Le bilan s’alourdit en Afrique du Sud: 32 morts et 757 arrestations
Bangui ( République centrafricaine ) – Les violences et pillages qui frappent l’Afrique du Sud depuis plusieurs jours ont fait déjà 32 morts et les émeutiers ne semblaient marquer aucune pause mardi, en dépit des premiers déploiements de soldats.
Mardi matin, la province du Kwazulu-Natal (KZN, Est) – où les premiers incidents ont commencé vendredi au lendemain de l’incarcération de l’ex-président Jacob Zuma, qui reste populaire en pays zoulou – a annoncé que le bilan était passé à 26 morts. Et le président Cyril Ramaphosa, a confirmé lundi soir six autres décès à Johannesburg, la capitale économique du pays.
Après avoir mobilisé l’armée pour prêter main forte aux forces de l’ordre, il a souligné le caractère inédit de ces violences depuis l’avènement de la démocratie post-apartheid, dans un discours télévisé.
Les images des pillages ont montré des foules compactes et désordonnées, chacun se précipitant pour récupérer téléviseurs géants, vélos pour enfant, sièges de bureau, couches, conserves… Tout ce qui peut être emporté.
Dans les magasins pillés et mis à sac, les premiers émeutiers, souvent des hommes jeunes, ont été rejoints par toutes les autres franges de la population, y compris des enfants, à la recherche de nourriture ou d’équipements à revendre, dans un contexte économique dégradé par les restrictions mises en place fin juin pour contrer une troisième vague meurtrière de pandémie de coronavirus.
Une radio locale, Alex FM, a été pillée et n’a pas été en mesure de passer à l’antenne, rapporte le quotidien The Sowetan. Les pillards sont entrés dans leurs bureaux vers 2 heures du matin et ont volé tout le matériel de diffusion et les ordinateurs, ajoute le journal.
Au moins une banque de sang a été pillée, selon la télévision eNCA.
Le correspondant de VOA Afrique en Afrique du Sud, Romain Chanson, a écrit sur Twitter que certains habitants ont pris l’initiative de bloquer les routes menant vers leurs quartiers dans l’espoir que les pillards n’entrent pas dans leur communauté.
Les forces de l’ordre, visiblement en minorité, ont tiré des balles en caoutchouc pour disperser les mouvements de foule, suscitant la course paniquée de fuyards sur les parkings de centres commerciaux. Ou dans les rues des principales villes touchées, aux trottoirs jonchés de bris de verre et déchets, et bordés de bâtiments et voitures en feu.Chambres froides dévalisées.
A ce jour, 757 personnes ont été arrêtées, la majorité à Johannesburg, a précisé le ministre de la Police, Bheki Cele. Il s’est engagé à ce que la situation “ne se détériore pas davantage”, alors que les pillages se poursuivaient notamment à Soweto, immense township à l’ouest de Johannesburg où des soldats ont commencé à patrouiller selon des journalistes de l’AFP sur place, et à Pietermaritzburg, la capitale de la province de KZN.
Tôt dans la matinée, les télévisions locales ont montré des dizaines de femmes, certaines en robe de chambre, et des gens de tous âges ciblant une boucherie, dans la zone de Diepkloof à Soweto. Ils ont vidé les chambres froides et sont sortis en courant, de lourdes caisses de viande sur les bras. Un agent de sécurité privé, seul, se tenait debout, impuissant, passant frénétiquement des appels téléphoniques.
La police ne s’est présentée que trois heures plus tard pour disperser et arrêter les derniers pillards.Dans la nuit, policiers et agents de sécurité privée armés jusqu’aux dents ont longuement affronté des émeutiers dans le quartier dégradé de Jeppe, proche du centre de Johannesburg, a constaté l’AFP.Les premier incidents, avec des routes bloquées et des camions incendiés, ont fait leur apparition vendredi, au lendemain de l’incarcération de Jacob Zuma, condamné à une peine de prison ferme pour outrage à la justice.
Pillages et incendies se sont ensuite propagés pendant le week-end à Johannesburg. Le président Ramaphosa, promettant de restaurer “le calme et la stabilité” lundi soir, a rappelé avec sévérité que si les “frustrations et la colère” exprimées avaient “des racines politiques”, “aucune cause ne peut les justifier”.
Avec DW français