Cinq ans après l’Accord de Khartoum : La fragilité persistante de la paix en République centrafricaine
Bangui, 07 février 2024 (CNC) – Il y a cinq ans, l’espoir de la paix en République centrafricaine était semé avec la signature de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation (APPR-RCA) à Khartoum, au Soudan. Un pacte entre le gouvernement centrafricain représenté par son patron Faustin Archange Touadera et 14 groupes armés, censé mettre fin aux violences et à l’emprise de ces factions sur la sécurité et l’économie du pays. Cependant, le bilan actuel souligne la fragilité persistante de la paix, malgré certaines avancées. Des défis cruciaux subsistent, remettant en question l’efficacité de l’accord et suscitant des interrogations sur l’avenir du pays.
Cinq ans après la ratification de l’APPR-RCA, le constat est mitigé. Bien que des progrès aient été enregistrés sur le plan humanitaire, selon OCHA, avec une amélioration sensible de la sécurité, les défis subsistent. Les groupes armés, autrefois les maîtres du terrain sécuritaire, persistent malgré des dissolutions partielles. La scission de certains groupes, comme l’UPC, le MPC, les 3R, et les Antibalaka aile Mokom, en faveur de la coalition des patriotes pour le changement, a engendré de violents affrontements avec l’armée soutenue par les mercenaires Russes du groupe Wagner et les militaires Rwandais.
Sur le volet de la réinsertion des ex-combattants, des témoignages tels que celui de Dieubeni, ancien membre du groupe armé RJ Belanga, révèlent les difficultés rencontrées. Malgré ses années de loyauté, Dieubeni témoigne de dysfonctionnements dans le suivi de l’accord, l’obligeant à vendre des produits agricoles pour subvenir aux besoins de sa famille. L’appel pressant des ex-rebelles, comme Rock du FDPC, à la résolution des arriérés par le gouvernement souligne l’importance cruciale de la stabilité financière pour ces acteurs clés de la démobilisation.
Le dialogue entre le gouvernement et les groupes armés est un élément central pour consolider la paix, mais il reste entravé par des points de discorde non résolus, comme la question de la transhumance. Les défis persistent également du côté judiciaire, avec des leaders de groupes armés poursuivis par des instances internationales et locales sans que cela ne contribue pleinement à la réconciliation.
Rappelons que Cinq ans après l’accord historique de Khartoum, la République centrafricaine se trouve à la croisée des chemins. Malgré des progrès dans certains domaines, la fragilité persistante de la paix soulève des questions sur la viabilité à long terme de l’APPR-RCA. La réinsertion des ex-combattants demeure un défi crucial, mettant en lumière la nécessité d’une gestion plus efficace des accords de désarmement. La paix demeure un objectif à atteindre, mais le chemin semble encore semé d’obstacles complexes à surmonter pour assurer un avenir stable à ce pays tourmenté d’Afrique centrale.
Par Anselme Mbata
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