vendredi, novembre 15, 2024

Chronique du Dr BernardLALA

le docteur Bernard Lala lors de l'assemblée générale du comité national de lutte contre le sida en juillet 2006 (photo Vonou/Acap)   Adulte 6 N p IMG_0240.JPG fetch%3EUID%3E/INBOX%3E70863
Docteur Bernard Lala lors de l’assemblée générale du comité national de lutte contre le sida en juillet 2006 (photo Vonou/Acap)

Chronique du Dr BernardLALA

(Haut Fonctionnaire Retraité de l’OMS Ministre Centrafricain)

 

 

Compatriotes Cher(e)s !…

Un peu d’égoïsme national flatte la fierté et la volonté de compter d’abord sur soi-même ! C’est la leçon du jour à méditer mais pour l’heure je vous invite à un exercice de remue-méninges avec moi.

1er Décembre 1958

Boganda abandonné par ses Pairs du Haut Conseil de l’AEF est rentré de Brazzaville à Bangui ; il proclame « la République » pour le seul Oubangui- Chari, son pays. Ses Pairs se sont ralliés aux vues et perspectives « de Gaule/Houphouët » pour la région, faisant ainsi capoter son projet de proclamer solennellement « les Républiques Centrafricaines » à partir de Brazzaville comme première étape à la constitution de l’URAC (Union des Républiques d’Afrique Centrale). A supposer que l’Union se fût réalisée, le Congo, le Gabon, le Cameroun et le Tchad auraient-ils effacé leur nom comme le fit l’Oubangui- Chari ? Auraient-ils plutôt conservé leur identité au sein de l’Union, exactement comme la Floride, le Texas, la Californie au sein des USA/Etats Unis d’Amérique ? La réponse est évidente : adopter un système ou un régime de gestion politique n’infère pas qu’on change le nom du pays. Mais Boganda n’a pas levé cette ambiguïté qui lui a survécu. Et aujourd’hui je vous pose la question : au regard des tracasseries inutiles et récurrentes que subissent nos compatriotes en voyage lors du contrôle de leur passeport national parce que notre pays n’est pas clairement identifié (Congolais et Tchadiens sont aussi centrafricains que nous !), n’est-il pas temps que le gouvernement et le Parlement se saisissent de ce problème pour apporter les corrections et ajustements requis. Pour ma part comme contribution je proposerai la dénomination « Ubangi-Centrafrique, UAC en abrégé » qui rappelle et perpétue la mémoire de Boganda héros national et père de la nation centrafricaine.

28 Décembre 1959

Président Dacko signe sous contrainte onze accords secrets qui nous imposent une dette au titre des bienfaits de la colonisation et prolongent la colonisation en l’état jusqu’en 2019, fin du remboursement à la France. Onze autres colonies et

Madagascar signèrent ; la Guinée de Sékou Touré refusa tout net et on lui fit payer très cher cet affront fait à la puissance coloniale.

13 Aout 1960

Président Dacko proclame l’Indépendance Nationale mais lui seul sait qu’il s’agit d’une mystification cynique et que le pays est toujours sous statut colonial et y sera maintenu jusqu’en 2019. Une légère nuance au système cependant: les autochtones remplacent les gouverneurs français avec rang et prérogatives de chefs d’Etat. Cependant la France les nomme à travers des élections qu’elle contrôle et les démet au gré de ses humeurs et de ses intérêts.

28 Décembre 2019 : fin des accords secrets

28 Décembre 2020 : accords secrets caducs

Quelles perspectives d’actions s’ouvrent à nous-mêmes et à notre pays ?

  • 1960, premier rendez-vous avec l’Histoire pour notre émancipation du joug colonial a été cyniquement et avec arrogance dévoyé et vidé de son contenu !
  • 2020 sonne donc la RENAISSANCE véritable du Centrafrique indépendant et souverain ! C’est le point de rupture avec la période coloniale et le début pour notre pays et sa population d’une nouvelle ère de liberté retrouvée, de l’indépendance et de la souveraineté à organiser pour qu’elles s’exercent effectivement et efficacement.

F.A Touadéra a été élu en 2020 et il est entré en fonction en 2021 : il est ainsi le premier Président du Centrafrique libre, indépendant et souverain. A lui incombent le privilège et la lourde responsabilité d’ajuster nos institutions à la hauteur des nouveaux défis et proposer des directives consensuelles pour encadrer le développement durable de notre pays.

Au moment où notre pays repart « à neuf » et où tout est à construire ou à reconstruire, chacun est concerné et tous ensemble nous devons contribuer en idées ou en actions à aider ceux de nos compatriotes actuellement en « première ligne de ce combat », notamment Touadéra et son Gouvernement, à progresser dans le sens de la satisfaction de nos intérêts. Le remue-méninges auquel je vous conviais est à cette fin.

D’ores et déjà apparait comme action urgente et responsable l’organisation d’une campagne médiatique pour informer largement les communautés nationales sur ces dates, accords, évènements et comment ils ont affecté leur vie.

13 Août 1960 mérite requalification : Journée Mémoires de la Colonisation ?

A vous de faire des propositions. Et pour effacer la mascarade de 1960 Touadéra ne devrait-il pas « pour de vrai et définitivement » proclamer l’Indépendance du Centrafrique de Boganda que nous daterons au 1er Décembre 2020 et célébrerons le 1er Décembre chaque année.

La « Première République » lancée en 1958 par Boganda dans le cadre de la Communauté Franco-Africaine est arrivée en 2019 à son terme logique avec la fin des Accords qui l’organisaient. La nouvelle période qui s’est ouverte au pays à partir de 2020 impose à Touadéra de proclamer la « Deuxième République » et proposer une nouvelle CONSTITUTION qui sera la dernière et la seule en fonction ad vitam aeternam au pays ! La Constitution est le document fondamental du peuple centrafricain : il a vocation de survivre à Touadéra comme à tous les Présidents après lui. Une attention particulière et un soin jaloux doivent donc être accordés à son élaboration afin de lui garantir solennité et pérennité : Le Président de la République commet un panel de sept (7) à neuf (9) juristes experts, tous cadres nationaux exclusivement ; le panel passe devant le Parlement qui auditionne chaque membre individuellement sur sa nationalité, sa compétence, sa moralité, sa résidence, son temps de présence au pays, confirme ou invalide la sélection. Avec l’onction du Parlement le panel a acquis son caractère consensuel ; un secrétariat et une documentation constituée de copies de constitutions de pays tiers pouvant servir de sources d’inspiration sont mis à disposition et le Président de la République installe solennellement le panel au travail.

Le draft de la Constitution est remis au Président de la République qui le transmet au Parlement pour examen et amendements. Sénat non encore en place ! Référendum trop onéreux ? En vicariance le Président pourrait convier les Maires de Bangui et des villes capitales préfectorales et sous-préfectorales et les leaders de la société civile à un « Forum-Indépendance-Souveraineté » autour du document, dernière étape de son adoption et promulgation.

Notre pays est engagé dans une dynamique d’actions de transformation qui a besoin d’être encadrée dans l’espace et la durée : déclarer « 2020-2030 : Décennie de l’Appropriation, Restauration, Reconstruction » pour le Centrafrique aiderait chacun de nous à mieux se situer dans ses efforts contributifs.

Je termine par ces mots à méditer : être nous-mêmes et continuer d’exister nous imposera de réajuster nos valeurs fondamentales à certains principes du monde extérieur sans copies conformes et l’infantilisant prétexte à la paresse « So ti aMundju la ! » cèdera la place à « Sara Kodro ti mo ahon ti aMundju ! ».

 

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À lire aussi : La marche des pourfendeurs de la démocratie…

 

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