Et si la mobilisation générale de la presse sénégalaise pouvait inspirer en Centrafrique…
Face aux pressions fiscales et aux tentatives d’intimidation diverses exercées par le pouvoir de Diomaye Faye, la presse sénégalaise se montre plus que mobilisée. Elle a organisé une « journée sans presse » le mardi 13 Aout dernier. Si celle-ci a été largement suivie, on est tenté de se demander si les hommes de médias centrafricains pourraient s’inspirer du modèle de leurs confrères sénégalais, en exprimant clairement leurs positions alors que l’Etat se refuse à leur verser les subventions annuelles, pourtant inscrites dans le budget national, ce, au titre de chaque année.
Bangui, 18 août 2024.
Par Ben Wilson NGASSAN (Editorialiste et journaliste indépendant).
L’occasion peut aussi faire le larron. Si l’actualité sénégalaise est marquée ces derniers jours par le bras de fer entre la presse et les autorités nouvellement élues, l’on ne peut s’empêcher de porter un regard analytique sur la situation plus que catastrophique dans laquelle vivent les hommes de médias centrafricains.
Le Président Touadéra, sur proposition du ministre de la communication Maxime Balalou, a beau organisé ces derniers jours ce qu’il qualifie de « déjeuner de presse », seulement, malgré la « grande fête » et les quelques pas de danse esquissés par le numéro un centrafricain lors de cette rencontre, rien n’occulte le difficile quotidien des hommes de médias centrafricains qui broient le noir depuis bientôt trois ans, sans subventions de l’Etat.
Les responsables des médias privés ont beau interpellé le ministre de tutelle sur cette situation économique exécrable, celui-ci n’a fait que rappeler des promesses toujours loin d’être tenues. Si cela ne frise pas un manque de respect pour les professionnels de médias, c’est certainement l’identité remarquable du pouvoir de Touadéra, basé sur le mensonge, les intimidations et le déni. Qui donc pour sauver les médias centrafricains ?
Si l’on parle, ici, de subventions de l’Etat, l’on ne fait guère appel à une aumône qui conditionne la main qui reçoit. Il s’agit là d’un droit auquel les entreprises de presse doivent se prévaloir. Et cela est inscrit en noir sur blanc sur le budget de l’Etat. Même si l’on peut reprocher d’une certaine façon au régime Bozizé sa phobie pour la presse, l’on se souvient bien qu’à l’époque du « général putschiste », les structures médiatiques percevaient bien leurs subventions, même si celles-ci restent insignifiantes.
Or, force est de constater que depuis son accession au pouvoir, l’administration Touadéra s’est systématiquement donnée pour mission de « sevrer » la presse des subventions que verse l’Etat. Cependant, à l’opposé, de nombreuses entreprises de presse en Centrafrique paient régulièrement leurs impôts. Demandez aux responsables des quotidiens « Le Démocrate », « Le Citoyen » ou encore « L’Hirondelle ».
Il est souvent curieux d’entendre les observateurs porter des critiques sévères contre les médias centrafricains : « partisans », « peu fiables », « peu crédibles », les présente-t-on, cependant, personne n’ose poser le vrai débat sur ce qui est du modèle économique de ces entreprises de presse dans une Centrafrique où l’économie est en lambeaux et/ou l’Etat ne fait absolument rien pour rendre propice le climat d’affaires.
L’on peut beau se « décharger » sur les actuels tenants du pouvoir quant à leur manque criant de considération envers la presse et les journalistes, mais c’est à se demander aussi si les journalistes se prennent déjà au sérieux pour mériter le respect auxquels ils ont droit dans une société dite démocratique.
Dans les Etats « normaux », les journalistes sont les baromètres de la démocratie et de l’Etat de droit. Inutile de rappeler le rôle o combien louable assuré par les médias sénégalais dans la dernière alternance démocratique dans cet Etat frère.
Excusez du peu ce qu’on qualifiera de « crise de lèse-majesté » dans cette tribune, notre seule motivation est de renvoyer chacun à ses responsabilités dans cette Centrafrique que nous voulons tous juste et prospère. Que Dieu veille sur notre Nation !
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