Ecobank-Centrafrique : entre l’escroquerie et la négligence, les clients se plaignent.
Bangui, le 23 juin 2017.
Par : Gisèle MOLOMA, CNC.
Si ailleurs les clients sont rois dans une république des employés, en Centrafrique, pays de paradoxe et d’anomalie, ce sont plutôt les employés qui sont des rois dans leur république et les clients leurs sujets. Une république d’exemple des pratiques commerciales uniques sur la planète. Écobank Centrafrique, l’une des pionnières en la matière, n’hésite pas à sortir toutes ses griffes sur ses propres clients. . A cela s’ajoutent les caprices ou les dysfonctionnements non maîtrisés des machines. Reportage !
« Que vous soyez clients ou pas de l’Ecobank, une fois arrivé dans l’une de leurs agences à Bangui, vous serez immédiatement frappé de colère ». Avance un jeune étudiant de l’Université de Bangui. En cause, les longues files d’attente pour arriver à la caisse et ressortir bredouille ou sans solution.
C’est le quotidien des clients Ecobank Centrafrique. Tous les matins, des gens s’entassent à l’entrée comme à l’intérieur dans une bousculade permanente pour se frayer un chemin menant au guichet ou aux comptoirs. D’autres clients plus âgés comme certains retraités ou les femmes qui n’ont pas de force pour mener ce combat quotidien, préfèrent aisément se coucher sous la terrasse de l’agence sur des pagnes ou autres qu’ils mettent à même le sol en attendant une hypothétique baisse d’affluence de la journée.
Cette souffrance palpable des clients de cette banque panafricaine Ecobank démontre clairement, sans même se pencher sur une analyse poussée, qu’il y a un manque cruel d’organisation et de la prise en compte de la valeur que représente un client pour une banque.
« Nous pensons que ce ne sont pas tous les clients qui sont rois » nous a confié un cadre de l’Ecobank de passage à Bangui.
Même son de cloche du côté d’un agent commercial de l’Ecobank Centrafrique qui nous disait que les employés des banques en Centrafrique gèrent au quotidien tous les problèmes du gouvernement avec ses fonctionnaires. « Cette façon de faire du gouvernement d’imposer aux banques de son choix les noms des fonctionnaires pour leur paye remet en cause la politique commerciale de certaines banques qui ne veulent pas de “petits clients” et génère des conflits qu’il faut quotidiennement résoudre».
Et les machines qui endommagent les clients ?
Si les souffrances physiques des clients sont visibles à l’œil nu, celles-ci cachent par contre une autre beaucoup plus choquante liée directement aux portefeuilles des clients.
Selon une enquête CNC, c’est cette souffrance qui est intenable pour les clients et les pousse à quitter l’Ecobank. D’après eux, l’Ecobank pratique deux systèmes mafieux : les disparitions subites des fonds sur les comptes et le non-virement des chèques remis.
Un sondage CNC réalisé auprès des clients d’Ecobank montre que 2 clients sur 3 n’arrivent pas à se faire servir au guichet pour différentes raisons évoquées dont les signatures non conformes, les disfonctionnements et les problèmes chroniques du réseau; Par contre 3 clients sur 4 ont évoqué le problème des distributeurs automatiques de billets (DAB) appelés en Centrafrique Guichets Automatiques de Banque en initial GAB qui débitent automatiquement et frauduleusement les comptes des clients et confisquent leurs argents en plus.
Des situations très difficiles pour les clients les moins fortunés, reconnaît un commercial sans autre commentaire.
« Les problèmes viennent de loin, car nous sommes aussi gérés de loin » avance un technicien.
En attendant, les clients continuent leur difficile chemin de croix avec Ecobank dans l’espoir d’un changement dans le futur. Et dans tous les cas, faut-il le rappeler, le client est comme le Soleil et l’entreprise comme Ecobanck la Terre. “Si demain le Soleil disparaît, c’est au tour de quoi que gravitera la Terre ?”
Rappelant que dans d’autres banques de la place, les clients ne sont pas tout aussi traités mieux qu’à l’Ecobank. C’est leur influence sur ce marché, qui rend inaudibles leurs dégâts.
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