Entre autocratie et chaos  en Centrafrique : Touadéra face au miroir de ses promesses

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Entre autocratie et chaos  en Centrafrique : Touadéra face au miroir de ses promesses

 

Entre autocratie et chaos en Centrafrique : Touadéra face au miroir de ses promesses
Prestation de serment du Président Touadera le 30 mars 2021 à l’assemblée nationale à Bangui

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 À l’approche des élections de décembre 2025, le président Faustin-Archange Touadéra se trouve à un tournant décisif de son mandat. Élu en 2016 sur la promesse d’un retour à l’ordre constitutionnel et d’une relance économique, il incarne aujourd’hui, pour les centrafricains, une dérive autoritaire qui menace de replonger le pays dans l’instabilité. Entre une nouvelle Constitution controversée, un refus obstiné du dialogue inclusif et une gestion du pouvoir jugée opaque, Touadéra fait face à un dilemme : persévérer dans une logique autocratique ou répondre aux attentes d’une population épuisée par des décennies de crises. Le miroir de ses engagements initiaux reflète-t-il encore une vision d’avenir, ou simplement les ombres d’un régime en quête de survie ?

 

Touadéra , des promesses d’espoir à l’ombre de la Constitution

 

Lors de son accession au pouvoir en 2016, Touadéra portait l’espoir d’une rupture avec les cycles de violence et de mauvaise gouvernance qui ont marqué l’histoire récente du pays. Le retour à l’ordre constitutionnel, après des années de transition chaotique, devait ouvrir la voie à une reconstruction nationale. Pourtant, près d’une décennie plus tard, cet espoir s’est étiolé. Dans son édition du 21 février 2025, Le Citoyen Nº8179 dresse un constat sévère : la nouvelle Constitution de 2023, perçue par l’opposition comme « taillée sur mesure » pour prolonger indéfiniment le règne de Touadéra, est devenue le symbole d’une rupture avec les idéaux démocratiques. Qualifiée de « discriminatoire » et de « dénégation de la démocratie » par les opposants, elle cristallise un mécontentement croissant.

 

Ce texte, loin de fédérer, divise. L’opposition, réunie au sein du Bloc républicain pour la défense de la Constitution (BRDC), y voit une tentative de verrouiller le pouvoir, au mépris des principes d’alternance. « Ce qui a aggravé la situation, c’est la nouvelle Constitution », note Le Citoyen, pointant un « nœud gordien » qui oppose un régime inflexible à une opposition déterminée à imposer un dialogue inclusif. Les promesses de transparence et de stabilité de Touadéra  semblent s’effacer derrière une majorité accusée d’user de « tous les subterfuges » pour se maintenir, une critique qui résonne comme un écho amer des ambitions initiales de Touadéra.

 

Le refus du dialogue : une autocratie en gestation ?

 

Au cœur des tensions actuelles figure le rejet par le pouvoir de Touadéra  d’un dialogue politique inclusif, exigé par l’opposition comme préalable à des élections crédibles. Bozizé, depuis son exil en Guinée-Bissau, martèle dans Le Citoyen une mise en garde sans équivoque : sans dialogue, les « élections au forceps » risquent de provoquer une « grave crise ». Cette position, partagée par une frange significative de la classe politique, contraste avec l’attitude des alliés de Touadéra, qui jugent le débat clos depuis le dialogue républicain – une initiative boycottée par le BRDC pour son manque de légitimité.

 

Ce refus d’ouverture, qualifié par le journal de « repli sur soi », trahit une stratégie de Touadéra  qui privilégie le contrôle à la concertation. Soutenu par les Forces armées centrafricaines (FACA) et leurs alliés russes du groupe Wagner, le régime semble miser sur la force plutôt que sur le consensus. « La vertu du dialogue permet de créer les conditions de l’entente mutuelle, sans avoir à recourir à toutes formes de violence », rappelle Le Citoyen* citant une réflexion qui sonne comme un reproche implicite à Touadéra. En fermant la porte à une table ronde incluant toutes les tendances, y compris les groupes rebelles, le président s’expose à l’accusation d’instaurer une autocratie déguisée sous les apparences d’une légalité constitutionnelle.

 

Un chaos en embuscade

 

Si l’autocratie est une menace, le chaos n’est jamais loin. Le souvenir des élections contestées de 2005 et celle de 2011, suivies d’une guerre civile dévastatrice, plane comme une ombre sur le scrutin à venir. Bozizé, dans une déclaration rapportée par La Cible et reprise par Le Citoyen, avertit que « les mêmes causes produiront à terme les mêmes effets ». Sans dialogue inclusif, le risque d’une rechute dans la violence est palpable, dans un pays où les groupes armés restent prêts à en découdre, comme le souligne le journal : « Les groupes rebelles ont toujours l’arme au pied ».

 

Les initiatives économiques, comme le lancement du « Mémé-Coin » ou les appels à un Plan national de développement, ne suffisent pas à masquer cette fragilité. Alors que 70 % des ménages vivent dans l’extrême  pauvreté, selon une étude de la banque mondiale citée dans *e Démocrate Nº5833 du 21 février 2025, la mobilisation de jeunes pour des marches de soutien à un troisième mandat de Touadéra, financées par des « sommes maigres », apparaît comme une tentative cynique d’exploiter la misère plutôt que de la résoudre. Les promesses de relance économique se heurtent à une réalité brutale : sans stabilité politique, elles restent des vœux pieux.

 

Touadéra à la croisée des chemins

 

Face à ce tableau, Touadéra se trouve confronté à ses propres engagements. L’homme qui promettait la paix et la prospérité doit désormais répondre aux critiques d’un pouvoir qui, pour beaucoup, a trahi ses idéaux. L’opposition appelle la communauté internationale à intervenir pour imposer un dialogue, mais les « effets d’annonce » du gouvernement, dénoncés dans *Le Citoyen*, laissent planer le doute sur sa volonté de changer de cap. Entre le confort d’une autocratie naissante et le spectre d’un chaos imminent, le président doit choisir.

 

Le miroir de ses promesses renvoie aujourd’hui une image troublée. La question n’est plus seulement de savoir si Touadéra peut encore incarner l’espoir de 2016, mais s’il est prêt à affronter les conséquences d’un entêtement qui pourrait coûter cher à un pays déjà à bout de souffle. La réponse, à dix mois des élections, reste suspendue – entre autocratie et chaos.

 

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