Les chefs rebelles de 3R et de l’UPC vont-ils vraiment récupérer leurs grades dans l’armée centrafricaine ?

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Les chefs rebelles de 3R et de l’UPC vont-ils vraiment récupérer leurs grades dans l’armée centrafricaine ?

 

Les chefs rebelles de 3R et de l’UPC vont-ils vraiment récupérer leurs grades dans l'armée centrafricaine ?
Opération de désarmement des rebelles de 3R à Koui. Une DKM remise par le chef Bobo

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 L’accord signé en avril 2025 entre le gouvernement centrafricain et Oumar Abdelkader de 3R et Ali Darassa de l’UPC à Ndjamena promet à ces leaders des groupes armés leur intégration dans l’armée avec reconnaissance de leurs grades militaires.

 

 

L’accord de paix signé le 19 avril 2025 à N’Djaména entre le gouvernement centrafricain et les groupes armés 3R et UPC fait miroiter une promesse séduisante aux chefs rebelles : leur intégration dans les Forces Armées Centrafricaines avec reconnaissance de leurs grades militaires. Le calendrier semble précis : cantonnement achevé au 19 juillet 2025, désarmement débuté le 12 juillet à Maloum pour l’UPC avec 300 à 500 combattants concernés, suivi des 3R le 16 juillet. L’accord évoque l’attribution de postes gouvernementaux aux cadres rebelles “selon des critères de compétence” et leur intégration dans l’armée.

 

Cette musique sonne familièrement aux oreilles centrafricaines. En 2019, l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation avait fait les mêmes promesses à quatorze groupes armés. Le président Touadéra a depuis annoncé que neuf d’entre eux se sont autodissous. Pourtant, leurs chefs comme Abdoulaye Issène du FPRC ou certains officiers du RPRC attendent toujours. Aucun grade reconnu, aucune intégration effective dans les FACA. Cette déception a alimenté la naissance de nouveaux mouvements rebelles, dont le PRNC.

 

L’accord actuel reste étonnamment vague sur les modalités concrètes d’intégration. Comment Ali Darassa de l’UPC ou Sembé Bobo des 3R obtiendront-ils leurs galons ? Quels critères détermineront leur rang dans la hiérarchie militaire ? Le texte ne le précise pas. Deux ex-rebelles ont bien rejoint le gouvernement et deux autres conseillent sur l’évaluation de l’accord, mais ces nominations restent symboliques face aux attentes des grands leaders.

 

L’état-major des FACA constitue le premier obstacle. Composé majoritairement de fidèles du président Touadéra, il a toujours résisté à l’arrivée de chefs rebelles à des postes stratégiques. Ces officiers craignent de voir leur influence réduite par l’intégration de nouveaux cadres issus de la rébellion. En 2019, cette résistance institutionnelle avait déjà vidé l’APPR de sa substance.

 

Les divisions ethniques compliquent l’équation. L’appartenance de nombreux rebelles des 3R et de l’UPC à la communauté peule génère des tensions avec d’autres groupes, particulièrement les chrétiens. Nommer Sembé Bobo à un grade élevé pourrait raviver ces fractures au sein même de l’armée. L’accord ne propose aucune solution pour apaiser ces rivalités communautaires qui empoisonnent la vie politique centrafricaine.

 

Le contrôle des ressources naturelles reste un enjeu central ignoré par l’accord. Les territoires des 3R dans l’Ouham-Pendé et ceux de l’UPC dans la Haute-Kotto ou dans la Basse-Kotto  regorgent d’or et de diamants. Ces richesses financent les groupes armés et justifient leur présence territoriale. Sans alternative économique crédible, pourquoi ces chefs abandonneraient-ils des activités si lucratives pour des grades militaires aux revenus incertains ?

 

Le financement du processus de Désarmement, Démobilisation, Réintégration et Rapatriement demeure flou. Les bailleurs internationaux, échaudés par les échecs précédents, hésitent à débloquer de nouveaux fonds. Cette contrainte budgétaire pourrait retarder ou compromettre l’exécution des promesses faites aux rebelles.

 

L’histoire récente offre un exemple édifiant avec la formation de la Coalition des Patriotes pour le Changement. Née des frustrations post-APPR, cette alliance de groupes armés déçus a failli prendre Bangui en 2020-2021. Le même scénario pourrait se répéter si l’accord de N’Djaména déçoit les attentes des chefs des 3R et de l’UPC.

 

Les incidents récents à Sikikédé, où des affrontements ont opposé les FACA aux groupes armés malgré l’accord, témoignent de la fragilité du processus. La méfiance mutuelle persiste entre les parties, rendant hypothétique toute intégration harmonieuse.

 

Les précédents centrafricains enseignent que les accords de paix sans volonté politique réelle créent plus de problèmes qu’ils n’en résolvent. En attirant les chefs rebelles avec des promesses d’intégration pour mieux les neutraliser sans leur offrir de véritables perspectives, le pouvoir prend le risque de nourrir de nouvelles frustrations.

 

L’accord de N’Djaména ressemble ainsi à un pari risqué. Si les chefs rebelles obtiennent effectivement leurs grades et des responsabilités réelles dans l’armée, il pourrait marquer un tournant dans la pacification du pays. Si ces promesses restent lettre morte comme en 2019, il ne fera qu’alimenter un nouveau cycle de violence. L’avenir de la République Centrafricaine se joue peut-être dans cette capacité à transformer les paroles en actes et à donner corps aux engagements pris à N’Djaména….

 

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