Haut-Mbomou : une paix impossible sous la menace des armes des Wagner

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Dans le Haut-Mbomou, au sud-est du pays, la quête de paix est mise à l’épreuve par des violences armées, des ratissages et des tensions, démontre la conclusion de l’Émission Patara de la radio Ndékè Luka.
Le Haut-Mbomou, région du sud-est de la République centrafricaine (RCA), traverse une période d’insécurité avec des affrontements à Obo, Zémio, Mboki et Bambouti. Lors de l’émission Patara sur la radio Ndékè Luka, animée par Armando Yanguendji, trois intervenants ont exploré les causes de cette crise : Marcel Dimassé, ministre résident du Haut-Mbomou, Dieudonné Ngoumbango, président de la plateforme des partis centristes, et Michel Kombo-Yéki, ancien porte-parole du groupe Azandé Ani Kpi Gbé. Les discussions ont mis en lumière les obstacles à la paix, notamment les opérations militaires des Forces armées centrafricaines (FACA) et de leurs alliés russes, les tentatives de désarmement des miliciens Azandé, et l’absence de dialogue préalable, qui alimentent un climat de méfiance et de violence.
Une région sous tension militaire
Les violences dans le Haut-Mbomou ont été déclenchées par une tentative de désarmement des miliciens Azandé Ani Kpi Gbé au village de Komboly, entraînant plusieurs morts, des blessés et des centaines de déplacés. Kombo-Yéki a rapporté que les 200 miliciens formés et intégrés dans les FACA, dotés de numéros matricules, ont fui Zémio pour Obo, emportant leurs armes, après des ordres de désarmement qu’ils ont perçus comme une menace. Il a précisé que ces miliciens n’étaient pas impliqués dans l’attaque d’un convoi de la MINUSCA à Zémio, attribuée aux 4 800 autodéfenses non formées du groupe. « Les gens qui ont été formés n’étaient pas sur le lieu de l’attaque », a-t-il déclaré, dénonçant une confusion dans les cibles des opérations.
Les FACA, appuyées par les Russes, mènent des ratissages à Zémio et Mboki pour neutraliser les éléments armés ayant fui dans la brousse. Dimassé a décrit ces opérations comme nécessaires pour redéployer l’autorité de l’État, mais a reconnu des « cas de confusion » dans l’identification des combattants et des civils. À Mboki, un accrochage a causé la mort d’un civil et d’un ex-milicien, ainsi que l’incendie d’une vingtaine de maisons. À Zémio, un chef de village du secteur Faisan a été abattu par des FACA et des Russes après avoir tenté de fuir une interpellation, selon des sources locales.
Des exactions attribuées aux forces russes
Les forces russes, alliées du gouvernement, ont été accusées d’actes violents par les intervenants. Kombo-Yéki a affirmé : « Les Russes font ce qu’ils veulent », citant une intervention dans une église où deux éléments ont été extraits et tués. Il a ajouté que l’arrivée imminente d’un convoi russe a vidé Obo de ses habitants, par peur d’un désarmement forcé. Ngoumbango a corroboré ces accusations, déclarant : « Le gouvernement n’a pas de contrôle sur les Russes », et attribuant la fuite massive des populations, notamment vers la RDC, aux exactions russes. À Zémio, les autorités locales et les responsables russes ont appelé les déplacés à rentrer, mais la peur persiste, alimentée par l’assassinat du chef de village.
Dimassé a nié les exactions à Obo et Bambouti, affirmant que les opérations se concentrent à Zémio et Mboki. Il a expliqué que, dans un contexte de conflit, un individu fuyant un ordre d’arrêt peut être perçu comme une menace, justifiant certaines actions des forces déployées. Cependant, Ngoumbango a critiqué l’implication de policiers et de gendarmes dans des combats contre les autodéfenses dans la brousse, une pratique qui, selon lui, brouille les lignes entre forces de l’ordre et combattants.
Un dialogue entravé par la méfiance
Le gouvernement revendique un dialogue avec les Azandé, mais les efforts sont entravés par la méfiance et les opérations militaires simultanées. Dimassé a mentionné des discussions avec Kombo-Yéki et une initiative pour désarmer une centaine de jeunes à Obo, qui n’a pas abouti en raison des tensions. « Nous sommes sur la trajectoire du dialogue », a-t-il affirmé, précisant que le chef de l’État soutient cette approche. Cependant, Kombo-Yéki a conditionné sa participation à l’arrêt des opérations russes et à des garanties de sécurité, citant l’arrestation de quatre leaders du groupe et un mandat d’arrêt contre lui. « Si on m’arrête, qui va gérer le groupe ? » a-t-il interrogé.
Ngoumbango a déploré l’absence de dialogue préalable, déclarant : « Il fallait dialoguer en amont. » Il a critiqué la priorité donnée à la force, notant que les ratissages et les exactions ont poussé les populations à fuir, paralysant des villes comme Zémio. Kombo-Yéki a exprimé sa volonté de dialoguer pour une « paix durable », mais a insisté sur la nécessité de reconnaître les efforts des Azandé, qui ont « reconquis une préfecture ». Il a également signalé la présence continue de l’UPC dans la région, contredisant l’idée que ce groupe a été neutralisé.
Une population confrontée à la violence
Les violences ont profondément affecté les habitants du Haut-Mbomou. À Zémio, les activités sont paralysées, et une grande partie de la population s’est réfugiée en RDC ou dans l’église catholique. À Mboki, le calme est revenu, mais seule la moitié des magasins sont rouverts, et la tension persiste. À Obo, les services publics, les écoles et le marché ont repris, mais la peur d’un convoi russe a poussé les habitants à se retirer temporairement. À Bambouti, la population vaque à ses occupations, mais une réunion avec les FACA et la MINUSCA a été organisée pour rassurer la communauté.
L’émission a également rapporté la mort de cinq éléments des forces de l’ordre (un policier, deux FACA, deux gendarmes) dans une embuscade, ainsi que l’assassinat de deux présidents successifs de la Commission Paix, illustrant l’ampleur de la violence. Ngoumbango a qualifié la gestion de la crise d’« échec », soulignant que l’absence de stratégie communautaire et les exactions ont aggravé la situation. Dimassé a insisté sur la nécessité de désarmer les groupes armés pour instaurer la paix, tout en reconnaissant les défis posés par les déplacements de populations et la vulnérabilité des femmes, des enfants et des minorités….
CONTACTER CORBEAU NEWS CENTRAFRIQUE
Tel/ WhatsApp : +236 75 72 18 21
Email: corbeaunewscentrafrique@gmail.com
Rejoignez notre communauté
Chaine officielle du CNC
Invitation à suivre la chaine du CNC
Note : les deux premiers groupes sont réservés uniquement aux publications officielles du CNC