Le Sango, unique langue nationale de Centrafrique, réputé l’une des deux langues officielles du pays, peine en effet à s’imposer comme véhicule de communication, dans toutes les sphères de l’administration publique, ainsi qu’au sein des institutions politiques, où le français, langue de l’ex colonisateur, semble être l’outil de préférence le mieux adapté, pour s’exprimer et se faire comprendre.
Cette diglossie, ainsi que l’appellent les linguistes, pour signifier la prédominance d’une langue concurrente sur l’autre, se traduit et se comprend dans le cas de la Centrafrique, du fait que le Sango, bien que parlé par la majorité des populations, est moins valorisé et surtout pas enseigné à l’école. A contrario, le français, utilisé par moins de 25% de Centrafricains représentant l’ensemble des personnes scolarisées en RCA, bénéficie pour ainsi dire, d’un traitement de faveur.
Dès lors, se pose à tous les niveaux, la problématique de la vulgarisation du Sango par tous les moyens, principalement celui de l’enseignement, du fondamental primaire au supérieur post bac et à l’université, en passant par le secondaire. Tout compte fait, et on ne le dira jamais assez, la langue Sango, est et demeure, d’une part, l’un des facteurs principaux d’unité nationale de la Centrafrique, et d’autre part, un des éléments caractéristiques sans doute le plus original de la Centrafricanité, c’est-à-dire de l’identité centrafricaine, en tant que valeur de cohésion, et socle sur lequel se fonde le nationalisme centrafricain.
Cependant, les régimes se succèdent sans que les autorités ne semblent manifester clairement la volonté politique de redonner au Sango ses lettres de noblesse, et le valoriser comme langue d’acquisition du savoir et des connaissances. Signalons au passage que le Sango si négligé en RCA, reste en Afrique, avec le malagasy parlé au Madagascar, les seules langues utilisées sur toute l’étendue du territoire de leur pays respectif.
A titre de comparaison, le Cameroun voisin, possède deux langues officielles importées, que sont le français et l’anglais. Sur plus de deux cents ethnies que compte ce pays, chacune a recours à son dialecte propre pour s’exprimer et se faire comprendre. Cet état de chose, pose souvent d’énormes difficultés de communication entre les citoyens d’un même pays, et expose par ailleurs à des conflits internes qui n’ont pas lieu d’être.
La langue Sango, véritable richesse culturelle du patrimoine national centrafricain, devra absolument être privilégié, réhabilité et rehaussé au niveau qui doit être le sien. Et s’il en était encore besoin, l’histoire présente et celle toute récente de la RCA, suffit largement à rappeler aux plus sceptiques, combien le Sango peut unir les Centrafricains et servir d’armes de défendre contre les visées de l’ennemi, le conquérant et l’envahisseur.
Wilfried Maurice SEBIRO