Kémo – Nana-Gribizi : interview exclusive sur les 16 millions, les pressions politiques et les danses de ventre des sorciers

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Kémo – Nana-Gribizi : interview exclusive sur les 16 millions, les pressions politiques et les danses de ventre des sorciers

 

 

Kémo – Nana-Gribizi : interview exclusive sur les 16 millions, les pressions politiques et les danses de ventre des sorciers
Le ministre centrafricain de l’énergie, Bertrand Arthur Piri dans le studio de sa radio privée

Rédigé le 20 décembre 2025 .

Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC). 

 Dans la Kémo et la Nana-Gribizi, une liste de 73 noms circule avec un chiffre précis : 16 650 509 francs CFA collectés pour la campagne de Faustin-Archange Touadéra. Pendant que les populations de Sibut, Kaga-Bandoro, Mbrès, Dékoa, Mala et Ndjoukou vivent sans routes, sans hôpitaux équipés et sans écoles fonctionnelles, des cadres et fonctionnaires originaires de ces préfectures ont cotisé pour financer des cérémonies politiques et des démonstrations de loyauté. En plus, à  l’approche du rassemblement du 13 décembre à Sibut, des candidats indépendants disent subir des pressions administratives, être contraints de cotiser eux-mêmes et de participer à des « danses de ventre » politiques pour afficher une allégeance forcée au pouvoir. Junior Balekouzou, natif de Sibut,  s’exprime dans une interview exclusive à CNC.

 

 

Corbeau News Centrafrique (CNC) : Bonjour Monsieur Junior Balekouzou.

 

Junior Balekouzou : Bonjour, merci de me donner la parole.

 

CNC : Monsieur Balekouzou, avant d’entrer dans le fond, comment analysez-vous globalement le climat politique actuel dans les préfectures de la Kémo et de la Nana-Gribizi ?

 

Balekouzou : C’est un climat marqué par la peur, la pression administrative et une confiscation de l’espace politique. Les populations et les acteurs ne s’expriment plus librement. Tout est orienté vers la glorification du pouvoir en place, au détriment des besoins réels des populations.

 

CNC Une lettre ouverte accuse des cadres originaires de ces préfectures d’avoir cotisé plus de 16 millions de francs CFA pour la campagne du président Touadéra. Que vous inspire cette information ?

 

Junior Balekouzou : Cela confirme une réalité connue : ces cadres ont des moyens, des réseaux et une capacité de mobilisation financière. Le problème n’est pas la cotisation en elle-même, mais le choix des priorités. Pendant que les villages manquent d’écoles, de routes et d’hôpitaux, cet argent est dirigé vers une campagne politique d’un Président qui devient de plus en plus un grand dictateur.

 

CNC :  Certains parlent d’un mépris assumé envers les populations locales. Partagez-vous ce point de vue ?

 

Junior Balekouzou : Oui. Quand on peut réunir plus de 16 millions pour accueillir un président, mais qu’on ne trouve rien pour équiper un hôpital ou payer des enseignants, c’est un message clair envoyé aux populations : elles ne comptent pas.

 

CNC :  au-delà de ces cotisations, des informations font état de pressions exercées sur des candidats indépendants, notamment en vue du rassemblement du 13 décembre dernier à Sibut. Que savez-vous de cette situation ?

 

Junior Balekouzou : Les faits sont graves. Des sous-préfets ont reçu des instructions pour contraindre tous les candidats indépendants à se  rallier au MCU. Ceux qui refusent sont menacés de représailles administratives et sécuritaires. Ce n’est plus de la politique, c’est de l’intimidation organisée.

 

CNC : Ces candidats seraient même obligés de financer eux-mêmes leur déplacement pour aller participer à ce rassemblement…

 

Junior Balekouzou : Exactement. On les force à cotiser, à se déplacer , à aller danser  comme des sorciers devant le chef de l’État pour montrer une loyauté forcée. Ce sont des pratiques humiliantes, indignes d’un processus électoral normal.

 

CNC : Vous parlez de « danse des sorciers ». Est-ce ainsi que vous interprétez ces rassemblements politiques ?

 

Junior Balekouzou : Oui. Quand la participation n’est plus volontaire, quand elle est imposée par l’administration territoriale, ce n’est plus un soutien populaire. C’est une mise en scène destinée à faire croire que tout le pays adhère au régime.

 

CNC : Pour vous, ces pratiques relèvent-elles d’attaques directes contre la démocratie ?

 

Junior Balekouzou : Absolument. C’est une attaque contre la démocratie, contre la liberté de candidature et contre le pluralisme politique. Ceux qui organisent cela se comportent comme des voyous institutionnels, protégés par le pouvoir central.

 

CNC : En clair, vous accusez le gouvernement d’organiser ces pressions ?

 

Junior Balekouzou : Oui. Rien de tout cela ne se fait sans l’aval du sommet de l’État. Les sous-préfets ne prennent pas ce genre d’initiatives seuls. C’est une stratégie assumée pour verrouiller les élections et éliminer toute voix indépendante.

 

CNC : Un dernier mot, Monsieur Bakous.

 

Junior Balekouzou : Les populations de la Kémo et de la Nana-Gribizi ne sont pas dupes. Elles voient qui cotise, pour quoi, et contre qui. La peur peut forcer le silence, mais elle n’efface pas la mémoire collective.

 

CNC : je vous remercie monsieur Junior Balekouzou…

 

Junior Balekouzou : c’est à moi de vous remercier monsieur le journaliste.

 

Propos recueillis par Anselme Mbata….

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