vendredi, novembre 15, 2024
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Paoua, Bria, Batangafo, le réseau routier centrafricain en lambeaux, et  un pays complètement paralysé

Paoua, Bria, Batangafo et ailleurs, le réseau routier centrafricain en lambeaux, et  un pays complètement paralysé

 

Camion de l'UNICEF renversé sur un pont précaire au-dessus de la rivière Nana en République centrafricaine, témoignant le désastre routier centrafricain
Un camion de l’UNICEF, chargé de kits scolaires, s’est renversé sur le fragile pont de la Nana, à 27 km de Paoua, illustrant l’état catastrophique du réseau routier centrafricain.”

 

Bangui, CNC. Un camion semi-remorque de l’UNICEF, transportant des kits scolaires, a plongé dans la rivière Nana en tentant de traverser un pont délabré sur l’axe Gouzé-Bossangoa, à 27 km de Paoua. Ce drame n’est que le dernier d’une longue série qui montre l’effondrement total des routes en République centrafricaine, compromettant la vie de tous les citoyens.

 

Le réseau routier centrafricain : des routes impraticables.

 

La réalité du réseau routier centrafricain est alarmante. Récemment, un convoi de l’UNICEF a mis plus de 10 jours pour parcourir 100 km jusqu’à Batangafo, dans l’Ouham-Fafa. Ce qui devrait être un trajet de quelques heures devient un véritable calvaire, non seulement pour les humanitaires, mais pour tous les usagers de la route.

 

« Tout est à l’abandon dans le pays. Rien n’a été fait. Rien, rien, rien », déplore Félix, commerçant à Sibut. Cette négligence a des conséquences désastreuses sur l’ensemble de la population centrafricaine.

Foule rassemblée autour d'un véhicule embourbé sur une route inondée dans le quartier Bornou, à Bria, dans la préfecture de la Haute-Kotto, en Centrafrique. CopyrightCNC
Des habitants du quartier Bornou à Bria tentent de dégager un véhicule humanitaire bloqué, symbolisant l’abandon de la population. ©CNC

 

Faute d’un réseau routier centrafricain  fiable, l’éducation en danger .

 

Le récent accident du camion de l’UNICEF souligne l’impact dévastateur sur l’éducation. Un professeur du lycée de Paoua témoigne : « Ça fait partie du pire sous-développement du pays. Un pont qui ne mesure même pas 200 mètres de long, c’est une honte. Pour les écoliers, c’est une année blanche qui s’annonce déjà. Non seulement les kits sont endommagés, mais voyons l’état du camion ».

Véhicule de l’UNICEF traversant une route boueuse et inondée à 103 km de Batangafo , en route pour la distribution de kits scolaires à Batangafo .
Un véhicule de l’UNICEF tente de traverser une route dégradée proche de la ville de Batangafo , alors qu’il se dirige vers Batangafo pour livrer des kits scolaires aux élèves. Cette route, impraticable, rend le trajet extrêmement difficile, nécessitant 10 jours pour parcourir 100 km. Capture d’écran de la vidéo de l’UNICEF publié sur Twitter

 

L’aide humanitaire bloquée à cause du réseau routier centrafricain défaillant.

 

Les accidents impliquant des véhicules d’aide se multiplient sans cesse. Il y a quatre jours, un camion du Programme Alimentaire Mondial (PAM) s’est renversé à Bria, perdant sa cargaison de kits humanitaires destinés à un village voisin.

 

« Chaque déplacement est un défi. Nous ne savons jamais si nous atteindrons notre destination », confie Marie, travailleuse humanitaire dans le pays depuis 20 ans. Les kits scolaires, médicaux et alimentaires n’atteignent plus leur cible, privant des milliers de personnes d’une aide vitale.

Les mercenaires russes basés à Gbokologbo sortis espionner les camions bloqués sur la route de Dimbi
Les mercenaires russes sur la route de Dimbi. CNC/Botty-Banga

 

Une économie asphyxiée.

 

Le problème du réseau routier centrafricain  dépasse largement l’aide humanitaire. Commerçants, transporteurs et simples voyageurs subissent tous cet effondrement routier.

 

Jean-Paul, chauffeur de taxi-brousse à Bouca, raconte : « Avant, je faisais l’aller-retour Bouca – Kabo en deux jours. Maintenant, ça peut prendre une semaine. Les passagers souffrent, les marchandises pourrissent. C’est tout le pays qui est bloqué ».

 

L’économie du pays est directement touchée. Les produits agricoles ne parviennent plus aux marchés, les prix s’envolent dans les villes, et les régions les plus reculées se retrouvent totalement isolées.

Un camion des nations unies s'enfonce sur la route de Farazala-Cabo. CopyrightDR
Un camion des nations unies s’enfonce sur la route de Farazala-Cabo. CopyrightDR

 

Un réseau routier centrafricain  défaillant, un gouvernement inactif.

 

L’inaction du gouvernement centrafricain face au chaos du réseau routier centrafricain  est inacceptable. Alors que des sommes colossales sont allouées aux groupes Wagner et rwandais, l’entretien des infrastructures vitales est totalement négligé.

 

« Depuis des années, nous alertons sur l’urgence de réhabiliter le réseau routier. Mais nos rapports finissent dans les tiroirs, pendant que l’argent part ailleurs », dénonce un ancien fonctionnaire du ministère des Travaux publics.

 

Cette gestion dégoûtante de l’État pose de sérieuses questions sur les priorités du gouvernement Touadéra et sa capacité à répondre aux besoins fondamentaux de la population.

 

Des citoyens désespérés.

 

Face à ce réseau routier centrafricain  chaotiques, les Centrafricains se sentent abandonnés. « Nous n’avons que nos yeux pour pleurer et nos mains levées vers le ciel pour demander de l’aide à Dieu le tout puissant », résume amèrement un habitant de Bambari.

 

Une intervention immédiate est nécessaire. Sans une réhabilitation massive et rapide des infrastructures routières, c’est tout un pays qui risque de s’enfoncer davantage dans la crise.

 

Les conséquences de cette paralysie routière vont bien au-delà des retards et des accidents. C’est l’avenir même de la République centrafricaine qui est en jeu. L’accès à l’éducation, aux soins, au développement économique – tout dépend de la capacité à se déplacer et à transporter des biens.

 

Le gouvernement doit prendre la mesure de la gravité de la situation et agir immédiatement. La communauté internationale doit également se mobiliser pour soutenir la réhabilitation urgente du réseau routier centrafricain. Sans cela, c’est tout un peuple qui restera piégé dans l’ornière du sous-développement.

 

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