Travaux fantômes et contrats douteux : le fiasco de la société Djibro Services à la SEGA
Bangui, CNC. La Société d’État de Gestion des Abattoirs (SEGA) en Centrafrique fait l’objet de nombreuses questions. Il y a quelques années, le président Kongoboro a attribué la gestion des abattoirs à la société Djibro Services. Toutefois, les modalités de ce contrat restent nébuleuses et causent des inquiétudes.
Selon nos sources, Djibro Services appartient au fils d’un ami du père du Président Kongoboro , un peul comme le père du Président. Le contrat stipulait que l’entreprise devait reverser 25% de ses bénéfices au président, 25% au Trésor public, et conserver les 50% restants. Pourtant, depuis le début de l’exécution de cet accord, seule la part présidentielle serait versée régulièrement. L’État centrafricain, quant à lui, attendrait toujours de percevoir sa part des revenus.
La société Djibro Services affirme avoir entrepris d’importants travaux de rénovation à l’abattoir. Parmi les réalisations annoncées figure la réfection des voies d’accès. Mais sur le terrain, la situation apparaît bien différente de ce qui est proclamé. Le chemin prétendument “rénové” n’est en réalité qu’un simple sentier piétonnier qui serpente à travers des propriétés privées. La véritable route menant à l’abattoir, longeant l’Oubangui, n’a visiblement pas été touchée par ces travaux.
Un petit canal de drainage a été creusé dans le quartier avoisinant. Toutefois, les techniciens en génie civil que nous avons consultés pointent l’inefficacité de cet ouvrage : la topographie des lieux empêche l’écoulement naturel des eaux vers la rivière Oubangui. Pire encore, ce canal mal conçu pourrait aggraver les risques d’inondation dans une zone déjà vulnérable.
Ces aménagements sommaires contrastent fortement avec l’ampleur des travaux annoncés initialement. La SEGA semble privilégier l’entretien de ruelles secondaires au détriment de la réhabilitation de l’accès principal à l’abattoir. Cette stratégie questionne et laisse perplexes de nombreux observateurs. Toutefois, une confusion troublante entre service et travaux publics apparait.
En effet, la société Djibro Service, censée être une entreprise de services, réalise des travaux publics. Cette situation pose de sérieuses questions sur la légalité et la transparence des opérations. Comment une société de service peut-elle légalement exécuter des travaux d’infrastructure publique ?
« Il est aberrant qu’une entreprise soit à la fois maître d’œuvre et exécutante des travaux publics. Cela va à l’encontre de toutes les règles de bonne gouvernance et ouvre la porte à de potentiels conflits d’intérêts », déclare un spécialiste en droit des marchés publics souhaitant garder l’anonymat.
Les habitants du quartier, directement concernés par ces travaux, expriment leur mécontentement. “On nous avait promis une amélioration de nos conditions de vie, mais ces travaux ne changent rien pour nous”, déplore Mathieu, résident de longue date. “Au contraire, le creusement du canal a déstabilisé certaines maisons et augmenté les risques d’effondrement”, ajoute-t-il.
Du côté des bouchers et des commerçants qui fréquentent quotidiennement l’abattoir, le constat n’est guère plus reluisant. “Les conditions de travail restent précaires, l’hygiène laisse à désirer”, témoigne anonymement un boucher. “On nous avait parlé de modernisation, mais on attend toujours de voir les changements concrets”, poursuit-il.
La gestion opaque de la SEGA inquiète et pose également des questions sur le plan sanitaire. Dans un pays où les maladies d’origine alimentaire constituent un enjeu de santé publique majeur, l’absence apparente d’investissements dans les infrastructures de l’abattoir est préoccupante. Les normes d’hygiène et de sécurité alimentaire sont-elles respectées ? Le contrôle vétérinaire est-il efficace ? Autant de questions qui restent sans réponse claire.
Dans un prochain article, nous examinerons en détail l’état des installations de l’abattoir lui-même. Les investissements promis se sont-ils réellement concrétisés ? Quelles sont les conditions de travail et d’hygiène à l’intérieur de l’établissement ? Notre enquête se poursuit pour faire toute la lumière sur cette affaire qui concerne tant la santé publique que la bonne gestion des ressources de l’État centrafricain.
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