Coronavirus, le port obligatoire du masque se généralise en Afrique | DW | 15.04.2020
Bangui ( République centrafricaine ) – Bénin, Éthiopie, Cameroun ou encore Guinée, la liste des pays africains qui imposent le port du masque afin de freiner la propagation du coronavirus s’allonge. Mais sur le terrain, ce n’est pas toujours évident.
Qu’ils soient vendus en pharmacie ou fabriqués en tissus de façon artisanale, pour les autorités qui ont imposées le port du masque à leurs concitoyens, l’important c’est que ces derniers sortent le nez et la bouche couverte.
Mais problème : des masques, tout le monde n’y a pas accès. Soit il y a pénurie, soit les prix sont trop élevés. Dans le cas du Bénin, l’annonce du port obligatoire a suscité une autre inquiétude :
“La peur était que la population n’adhère pas spontanément à cette mesure”, explique Primael Ogboni qui vit à Cotonou. “Mais les Béninois s’y sont pliés dans leur grande majorité, au point où nous avons même observé une pénurie des masques subventionnés par le gouvernement dans les pharmacies. Pénurie qui a ensuite été corrigée. Il faut souligner qu’en dehors des masques vendus à la pharmacie, il existe également au Bénin des masques issus d’initiatives privées qui ne sont pas homologués mais qui contribuent à satisfaire la demande sur le marché.”
A Abidjan, on sort désormais couvert
Des masques non homologués, fabriqués de façon artisanale qu’on retrouve également au Cameroun, autre pays qui a imposé un port obligatoire. Et là aussi certains, comme Belibi Ngoa, soulèvent un certain nombre de difficultés. Selon cet enseignant “les masques conformes aux prescriptions de l’OMS ne sont pas accessibles aux Camerounais parce qu’ils coûtent très chers. Certains peinent à avoir 2 euros par jour pour manger… et donc on voit des Camerounais qui se font des masques de cent francs, de deux cents, trois cents. Mais il ne s’agit pas de masques de protection contre le coronavirus mais plutôt de masques de protection contre la poussière et au fond ce ne sont pas des masques aussi hygiéniques que ça.”
Pour certains Camerounais le gouvernement a pris la décision sans vraiment penser aux mesures d’accompagnement.
En Guinée, face à la détection de nouveaux cas à Conakry et dans des villes de l’intérieur du pays comme Labe, le président Alpha Condé a appelé ministères et ateliers textiles à produire des masques dont le prix ne doit pas excéder 2.500 francs guinéens soit 0,25 dollar.
Le Tchad rétropédale
Après avoir voulu le rendre obligatoire, le Tchad est finalement revenu sur sa décision concernant le port du masque. Un rétropédalage qui n’étonne pas des membres de la société civile comme Sosthene MBernodji : “Quand on rend obligatoire une décision comme celle-là, il faut s’assurer qu’il y a la disponibilité des masques. Les autorités se sont rendu compte que c’est une décision qui ne pouvait pas tenir. La décision du gouvernement s’est heurtée au mur des lamentations des populations.” explique-t-il.
D’autres pays encore comme l’Éthiopie, le Niger, le Maroc ou encore la Côte d’Ivoire ont également rendu obligatoire le port du masque.
Avec DW français