Dakar / Niacourab: Une classe en hutte et deux magasins accueillent 55O élèves désemparés

Publié le 20 octobre 2014 , 4:43
Mis à jour le: 20 octobre 2014 4:43 pm

Corbeau news Centrafrique:

Une classe en hutte et deux magasins accueillent 55O élèves désemparés

une classe en hutte et un magasin accueil 550 élves à Dakar
Image d’illustration

A l’orée de ce nouveau millénaire, personne n’aurait imaginé qu’à quelques encablures de Dakar, l’ex : capitale de l’Afrique occidentale française (Aof), creuset des élites intellectuelles et carrefour des institutions académiques, on y retrouve encore toujours des salles de classe en…huttes. Le collège d’enseignement moyen (Cem) de Niacourab situé à Keur Massar dans la banlieue dakaroise en est la parfaite triste illustration. De l’école nouvelle à l’école ancienne ou misérable pour ne pas dire « Ubbi-tey, torokh tey.»

Jusqu’à une époque récente, les abris provisoires n’existaient que dans les écoles primaires en milieu rural. Plus 50 ans après l’indépendance, on en retrouve en plein cœur de la banlieue dakaroise, à quelques encablures de Dakar. Le collége d’enseignement moyen (Cem) de Niacourab en est une triste illustration. Crée en Octobre 2011, l’établissement implanté à Keur Massar, en banlieue dakaroise. Qui dit Cem, dit infrastructure scolaire de l’Etat puisqu’elle dépend de l’Inspection de l’éducation et de la formation (IEF) de Sangalkam. Et ce, compte tenu de sa position géographique ou la commune de Jaxaay II.

Depuis sa création, le Cem de Niacoubab ne dispose que de deux ( 02) salles de classe, plus celle mise à sa disposition par l’école élémentaire du village. Aujourd’hui, il est passé de trois classes pédagogiques à neuf (09) classes mais toujours avec ces trois salles de classe. Pour fonctionner comme un collège, la direction est obligée de mettre sur pied des abris provisoires (huttes). C’était le cas l’année passée (voir photo) et celle d’avant. Face à cette situation, les responsables du Cem démontent à chaque fin d’année les huttes pour les mettre à l’abri des intempéries et contre les termites rongeurs. Et surtout… des voleurs. Outre les salles en huttes, le principal du Cem est dans l’obligation de louer des magasins parce qu’avec neuf classes pédagogiques, il aurait du mal à reconstruire de nouvelles salles en paille.  M Ndiaye, un professeur de français au Cem Niacourab nous confie qu’ après neuf ans d’enseignement dans les coins les plus reculés de la Casamance, il n’a jamais enseigné dans un abris provisoire. Et voilà qu’à Dakar, la mythique capitale du Sénégal, M. Ndiaye dispense des cours dans des classes en paille. Malgré ces conditions de travail difficiles, le Cem a fait plus de 50% au BFEM 2013/2014 au  moment ou les résultats étaient catastrophiques partout au Sénégal. Comme quoi, « Ubbi-tey, jang tey » s’avére chimérique  au sein de cette école où les braves et brillants éléves en provenance des quartiers Jaxaay vivent dans des conditions très déplorables. Quand la misère sociale s’invite dans la précarité pédagogique, il y a de quoi s’emporter sous l’enseigne «  Ubbi-tey, torokh tey ! »

Certes, l’Etat du Sénégal a déjà fait des efforts pour améliorer les conditions de travail du personnel enseignants. Il en est ainsi de la mairie de Jaxaay qui a attribué un site à l’école pour construire un collège digne de ce nom, grâce au concours de coopération française. Une construction qui entre dans le cadre du projet ADEM-Dakar ( Projet d’Appui au Développement de l’Enseignement dans la région de Dakar). Seulement, la coopération française tarde toujours à poser la première pierre de l’établissement. Et comme nous ne sommes pas encore arrivés là, les responsables du Cem de Niacourab doivent d’abord trouver des toilettes et sanitaires décents à un établissement dont la population scolaire fait 550 élèves.  Même préoccupation   pour  l’équipement en tables bancs, nous prenons à témoin le principal du Cem Serigne Diop. Il a fait le tour des écoles environnantes précisément chez ses collègues de Niagha et de Sangalkam pour  y ramasser des carcasses de tables afin de les réparer. D’autres donateurs à l’image de la Fondation Anne Marie Dione viennent font des contributions fort appréciables :   Des centaines de lots de fournitures scolaires et des dizaines de cartons de Gel antiseptique ont été mis à la disposition du Cem de Niacourab.  Cette dotation élargie à l’ensemble des établissements de Niacourab, allant de la maternelle à l’élémentaire en passant par les écoles franco-arabes. Un geste que la communauté éducative dans son ensemble a beaucoup salué.

Dakar des écoles en…huttes  et des magasins transformés en salle de classe ! Tous les moyens sont bons pour caser des centaines d’ouailles qui seraient aujourd’hui en déshérence n’eussent été ces solution de fortune. Nous sommes convaincus que le président Macky Sall fera un tour au Cem Niacourab pour voler au secours de ces centaines d’élèves et d’ enseignants qui fondent beaucoup dans le Plan Sénégal Emergent ( Pse).  Qu’il fasse vite, sinon les nobles et chefs de quartier de Niacourab attendront le sommet de la francophonie pour inviter les élites du monde dans les magasins et masures faisant offices de salles de classe à Dakar dans le pays de Senghor et Cheikh Anta Diop .

PAPE NDIAYE

« Le Témoin » quotidien sénégalais (Octobre 2014)

 

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