Quatre médicaments ont été testés sur des patients en République démocratique du Congo, un pays d’Afrique centrale touchée par une épidémie majeure d’Ebola.
Plus de 90 % des personnes infectées peuvent survivre si elles sont traitées rapidement avec les médicaments les plus efficaces, selon la recherche.
Les médicaments seront désormais utilisés pour traiter tous les patients atteints de la maladie en RDC, selon les autorités sanitaires.
Les médicaments, appelés REGN-EB3 et mAb114, agissent en attaquant le virus Ebola avec des anticorps, neutralisant ainsi son impact sur les cellules humaines.
L’Institut national des allergies et des maladies infectieuses des États-Unis (NIAID), qui a coparrainé l’essai, a déclaré que les résultats sont “une très bonne nouvelle” pour la lutte contre Ebola.
Ce sont les “premiers médicaments qui, dans une étude scientifiquement fondée, ont clairement montré une diminution significative de la mortalité” chez les patients Ebola, a déclaré le Dr Anthony Fauci, directeur du NIAID.
REGN-EB3 et mAb114 ont été mis au point à partir d’anticorps prélevés sur des survivants d’Ebola.
La maladie qui a déjà frappé la République démocratique du Congo auparavant, a fait plus de 1.800 personnes lors de la dernière résurgence en cours.
Deux autres traitements, appelés ZMapp et Remdesivir, ont été retirés des essais parce qu’ils se sont avérés moins efficaces.
Quels ont été les résultats de l’essai ?
L’essai, mené par un groupe de recherche international coordonné par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a débuté en novembre dernier.
Depuis lors, quatre médicaments expérimentaux ont été testés sur environ 700 patients, les résultats préliminaires des 499 premiers étant désormais connus.
Parmi les patients ayant reçu les deux médicaments les plus efficaces, 29% sous REGN-EB3 et 34% sous mAb114 sont morts, selon le NIAID.
En revanche, 49% sous ZMapp et 53% sous Remdesivir sont morts dans l’étude, selon l’agence.
Le taux de survie des patients ayant de faibles taux de virus dans le sang atteignait 94 % lorsqu’ils recevaient REGN-EB3, et 89 % lorsqu’ils prenaient du mAb114, selon l’agence.
Selon Sabue Mulangu, chercheur en maladies infectieuses qui a participé à l’essai, les autorités sanitaires peuvent “souligner aux gens que plus de 90 % d’entre eux survivent” s’ils sont traités tôt.
Quel impact pourrait avoir les médicaments ?
Saluant le succès de l’étude, Jeremy Farrar, directeur de l’organisation caritative Wellcome Trust Global Health, a déclaré que les traitements “sauveraient sans aucun doute des vies”.
Les résultats, a dit M. Farrar, indiquent que les scientifiques se rapprochent de la transformation d’Ebola en une maladie “évitable et traitable”.
“Nous ne nous débarrasserons jamais d’Ebola, mais nous devrions être en mesure d’empêcher ces épidémies de se transformer en grandes épidémies nationales et régionales”, a-t-il ajouté.
Le sentiment qu’Ebola est incurable, associé à une méfiance généralisée à l’égard du personnel médical en RDC, a entravé les efforts visant à enrayer la propagation de la maladie.
On espère que l’efficacité des médicaments, fabriqués par des firmes pharmaceutiques basées aux États-Unis, permettra aux patients de se sentir “plus à l’aise pour se faire soigner rapidement”, a déclaré le Dr Fauci.
Mais la meilleure façon de mettre fin à l’épidémie, a-t-il ajouté, c’est “avec un bon vaccin”, le moyen le plus sûr de lutter contre une maladie à titre préventif.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) affirme que les vaccins mis au point pour se protéger contre le virus Ebola, qui sont autorisés pour un “usage compassionnel” avant leur homologation officielle, se sont révélés très efficaces.
Quelle est la gravité de l’épidémie en RD Congo ?
L’épidémie actuelle dans l’est de la RDC a commencé en août de l’année dernière et est la plus importante des 10 épidémies qui ont frappé le pays depuis 1976, date à laquelle le virus a été découvert pour la première fois.
En juillet, l’OMS a déclaré que l’épidémie d’Ebola dans le pays est une “urgence de santé publique internationale”.
Mais elle est éclipsée par l’épidémie ouest-africaine de 2014-2016, qui a touché 28.616 personnes, principalement en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone.
Environ 11.310 personnes sont mortes dans ce qui a été la plus grande flambée du virus jamais enregistrée.
Toutefois, les tentatives visant à contenir la dernière épidémie s’avèrent difficiles.
En particulier, la violence des milices et la suspicion à l’égard de l’assistance médicale étrangère ont entravé les efforts.
Plus tôt ce mois-ci, trois médecins congolais ont été arrêtés en RDC pour le meurtre d’un médecin de l’OMS.
Environ 200 établissements de santé ont été attaqués dans le pays cette année, ce qui a perturbé les vaccinations et les traitements.
Il y a eu aussi un cas où des membres d’une famille avaient agressé des agents de santé qui supervisaient l’inhumation de leur parent.
Une étude publiée en 2018 dans la revue médicale Lancet indique que “la croyance en la désinformation était répandue” concernant l’épidémie d’Ebola.
©BBC