vendredi, novembre 15, 2024
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La militarisation du pouvoir en Centrafrique : Une dérive autoritaire qui ne dit pas son nom

La militarisation du pouvoir en Centrafrique : Une dérive autoritaire qui ne dit pas son nom

 

Pick-up militaire avec des mercenaires du groupe Wagner stationné devant l’ex mini-prix à Bangui
Pick-up militaire avec des mercenaires du groupe Wagner stationné devant l’ex mini-prix à Bangui. CopyrightCNC

 

Bangui, CNC. La République centrafricaine offre aujourd’hui le spectacle affligeant d’une militarisation rampante du pouvoir de Baba Kongoboro, masquant sous des oripeaux démocratiques une dérive autoritaire sans précédent. Le régime de Touadéra, prétendant rétablir l’autorité de l’État, a en réalité mis en place un système de répression sophistiqué qui combine forces régulières, milices et mercenaires étrangers.

 

Au cœur de ce dispositif se trouve une garde présidentielle pléthorique, recrutée en dehors de tout cadre légal et principalement au sein du groupe ethnique présidentiel, les Ngbakamandja. Cette force, dont l’existence même viole les accords internationaux sur la réforme du secteur de la sécurité en Centrafrique, s’est transformée en véritable armée parallèle. Équipée d’un arsenal impressionnant obtenu auprès de la Russie en violation de l’embargo sur les armes, elle terrorise la population jusque dans les quartiers de Bangui.

 

Plus inquiétant encore est l’émergence d’une milice progouvernementale, les “Requins de la Centrafrique“, dirigée par le défunt Moktar Bel Moktar et Héritier Doneng. Cette milice,  le véritable bras armé du parti présidentiel. Ce groupe, officiellement “dissous” mais toujours actif, opère en parfaite coordination avec la garde présidentielle et les mercenaires de Wagner, multipliant enlèvements, tortures et assassinats d’opposants. Leur impunité totale témoigne de leur rôle central dans le dispositif répressif du régime.

 

La militarisation s’étend également aux provinces, dans la Ouaka, le Haut-Mbomou et la Haute-Kotto,  où le pouvoir a instrumenté un soi-disant recrutement massif de jeunes dans les FACA. Ces recrues, après une formation sommaire de quelques semaines par les mercenaires russes, sont envoyées tenir des villages reconquis sur les groupes armés. Cette politique irresponsable transforme une jeunesse désœuvrée en chair à canon, tout en diluant dangereusement le professionnalisme de l’armée nationale.

 

Le phénomène le plus pernicieux reste la création systématique de milices dans des différentes zones du pays, pudiquement appelées “forces d’autodéfense”, comme par exemple dans le Haut-Mbomou avec les miliciens Azandé, qui reproduisent le schéma catastrophique des anti-balaka. Ces groupes, constitués sur une base ethnique et équipés par les russes, sèment la terreur dans les zones rurales sous prétexte de les “sécuriser”.

 

Cette militarisation généralisée s’accompagne d’une brutalisation croissante de la société. Les arrestations arbitraires se multiplient, les opposants disparaissent, tandis que la peur s’installe jusque dans les conversations privées. Un climat de terreur règne désormais à Bangui, mais également dans tout le pays, où même une plaisanterie politique peut conduire en prison.

 

L’administration elle-même n’échappe pas à cette dérive. Les postes clés sont systématiquement confiés à des militaires ou d’anciens miliciens “reconvertis”, comme le chef des requins Héritier Doneng, tandis que les fonctionnaires civils sont marginalisés ou contraints de se soumettre à la logique militaire.

 

Les conséquences de cette militarisation sont désastreuses. L’économie s’effondre sous le poids des rackets institutionnalisés, la corruption atteint des sommets tandis que la population s’enfonce dans la misère. Les barrages routiers, multipliés sous prétexte de sécurité, sont devenus autant de points de rançonnement de la population.

 

La communauté internationale, qui avait investi des sommes colossales dans la reconstruction d’un État de droit, assiste impuissante à ce détricotage méthodique. Les projets de réforme du secteur de sécurité sont détournés au profit d’une logique purement répressive, tandis que les garde-fous institutionnels sont systématiquement démantelés.

 

Cette militarisation du pouvoir dessine les contours d’un nouveau modèle autoritaire en République centrafricaine, où la violence d’État se cache derrière une façade démocratique de plus en plus fragile. La RCA est devenue le laboratoire d’une forme moderne de dictature, où la force brute remplace le droit sous couvert de restauration de l’autorité de l’État.

 

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