Drame des pesticides dans Lim-Pendé : 17 morts en 3 mois, le service de cantonnement forestier de Ngaoundaye sensibilisent sur les dangers des herbicides toxiques
Bangui, CNC. Le service du cantonnement forestier de Ngaoundaye tire la sonnette d’alarme sur l’utilisation excessive de produits chimiques agricoles dans la préfecture de Lim-Pendé. Cette pratique, généralisée depuis deux décennies, entraîne des dégâts environnementaux et sanitaires sans précédent.
Une pratique destructrice bien ancrée
Dans les localités de Ndim, Mann, Ngaoundaye et Bang, situées à plus de 480 km au nord-ouest de Bangui, les agriculteurs ont adopté une méthode qui évite le désherbage manuel. “Les cultivateurs utilisent d’abord un herbicide puissant pour détruire toute végétation avant les semis. Puis ils appliquent un second produit nommé ‘Dragon’ pour empêcher la repousse des mauvaises herbes pendant la croissance des cultures”, détaille Mathias Sorohoul, un agent d’agriculture à Ndim.
Cette technique, apparue en 2003, s’est rapidement propagée dans toute la région. Les agriculteurs l’appliquent pour diverses cultures : manioc, maïs, haricots et autres produits vivriers qui constituent la base alimentaire locale.
À Ngaoundaye, des conséquences alarmantes
L’impact sur l’environnement devient visible et inquiétant. “Même en pleine saison des pluies, nos terres ressemblent à des zones désertiques. Les manguiers perdent leurs feuilles comme en saison sèche, et les murs de nos maisons se fissurent”, témoigne Joseph Mbari, un habitant du village de Ndim.
Plus inquiétant encore, ces produits affectent directement la santé des populations. Le service sanitaire local a enregistré au moins dix-sept décès ces trois derniers mois, possiblement liés à l’exposition à ces substances toxiques. “Ces produits chimiques s’infiltrent dans les nappes phréatiques et contaminent l’eau de consommation”, alerte le service Cantonnement de Ngaoundaye.
Une campagne de sensibilisation d’envergure
Pour enrayer ce phénomène, le service forestier de Ngaoundaye déploie une stratégie de sensibilisation à grande échelle. “Notre objectif est d’informer les populations sur les dangers de ces pratiques et de proposer des alternatives écologiques”, explique au micro du CNC le chef du cantonnement forestier de Ngaoundaye.
Les agents forestiers organisent des réunions dans chaque village pour démontrer les méthodes traditionnelles de culture et expliquer les avantages du compostage naturel. “Nous devons convaincre les agriculteurs que le retour aux pratiques ancestrales préservera leur santé et la fertilité des sols”, poursuit notre interllocuteur.
Vers des solutions durables
La préfecture de Lim-Pendé envisage plusieurs mesures pour accompagner cette transition :
– Formation aux techniques d’agriculture biologique
– Distribution de matériel de désherbage manuel
– Création de comités villageois de surveillance
– Mise en place d’un système d’alerte pour signaler l’utilisation d’herbicides
“Le changement prendra du temps, mais c’est vital pour l’avenir de notre région”, souligne l’adjoint au maire de Ngaoundaye. Les autorités locales prévoient un délai de cinq à dix ans pour observer les premiers résultats significatifs de cette campagne.
Le défi reste considérable dans cette région où l’agriculture représente la principale activité économique. La réussite de cette initiative dépendra de l’adhésion des populations et du soutien continu des autorités nationales pour promouvoir une agriculture respectueuse de l’environnement.
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