De couturiers exploités à restaurant mafieux : la ministre Annie Michelle Mouanga veut transformer le foyer de l’ACFPE en machine à cash

Rédigé le 15 septembre 2025 .
Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC).
Après avoir installé sa pompe à fric à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale, la ministre du Travail, Annie Michelle Mouanga s’apprête à reproduire le même schéma à l’Agence Centrafricaine pour la Formation Professionnelle et l’Emploi (ACFPE).
Annie Michelle Mouanga a trouvé la formule magique pour transformer les institutions parapubliques en distributeurs de billets personnels. Après avoir installé sa pompe à fric à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale, la ministre du Travail s’apprête à reproduire le même schéma à l’Agence Centrafricaine pour la Formation Professionnelle et l’Emploi. Au menu : expulsion des couturiers vulnérables de leur foyer pour y installer un restaurant obligatoire, nouvelle source de revenus garantie.
Le système CNSS fonctionne depuis des mois sans accroc. L’entreprise “Diaspora”, propriété de Mouanga, encaisse 15 millions de FCFA chaque mois pour alimenter le restaurant d’entreprise. Les employés de la caisse, contraints de déjeuner sur place, voient automatiquement les frais prélevés de leur salaire. Cette mécanique transforme les cotisations sociales des travailleurs centrafricains en rente privée, sous la supervision complaisante de Henri Koulayom, président du conseil d’administration et homme de confiance de la ministre.
L’ACFPE, située dans la capitale Bangui, représente maintenant la nouvelle cible. Depuis trois ans, le foyer de l’agence accueille des couturiers en situation précaire, principalement des jeunes femmes et jeunes hommes issues des quartiers populaires. Ces artisanes ont bénéficié de formations financées par des organismes internationaux, dans le cadre des programmes d’insertion professionnelle. Annie Michelle Mouanga a d’abord empoché les subventions allouées à ces formations, prétextant le développement des compétences locales.
Maintenant vient l’heure du grand nettoyage. Les couturiers vont être chassés de leur espace de travail pour faire place à un restaurant imposé aux agents de l’ACFPE. Ces derniers, aux salaires modestes, devront débourser environ 200 000 FCFA mensuels pour des repas obligatoires. La différence avec la CNSS est de taille : l’ACFPE dépend des contributions volontaires d’ONG et d’entreprises privées, contrairement à la caisse qui dispose des cotisations obligatoires. Imposer ce système risque de tarir les financements externes tout en ponctionnant davantage les agents déjà sous-payés.
L’opération s’organise en famille. Renée Michèle Bimbo, sœur de la ministre, occupe le poste de directrice générale de l’ACFPE depuis sa nomination litigieuse. Sans expérience particulière dans le domaine, elle a entrepris un remaniement complet des équipes. Les anciens cadres compétents ont été écartés pour laisser place aux proches et alliés, bénéficiant de salaires doublés tandis que les autres subissent une prétendue “crise de trésorerie”.
Le réseau familial s’étend bien au-delà de Bimbo. Ledo, autre sœur de Mouanga, facture 7 millions de FCFA pour cinq jours de formation aux inspecteurs du travail, soit 250 000 FCFA par jour. Cette consultante installée en France effectue des missions bimestrielles pour “moderniser les méthodes de travail”. Les marchés publics suivent la même logique : portails facturés 20 millions au lieu de 2, contrats attribués à des entreprises proches du clan, informaticiens qualifiés remplacés par des neveux sans formation.
L’ACFPE a perdu sa vocation première. Cette agence, créée pour accompagner les demandeurs d’emploi et organiser des formations professionnelles, s’est muée en entreprise familiale. Les droits sociaux des employés sont bafoués, la compétence sacrifiée au profit des liens de parenté. Un récent appel à candidatures pour le poste de directeur général, rédigé sur mesure pour reconduire Bimbo, écarte délibérément les professionnels du secteur.
Les vraies victimes de cette transformation seront les couturiers. Expulsées sans préavis, elles retrouveront le chômage que l’ACFPE était censée combattre. Cette contradiction ne gêne pas Mouanga, qui affiche pourtant sa volonté de réviser le “pacte social” pour intégrer les stagiaires dans le système de protection sociale. Sa conception du pacte social consiste manifestement à protéger sa famille plutôt que les travailleurs centrafricains.
Cette dérive s’inscrit dans une logique plus large de prédation des institutions publiques. Le ministère du Travail, théoriquement chargé de défendre les droits des salariés, devient l’instrument d’enrichissement personnel de sa titulaire. Les fonds destinés à lutter contre le chômage et la pauvreté alimentent les comptes familiaux, détournant l’argent public de sa destination sociale.
L’impunité règne dans ce système. Mouanga multiplie les “formations” bidons facturées à prix d’or, les recrutements complaisants et les marchés truqués, sans que personne n’intervienne. L’ACFPE agonise sous les coups répétés de cette gestion prédatrice, perdant progressivement sa crédibilité auprès des bailleurs de fonds internationaux.
Le président Faustin-Archange Touadéra, le Premier ministre Félix Moloua et le ministre contrôleur des entreprises parapubliques Roméo Gribingui ont encore la possibilité d’agir. L’ACFPE peut être sauvée si les autorités mettent fin à cette dérive népotique. Sans intervention rapide, cette institution rejoindra la liste des agences publiques vidées de leur substance par leurs propres dirigeants.
Les couturiers chassés de leur foyer symboliseront alors l’échec d’un État incapable de protéger les plus vulnérables face à l’appétit de ses propres ministres.
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