Bangui, République centrafricaine, mercredi, 3 novembre 2021, 02:05:35 ( Corbeaunews-Centrafrique ). La journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes est l’occasion pour tous les journalistes présents en Centrafrique de faire le point sur leur situation, et de tirer le bilan des années passées qui ont malheureusement été bien lourdes dans le domaine de la sécurité des journalistes et reporters dans ce pays.
Pour rappeler les faits, en 2014, la journaliste française Camille Lepage est retrouvée assassinée dans le Nord-Ouest de la Centrafrique. En 2018, trois journalistes russes sont retrouvés criblés de balles à proximité de Bambari.
Ces événements qui ternissent clairement l’image de la Centrafrique, en contribuant à situer le pays à la 126ème place dans le classement mondial de la liberté de la presse, ne sont malheureusement que ceux qui ont déclenché une onde de choc dans la presse internationale. En effet, certains de ces événements notables semblent volontairement passés sous silence et étouffés pour des raisons éminemment politiques.
Par exemple, l’assassinat des trois journalistes opposés au gouvernement russe, n’a encore pas été élucidé, plus de deux ans après l’événement.
En effet, de nombreuses zones d’ombre subsistent, concernant le refus de l’entreprise WAGNER d’accueillir ces journalistes, qui enquêtaient justement principalement sur cette société. A noter que les biens de ces reporters n’ont pas été dérobés, ce qui exclut l’hypothèse d’un assassinat ayant pour but de les voler… Mais aussi pourquoi ces journalistes pourtant habitués des zones de conflits comme la Syrie où ils avaient déjà réalisés des reportages, n’ont pas su se protéger ici en Centrafrique, qui est tout de même un pays moins dangereux que la Syrie en pleine guerre contre des groupes terroristes.
Ces questions toujours en suspens laissent à penser que la seule erreur de ces journalistes professionnels a été de venir poser des questions sur une société puissante souhaitant rester discrète sur ses agissements et ses objectifs.
Cependant, ces événements cachent d’autres problèmes plus discrets. En effet la situation des journalistes centrafricains n’est pas plus agréable. Entre pressions et menaces des différents protagonistes actuellement présents, le journalisme en Centrafrique perd de plus en plus de son indépendance.
En 2019, un gendarme ouvre le feu sur un journaliste à Bouar, et deux reporters ont été violemment interpellés à Bangui.
Cette influence extérieure se remarque facilement : les médias souhaitant maintenir leur indépendance d’opinion sont rapidement victimes de commentaires haineux sur les réseaux sociaux afin de les faire taire. Alors que la presse écrite, plus vulnérable et sous influence, se résume bien souvent à des éditoriaux, des rumeurs ou des campagnes de calomnies.
Il est en effet simple de constater qui influence quel média, il suffit de regarder le changement de contenu des différents journaux ou pages d’informations sur internet. Il est aisé de remarquer que certains médias très investis dans l’indépendance de la Centrafrique par le passé, présentent depuis l’arrivée de la société WAGNER sur le territoire, le partenaire russe comme le sauveur d’une situation particulièrement complexe depuis de nombreuses années. Mais ces médias devraient se méfier de leur nouveau maître, car comme le dit un vieux proverbe, « un séjour dans l’eau ne change pas le tronc d’arbre en crocodile ».
Par Adama Bria
Journaliste rédacteur
Alain Nzilo
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