Doungous Assane Algor Boris, un Daniel Nzéwé en miniature, a été pris en flagrant délit par les forces de l’ordre
Par la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique.
Une nouvelle affaire de falsification de documents officiels vient d’être découverte à Bangui, dévoilant l’ampleur si préoccupante du phénomène des faux en écriture publique en République centrafricaine. Cette fois-ci, c’est une tentative d’escroquerie visant l’ONG World Vision qui a été déjouée par les Forces de l’ordre, et l’auteur, Doungous Assane Algor Boris, a été interpellé.
Un réseau structuré de faussaires
Au cœur de cette criminalité organisée se trouve Daniel Nzéwé, un grand mafieux et “grand faussaire de Bangui”. Membre du parti présidentiel MCU, il est à l’origine de falsification et imitation des signatures de plusieurs hauts responsables, notamment celle du directeur du cabinet de la présidence, permettant ainsi d’escroquer plus de 3 milliards de francs CFA à des investisseurs étrangers. Bien qu’arrêté récemment par la section de recherche et d’investigation de la Gendarmerie, il a été libéré sur décision présidentielle, illustrant selon certains observateurs une “consécration de l’impunité”.
L’arrestation de Doungous Assane Algor Boris
Dans le sillage de la libération très contestée de Daniel Nzéwé de la SRI, une nouvelle affaire vient d’éclater impliquant la falsification d’un document attribué au Premier ministre.
En effet, vendredi matin, les forces de l’ordre ont appréhendé Doungous Assane Algor Boris, père de quatre enfants, au terme d’une opération minutieusement préparée
. Depuis plusieurs semaines, le suspect adressait des correspondances à diverses organisations internationales, notamment World Vision et le Programme Alimentaire Mondial (PAM), en imitant la signature et le cachet du Premier ministre pour solliciter son recrutement comme comptable.
Le stratagème de Doungous Assane Algor Boris a été découvert lorsque World Vision a contacté le cabinet du Premier ministre pour vérification. La réponse de l’ONG, datée du 11 novembre 2024, rappelle que leurs processus de recrutement suivent des procédures transparentes et équitables, excluant toute intervention extérieure. Grace à la correspondance de l’ONG au cabinet du premier ministre Félix Moloua, le Colonel Ministre conseiller Défense et Sécurité à la Primature s’est personnellement déplacer sur le lieu et charger de l’affaire. Une stratégie a été mise en place : le suspect Doungous Assane Algor Boris a été contacté par téléphone sous prétexte que son dossier avait été retenu et qu’il devait se présenter pour un entretien. C’est lors de cette prétendue convocation qu’il a été interpellé.
La multiplication des usurpations d’identité
L’affaire Doungous Assane Algor Boris n’est pas l’unique cas de la fausseté dans le pays. Un récent incident a particulièrement marqué les esprits : l’arrestation d’un faux douanier au marché Gobongo qui, revêtu d’un uniforme complet avec képi et galons, sillonnait les marchés de Bangui pour extorquer de l’argent aux commerçants et boutiquiers. Cette usurpation d’identité témoigne de l’audace croissante des escrocs et de la fragilisation de l’autorité de l’État.
Dans un autre cas troublant, un individu s’est emparé de l’uniforme de police de son oncle pour commettre des cambriolages. Son arrestation a eu lieu dans des circonstances rocambolesques : surpris par des enfants alors qu’il fouillait une chambre, il a été appréhendé grâce à l’intervention des voisins alertés par les cris. Lors de son interrogatoire, il a avoué avoir utilisé l’uniforme pour faciliter ses activités criminelles, comptant sur l’autorité que confère la tenue policière pour éviter les soupçons.
Ces incidents révèlent une tendance inquiétante à l’usurpation des symboles de l’autorité publique, fragilisant la confiance des citoyens envers les forces de l’ordre et compliquant le travail des véritables agents de l’État. Ils soulignent également la nécessité d’un contrôle plus strict des uniformes et insignes officiels.
Une infiltration des institutions
Plus inquiétant encore, le phénomène semble avoir infiltré les plus hautes sphères de l’État. Selon diverses sources, plusieurs hauts responsables seraient impliqués dans ces pratiques frauduleuses, notamment :
– Le chargé de mission au ministère de la jeunesse et des sports, Daniel Nzéwé
– Le ministre de la Jeunesse et des Sports, Héritier Doneng, en plus d’être un chef milicien armé, il a également fait le faux diplôme
– Le conseiller diplomatique à la présidence
– La ministre des Affaires étrangères
Impact sur la gouvernance et la sécurité
Cette prolifération de faux documents et d’usurpations d’identité pose de sérieux problèmes :
– Perte de confiance dans les institutions
– Risques pour la sécurité nationale
– Atteinte à la crédibilité internationale du pays
– Entrave au développement économique
– Déstabilisation des relations avec les partenaires internationaux
Des questions sur l’enquête en cours
L’arrestation de Doungous Assane Algor Boris pose plusieurs questions. Les enquêteurs cherchent notamment à déterminer s’il a agi seul ou s’il fait partie du réseau de Daniel Nzéwé. La possibilité que son nom ait été utilisé à son insu par d’autres faussaires est également étudiée.
Nécessité d’une réponse institutionnelle
Face à l’ampleur du phénomène, une réponse institutionnelle forte semble nécessaire. Cela pourrait inclure :
– Le renforcement des systèmes de vérification des documents
– La mise en place de sanctions plus sévères
– L’amélioration de la collaboration entre services de sécurité
– La création d’une unité spécialisée dans la lutte contre les faux documents
La recrudescence des cas de faux en écriture publique en République centrafricaine révèle une crise profonde de l’autorité de l’État. L’impunité dont semblent bénéficier certains faussaires, notamment lorsqu’ils sont liés au pouvoir, complique la lutte contre ce fléau. Une action déterminée et coordonnée apparaît aujourd’hui indispensable pour préserver l’intégrité des institutions et la confiance des partenaires internationaux.
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