)Bangui, République centrafricaine, lundi, 4 octobre 2021, 11:27:20 ( Corbeaunews-Centrafrique ). Inquiet de la dégradation spectaculaire des relations diplomatiques avec la France, le président centrafricain tente de rouvrir un canal de discussion. Après une tentative de médiation via Kinshasa, Touadéra réfléchit désormais à nommer un nouvel ambassadeur en France.
Rentré à Bangui ce jeudi 29 septembre, Faustin Archange Touadéra s’est offert une escale d’une semaine entre Bruxelles et Paris après son passage à l’assemblée générale des Nations unies, à New York. Il y a une nouvelle fois plaidé pour une levée de l’embargo sur les armes, notamment auprès du secrétaire général Antonio Guterres.
Depuis l’hôtel Pullman de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle où il a séjourné à ses retours de New York et de Bruxelles, le président centrafricain a consulté avec une idée en tête : trouver un moyen de calmer les relations avec Paris. Une gageure, tant ces dernières sont au point mort depuis le printemps. Excédée par les campagnes anti-françaises et l’alliance avec le groupe de sécurité privée russe Wagner, la France a sorti depuis plusieurs mois la carte des restrictions de visas, et s’intéresse de près aux patrimoines des officiels centrafricains dans l’Hexagone, comme l’a révélé Africa Intelligence (AI du 24/09/21).
Paris, qui a gelé son appui au pays, exerce également un intense lobbying auprès de l’Union européenne (UE) pour que Bruxelles fasse de même, alors que l’UE devait prochainement décaisser un appui de 33 millions d’euros au Trésor centrafricain (AI du 29/06/21).
François Beya en intermédiaire
Dans ce contexte explosif, cela fait plusieurs semaines que le président centrafricain réfléchit aux modalités d’un rapprochement avec Paris. En amont de son passage en France, le professeur en mathématiques avait tenté d’ouvrir un canal via François Beya Kasongo, le conseiller du président congolais Félix Tshisekedi. Beya s’est discrètement rendu à Bangui il y a deux semaines en vue d’organiser une rencontre avec des officiels français. Il est un familier du microcosme banguissois, mais également un interlocuteur apprécié de Paris, notamment du service de renseignement extérieur, la DGSE (AI du 25/05/21).
En vain : non seulement lors de ses deux passages à Paris, Touadéra n’a rencontré personne, mais sa délégation centrafricaine a été contrainte de se contenter de visas de transit, à la suite du refus des autorités tricolores de leur accorder un visa de circulation. En amont, plusieurs ministres centrafricains, à commencer par celle des affaires étrangères Sylvie Baïpo-Témon, ont tenté ces dernières semaines de se rapprocher de Paris. Egalement sans succès.
Vers un changement de tête à Paris ?
Echaudé, Touadéra voudrait accélérer le rapprochement et envisage de changer d’ambassadeur dans la capitale française. Depuis 2014, c’est Michel Gbézéra-Bria, 75 ans, qui anime le 30 rue des Perchamps.
Pour le remplacer, le nom de Flavien Mbata est envisagé par le palais de la Renaissance. L’ancien ministre de la justice de 2016 à 2021, écarté lors du dernier remaniement de juin 2021 et qui vit en France depuis de longs mois, a le double avantage d’être un proche parmi les proches du chef de l’Etat, ainsi que d’entretenir de bonnes relations avec les Français. Pour le moment, aucune demande d’accréditation n’a cependant été déposée.
https://www.africaintelligence.fr/afrique-ouest-et-centrale_diplomatie/2021/10/04/comment-touadera-cherche-a-renouer-avec-paris,109695496-art
Par Africa Intelligent