Les conditions d’un retrait des troupes françaises du Mali et de Centrafrique “sont loin d’être réunies”, selon des députés français de la Commission de la défense, qui soulignent les difficultés pour passer le relais à d’autres forces militaires.
Les opérations “Serval (au Mali) et Sangaris (en Centrafrique) sont loin d’être finies: dans un cas comme dans l’autre, les conditions d’un retrait sont loin d’être réunies”, estiment Gwendal Rouillard (socialiste) et Yves Fromion (droite conservatrice), auteurs d’un rapport sur la présence militaire française en Afrique, présenté mercredi en commission à l’Assemblée nationale.
Au Mali, où la France compte encore environ 1.800 soldats, le scénario de sortie de crise reste incertain pour deux raisons principales. D’une part, le “passage de relais” à d’autres forces “paraît pour le moins compliqué”, en raison de la lenteur de la mise en place de la force de stabilisation de l’ONU (Minusma). La deuxième raison est que “le processus de réconciliation entre Maliens piétine”.
Les rapporteurs mettent en garde contre “un arrangement politique mal ficelé”, qui déboucherait “sur une paix fragile”.
En Centrafrique, où se trouvent 2.000 soldats français, la force de l’Union africaine (Misca), d’environ 5.800 hommes, doit intégrer mi-septembre la force de l’ONU, la Minusca.
Mais “quel que soit le dévouement de ces soldats et l’implication politique de l’Union africaine, il faut être lucide: ces forces manquent cruellement de moyens”, notent-ils. “Comme au Mali, le scénario de sortie d’Opex (opération extérieure) est moins que clair”.
L’expérience des opérations militaires françaises en Afrique “montre que l’on peut y être pour longtemps”, soulignent-ils.
Les deux députés, qui ont passé plusieurs mois sur le terrain, dénoncent le manque d’engagement européen. “Quant à l’Europe, on touche le fond”, soulignent-ils.
S’ils se félicitent du bon fonctionnement de la mission européenne de formation de l’armée malienne, ils constatent qu’en Centrafrique, pour une mission tout à fait à la portée des Européens, “personne ou presque ne répond à l’appel”.
Sur la réorganisation générale du dispositif militaire français en Afrique, ils mettent en garde contre une réduction envisagée des effectifs à Djibouti, de 1.950 soldats actuellement à un millier d’hommes. Il faut, selon eux, “un minimum de 1.300 hommes pour rester crédible” sur ce point stratégique où les autres puissances – Etats-Unis, mais aussi Chine et Russie – tentent au contraire de renforcer leur implantation.
Par: AFP