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LE FORUM DE BANGUI : UN FORUM MAL CONCU, MALVENU ET POTENTIELLEMENT INFLUENCE PAR L’INITIATIVE DE NAIROBI

Corbeau News Centrafrique: 02-01-2015.

François Bozizé et Michel Djotodia
François Bozizé et Michel Djotodia

LE FORUM DE BANGUI DE JANVIER 2015 : UN FORUM MAL CONCU, MALVENU ET POTENTIELLEMENT INFLUENCE PAR L’INITIATIVE DE NAIROBI

L’opinion est informée de la tenue d’un Forum en janvier 2015 à Bangui. Il semble que cette assise nationale s’inscrit dans la dynamique d’une paix et d’une réconciliation nationale en République Centrafricaine, profondément meurtrie par une crise militaro-politique sans précédent depuis le coup d’État du 24 mars 2013.

Mais, il faut reconnaître que ce dialogue est mal conçu d’une part, et malvenu d’autre part. Les choses ne sont pas assez claires pour l’opinion.

D’un côté, beaucoup de questions demeurent sans réponse. Personne ne sait s’il s’agit d’une rencontre uniquement entre les acteurs politiques Centrafricains, ou plutôt d’une rencontre entre les acteurs politico-militaires de la crise post coup d’État du 24 mars 2013 ? Y aura-t-il la participation des victimes Centrafricaines, si oui sous quelle forme ? Quel sera l’ordre du jour de ce forum ? Quels sont les sujets à aborder ? Sera-t-il question uniquement d’un cessez-le-feu, de la redéfinition d’une nouvelle transition politique sans les autorités actuelles dont le mandat prend fin en février ? Sera-t-il question de la préparation des prochaines élections ? Discutera-t-on de mesures de grâce et d’amnistie pour les auteurs des nombreux crimes commis en Centrafrique ces dernières années ?

Enfin, l’idée de la tenue de ce Forum de Bangui en janvier 2015 est franchement malvenue, au moins pour deux raisons. La première raison en est qu’on ne peut pas organiser un vrai dialogue national avec des participants possédant des armes et tenant encore des positions militaires sur le territoire national. Avant le Forum, la MINUSCA doit d’abord mettre en œuvre la résolution de l’ONU qui exige le désarment forcé des groupes armés. Quand on va au dialogue avec des armes à la main, on se sent en position de force et en situation d’imposer ses vues, et donc de ne pas faire des concessions nécessaires à l’obtention d’un compromis qu’appelle tout dialogue. La deuxième raison en est que la justice nationale et internationale saisie des multiples crimes n’a pas encore enquêté, jugé et condamné les auteurs et complices des crimes, ni même indemnisé toutes les victimes de Séléka et des Antibalaka. La justice doit d’abord faire son travail. La communauté internationale doit procéder à l’indemnisation des victimes reconnues comme telles par la justice, et ce grâce à un fonds d’indemnisation financé par la communauté internationale.

Objectivement, ce n’est que suite au double travail de répression et d’indemnisation que les acteurs de la crise et les victimes pourront se réunir, se parler et se pardonner. C’est la double condition sine qua non de la réussite d’un dialogue national sincère et d’une réconciliation nationale sincère en Centrafrique. Le Forum de Bangui de janvier ne doit pas être l’assemblée qui scellera l’impunité ou absoudra les auteurs et complices des crimes massifs commis en Centrafrique ces dernières années. Il ne doit pas être influencé par l’INITIATIVE POLITICIENNE et MYSTÉRIEUSE DE NAIROBI dont les acteurs sont François Bozizé, Michel Djotodia, Nourredine Adam, lesquels sont en train de former une alliance contre nature, lesquels sont pourtant interdits de voyage, et sont dans le collimateur de la justice nationale et internationale. Le FORUM de Bangui ne doit pas non plus être un lieu de procès des uns et des autres, comme le veulent et le préparent en catimini les comploteurs de Nairobi (Kenya), sur le dos du peuple Centrafricain. Les plaintes et accusations (avec preuves à l’appui), c’est devant la justice ; les procès relèvent exclusivement de la compétence des tribunaux et non d’un Forum comme l’espèrent certains politiciens en mal de popularité. Parmi ces derniers figurent étrangement certains hommes de droit et Avocats opportunément acquis à l’impunité en faveur des potentiels clients de la justice que sont principalement François Bozizé, Michel Djotodia et Nourredine Adam, et dont ils réclament par communiqué la participation au Forum de Bangui. Ils espèrent ainsi venir déverser leur torrent de haine et faire gober aux participants des insanités déjà concoctées à Nairobi dans un secret de polichinelle, pour tenter de faire haïr et vomir l’une ou l’autre personnalité politique qu’ils ont dans leur ligne de mire dans l’optique des prochaines élections, et obtenir une nouvelle transition politique à partir de février 2015 gérée par eux.

Comme la réunion des deux conditions précitées (sanction des auteurs et indemnisation des victimes) nécessite des années de travail (2 à 3 ans) de la justice nationale et internationale, le Forum de Bangui de janvier 2015 doit seulement se limiter à la recherche et à la signature d’un accord de cessez-le-feu immédiat et définitif sur toute l’étendue du territoire national devant permettre le retour des personnes déplacées dans un premier temps, et l’organisation des élections groupées en juin-juillet 2015 dans un second temps.

Le vrai DIALOGUE NATIONAL INCLUSIF devant déboucher sur la RÉCONCILIATION NATIONALE ne pourra se tenir qu’après les élections de 2015, c’est-à-dire en 2017 ou début 2018, et organisé par des autorités plus légitimes.

Le FORUM de BANGUI de janvier 2015 a donc tout l’air d’un décorum, est mal conçu et saugrenu, sauf à vouloir pratiquer la politique de l’autruche comme d’habitude, avec comme conséquence l’éternel recommencement. Il n’est pas trop tard pour bien penser et bien définir le FORUM de Bangui de janvier 2015 pour le limiter à la signature et à l’exécution de bonne foi d’un Accord de Cessez-le-feu immédiat, complet et définitif, gage du retour rapide des Centrafricains déplacés, dispersés, suppliciés, gage de la tenue des élections générales de juin-juillet 2015. Si les belligérants refusent de déposer les armes suite à ce Forum, la MINUSCA devra alors utiliser la force pour pacifier le pays, comme l’autorisent depuis longtemps les résolutions de l’ONU.

Il n’est pas tard, les autorités actuelles de transition, l’ensemble de la classe politique Centrafricaine, la société civile, la communauté internationale, et les organisations de défense des droits humains luttant contre l’impunité devraient urgemment repenser le Forum de Bangui et le limiter substantiellement. Il doit s’agir d’un dialogue à minima, facteur du nécessaire apaisement social et politique avant les élections de juin-juillet 2015. Le vrai dialogue pour une vraie réconciliation nationale, c’est encore trop tôt.

PAS DE DIALOGUE NATIONAL ET DE RÉCONCILIATION NATIONALE SANS UN TRAVAIL COMPLET PRÉALABLE DE LA JUSTICE NATIONALE ET INTERNATIONALE !

Quand on met la charrue avant les bœufs, ça ne marche pas !

Par: Éric Madjotoloum

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