RFI / Corbeau News Centrafrique: 11-11-2014.
Une semaine cruciale commence aujourd’hui pour la Centrafrique, avec l’arrivée à Bangui d’une mission du FMI accompagnée des autres bailleurs internationaux. Principal enjeu : boucler le budget de l’Etat pour cette année et la suivante.
Dans cette Centrafrique où la paix est encore précaire, le budget 2014 n’a été voté qu’au mois de juin. Et pour 2015, on en est encore au stade du projet. Son montant, son contenu, seront discutés cette semaine avec les bailleurs, car sans l’aide internationale pas de salut. En début d’année, les pays voisins – le Congo-Brazzaville, la Guinée équatoriale, le Gabon, le Cameroun et bien sûr l’Angola – ont paré au plus pressé pour colmater les brèches.
L’Etat a commencé à respirer en juin quand ont été versés les 13 millions de dollars du FMI. Une première tranche dite de facilité de crédit rapide essentielle parce qu’elle déclenche l’assistance des autres bailleurs. En septembre, la Banque africaine de développement et l’Union européenne ont versé leur part (respectivement 11 et 16 milliards de francs CFA). La Banque mondiale est intervenue dès avril pour payer les salaires des fonctionnaires, au même moment la France a effacé les arriérés de paiement de la Centrafrique auprès du FMI, c’était un préalable impératif pour que le fonds puisse débloquer sa fameuse facilité.
Quelle est la priorité pour 2015 ?
2015 c’est l’année de tous les dangers, selon l’un des participants. Dans ce pays fragile où doivent être organisées des élections, il faut à tout prix limiter les risques d’explosion sociale. Le premier poste à couvrir c’est donc celui des salaires des fonctionnaires. De source centrafricaine, les aides déjà reçues couvrent les traitements de janvier et une partie de février, mais il faut trouver de l’argent frais pour la suite.
Les bailleurs réunis cette semaine vont déterminer les besoins les plus urgents et se répartir les différents postes en fonction de leur savoir-faire et de leurs moyens. Les voisins africains pourraient être à nouveau sollicités directement par Bangui, mais ce n’est pas du ressort des bailleurs internationaux qui ont d’ailleurs moyennement apprécié la rocambolesque aide angolaise fournie en espèces. De source diplomatique, une partie des 10 millions de dollars fournis par l’Angola a été dûment inscrite dans les comptes et utilisée pour payer du matériel informatique, une autre partie aurait servi à « acheter la paix », une dépense au résultat peu probant à ce jour. Pour 2015, le FMI estime à 80 milliards de francs CFA les besoins de financement de l’Etat.
Quelles sont les ressources propres de la République centrafricaine ?
Pour cette année, l’Etat avait misé sur des recettes internes de 62 milliards de francs CFA. Mais en septembre, seulement 24 milliards étaient rentrés dans les caisses, essentiellement des taxes douanières. Le pays est considéré comme le plus pauvre au monde dans le dernier classement du FMI.
En 2013, avec la guerre civile, son Produit intérieur brut a reculé de 25 à 30 %. Il croît à nouveau, mais la machine économique a besoin d’un coup de pouce. Une partie de l’aide de la France a permis d’effacer l’ardoise de l’Etat auprès des entreprises privées. Les comptes maintenant apurés, d’autres programmes ont été lancés pour irriguer l’activité.
Ce sont par exemple les chantiers à haute intensité de main d’oeuvre, comme les travaux de modernisation de l’aéroport de Bangui lancés il y a quelques jours avec l’Agence française de développement ou encore la reconstruction des quartiers dévastés de Bangui financés cette fois par le fonds Bekou, un fonds qui draine les aides européennes. Bekou qui veut dire espoir en langue sango.
RFI