier d'Al Madina - il était ministre des transports lorsque le groupe a obtenu le contrat des cartes grises -, tout comme l'actuel premier ministre Henri-Marie Dondra, dit "HMD". Lorsqu'il était ministre des finances, HMD avait défendu bec et ongles, lors d'un débat houleux à l'Assemblée nationale en fin d'année dernière, les prix pratiqués par Al Madina pour la délivrance d'une carte d'identité. La société fixe le tarif à 6 000 francs CFA (8 euros), alors que la loi prévoit un prix de 4 500 francs CFA. Al Madina avait emporté ce marché de gré à gré en 2019. L'Etat centrafricain ne payant pas la société pour le service qu'elle assure, Al Madina se rémunère sur le montant demandé aux usagers. La lettre de continent