Dialogue politique rompu avec le BRDC : Touadera ferme la porte, l’opposition le met au pied du mur

Rédigé le 29 septembre 2025 .
Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC).
Le Président Touadera, à travers son premier ministre Félix Moloua rejette la médiation internationale. Le BRDC répond par une lettre cinglante et refuse d’abandonner.
Le 26 septembre 2025, l’échange épistolaire entre le cabinet du Premier ministre Félix Moloua et le Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution (BRDC) a acté la rupture. Le Premier ministre a opposé une fin de non-recevoir à la demande du BRDC d’une médiation internationale indépendante. Le courrier, rendu public sur les réseaux avant d’être officiellement transmis, a déclenché une réponse immédiate et très dure du coordonnateur du BRDC, Maître Crépin Mboli-Goumba.
Dans sa lettre datée du 26 septembre, Moloua rappelle que « la République centrafricaine est un État souverain » et affirme que les institutions nationales sont « capables d’assurer des dialogues directs entre centrafricains ». Il conditionne toute reprise du dialogue au retrait par le BRDC de sa demande préalable sur le format et l’oblige à préciser les thèmes qu’il aurait dû exposer lors de la session inaugurale du 2 septembre. Le message est net : pas d’arbitre extérieur, pas de médiation internationale.
Le BRDC voit la posture du gouvernement autrement. Dans sa réplique, le mouvement dit avoir découvert le courrier du Premier ministre d’abord sur les réseaux sociaux, ce qu’il interprète comme un mépris institutionnel. Le texte du BRDC qualifie la réponse gouvernementale de « fin de non-recevoir » et juge le ton de Moloua « belliqueux ». Le coordonnateur rappelle que le pouvoir accuse désormais l’opposition de « logique de déstabilisation », alors même que le BRDC dénonce l’influence et la présence des forces étrangères dans les mécanismes de sécurité du pays.
Le BRDC va plus loin. Il accuse le gouvernement de s’asseoir « quotidiennement avec les bourreaux assumés et documentés de votre peuple », allusion explicite aux groupes armés signataires de l’accord de paix de Ndjamena avec le gouvernement, sous l’égide du Président tchadien Mahamat Idriss Déby. La lettre interpelle : comment traiter comme « pires terroristes » des compatriotes qui ont contribué à la montée au pouvoir du régime, tout en accueillant des forces étrangères suspectées d’exactions ? Le BRDC affirme rester « le dernier rempart capable de restaurer la démocratie » et promet de poursuivre sa lutte politique.
Les faits procéduraux sont simples et datés. Le BRDC a envoyé une demande de médiation le 14 septembre. Le gouvernement a répondu le 26 septembre en rejetant le format demandé. La divergence porte sur la garantie d’impartialité du dialogue. Le gouvernement invoque la souveraineté. L’opposition réclame un tiers neutre pour éviter tout conflit d’intérêts. À trois mois des élections de décembre 2025, l’enjeu est politique et temporel : un dialogue sans garanties externes peut devenir un instrument de validation d’un processus jugé partial par l’opposition.
Sur le fond, la lettre du BRDC met en accusation la stratégie politique du pouvoir : museler la contestation, criminaliser l’opposition et verrouiller le processus électoral. La forme de la réponse gouvernementale — diffusée d’abord en ligne — nourrit le sentiment d’un dialogue instrumentalisé. Le BRDC transforme cette pratique en argument : si le pouvoir préfère la mise en scène aux échanges formels, c’est parce qu’il compte sur un rapport de force et non sur la négociation.
Cet affrontement épistolaire a des effets pratiques immédiats. Il réduit la marge de manœuvre pour toute médiation interne crédible. Il polarise l’espace politique et fragilise l’organisation d’élections acceptées par tous. Il expose aussi le pays à des pressions extérieures : acteurs internationaux et organisations de défense des droits observent désormais de près l’évolution du processus.
Texte contre texte, le face-à-face est désormais public. D’un côté, la défense stricte de la souveraineté et la demande d’un dialogue « entre Centrafricains » portée par Félix Moloua. De l’autre, le BRDC qui refuse un dialogue qu’il juge inéquitable sans présence internationale et qui accuse le gouvernement de complaisance envers des forces étrangères. Le gouvernement affirme sa maîtrise des institutions. L’opposition revendique la garantie d’un arbitre indépendant pour protéger le déroulement libre des débats.
La situation ne laisse guère de place aux demi-mots. Le gouvernement verrouille un format. Le BRDC appelle à la surveillance et promet de garder la pression politique. Entre les deux, la population et le calendrier électoral restent les premières victimes d’un conflit institutionnel devenu publicité. Les prochains jours diront si l’un des camps cède ou si la confrontation s’enracine, avec toutes les conséquences pour la tenue d’un scrutin accepté par l’ensemble des acteurs.
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