Incroyable, mais vrai : la Centrafrique marche à l’aveugle, l’État n’a plus de comptabilité publique depuis quatre ans
Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
La gestion des finances publiques en République centrafricaine a pris un nouveau tournant incroyable depuis 2020. Lors de l’émission “Face à face de la vérité” sur la télévision centrafricaine ce jeudi 16 janvier 2024, les invités ont dévoilé une information alarmante : la Centrafrique ne tient plus de comptabilité publique depuis 2020.
“Depuis le départ de l’agent comptable Béninois en 2015, la Centrafrique n’a plus de comptabilité publique. Nos recherches prouvent que cette situation dure depuis 2020”, a déclaré Dieudonné Ngoumbango, coordinateur des partis centristes, pendant le débat télévisé.
Le dysfonctionnement des organes de contrôle aggrave cette situation. Samuel Zoumbeti, ancien ministre aujourd’hui inspecteur d’État, raconte une anecdote édifiante : “Pour contrôler une structure, j’arrive en panne avec mon véhicule. Je dois demander au responsable que je contrôle de me raccompagner. Comment exercer notre autorité dans ces conditions ?”
Laurent Gomina Pampali, ancien ministre et ancien député, n’y va pas par quatre chemins : “Des voleurs en col blanc se pavanent en ville. Ils devraient être derrière les barreaux. C’est révoltant pour les citoyens honnêtes de la Centrafrique .”
“Regardez l’écart entre le train de vie des dirigeants de la Centrafrique et la misère du peuple. La bonne gouvernance en Centrafrique ? Parlons-en”, lance Gildas Benam, représentant du parti UNIR de l’ancien Premier ministre Dondra.
Des institutions vidées de leur substance
La création d’organes supplémentaires n’arrange rien. Dieudonné Ngoumbango, également président de l’Union pour le bien-être en Centrafrique (UNIBEC), est catégorique : “A quoi bon créer une Haute Autorité de la Bonne Gouvernance quand les organes de contrôle existants ne marchent pas ?”
Le dénuement des services publics saute aux yeux : “Les directeurs généraux des médias d’État n’ont même pas de voiture. Pendant ce temps, les ministres qui quittent leurs fonctions emportent tout le parc automobile”, dénonce un participant au débat.
Une jeunesse instrumentalisée
Samuel Zoumbeti pointe un autre problème de taille : “Des jeunes sont utilisés par le régime pour exiger la démission de tel ou tel ministre, pour faire des sit-in devant les structures de l’État. Un ministre de la Centrafrique ne se traite pas ainsi. Si un ministre a fauté, qu’on prenne la responsabilité de l’éjecter. On ne passe pas par les jeunes pour régler ça.”
“Nous, quand on était jeunes, ce n’était pas comme ça. On n’était pas là pour tenir le sac des grands hommes politiques. On apprenait à leurs côtés”, ajoute-t-il.
Les anciens responsables laissés pour compte
Le sort des anciens hauts responsables de la Centrafrique préoccupe aussi les participants. “Comment accepter de voir le ministre Pampali dans cet état, et bien d’autres encore ? En République Centrafricaine, au mètre carré, vous trouvez plusieurs anciens ministres. Qu’est-ce que l’État en fait ?”, s’indigne Samuel Zoumbeti.
Gildas Benam abonde dans ce sens : “Il faut un statut pour les anciens ministres et députés. Faisons honneur à ceux qui ont représenté valablement notre pays.”
L’argent public, nerf de la guerre
“Un État organisé structurellement ne peut pas être pauvre”, affirme Dieudonné Ngoumbango. “Quand vous consommez une bouteille de gasoil, l’État prend sa part. Vous prenez une bière, l’État prend sa part. Vous achetez un billet d’avion, l’État prend sa part. Ce qui nous rend pauvre aujourd’hui, ce qui fait que la population centrafricaine souffre, c’est la mauvaise gouvernance, la corruption, les détournements.”
Cette absence de traçabilité des comptes publics prend une dimension particulière alors que la Centrafrique vient d’adopter en 2023 une nouvelle Constitution qui permet au président Touadera, alias Baba Kongoboro, de briguer autant de mandats qu’il souhaite. Un changement constitutionnel que Gildas Benam qualifie de “non consensuel”, estimant que “le président n’a pas su ou n’a pas réussi à fédérer toutes les forces vives de la nation autour de cette initiative.”
En attendant, la République centrafricaine continue de fonctionner sans comptabilité publique, une situation qui, selon les participants au débat, ne peut qu’aggraver les problèmes de gouvernance dans un pays classé parmi les plus pauvres au monde.
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