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CENTRAFRIQUE : UNE PARTITION QUI NE DIT PAS SON NOM

 

 

CENTRAFRIQUE : UNE PARTITION QUI NE DIT PAS SON NOM

  

 

Bangui, le 29 juin 2018 (CNC) /

 

EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE, DES CALIFATS EN GESTATION ?

 

          Le nord et le nord-est du pays sont sous administration rebelle. Les ex-Sélékas à majorité musulmane tiennent le haut du pavé à Bria et NDélé. Les Antibalakas chrétiens leur résistent et les affrontent dans des combats sanglants.

          Mais ils règnent presque sans partage, quasiment en maîtres absolus. Gendarmerie, sous-préfecture, douanes et services annexes sont occupés et administrés par le sulfureux Noureddine Adam et ses mercenaires, tchadiens et soudanais. Les Chinois et les Russes, pour avoir l’autorisation de prospecter le pétrole et d’exploiter les mines d’or et de diamants, s’adressent aux rebelles, à qui ils demandent une protection. Les droits d’exploitation sont fixés par les Sélékas, qui encaissent les sommes dues. S’adresser aux rebelles, en ignorant le pouvoir légal, c’est donner, en fait, une indécente légitimité aux insurrectionnels.

 

          Devant toutes ces incongruités et ces bras d’honneur faits au gouvernement, on attendrait une réaction de sa part. Mais il ne se fait pas entendre et se barricade dans Bangui. On a la détestable impression que le gouvernement Sarandji 2 se prépare, en secret, à céder aux revendications des rebelles, c’est-à-dire l’impunité et le partage du pouvoir. C’est inacceptable.

          Il est à craindre que les puissances étrangères impliquées en Centrafrique, pour préserver leurs intérêts et s’extirper du guêpier, n’aient déjà reconnu le pouvoir des ex-Sélékas sur les provinces qu’ils occupent. Partant, on semble donner une légitimité à des dissidents hors-la loi.

          Le pouvoir centrafricain, en tout cas, donne des signes d’inquiétude. Devant le rideau, on fait croire que tout va bien, pour éviter d’alarmer des populations profondément déroutées. Mais les proches du pouvoir préparent déjà leurs arrières. Voici venu le temps des reniements, des lâchetés, des trahisons et des changements de camps. Les Judas, prêts à tous les reniements, se préparent à donner « le baiser de la mort » au président Touadera. Le nettoyage des écuries d’Augias que sont devenus le gouvernement et la présidence, avec leur pléthore de conseillers inutiles mais prédateurs, est inévitable. Le président Touadera doit savoir que les trahisons viendront de ses amis, parce que l’amitié en politique, c’est comme un pot de miel qui attire les abeilles : quand le miel vient à manquer, elles disparaissent !

  

LE MAGOT DES SÉPARATISTES

 

          Des commerçants illégaux, venus du Tchad et du Soudan, s’enrichissent en organisant des circuits commerciaux. Bria et N’Délé  sont alimentées par des marchandises de contrebande en provenance de Ndjamena et de Khartoum – sans oublier les armes qui affluent de ces mêmes capitales et alimentent de gigantesques marchés à ciel ouvert.

          Les principales ressources des rebelles sont l’or et le diamant qu’ils vendent aux pétromonarchies du Golfe qui dépêchent des acheteurs sur place. De lourds soupçons pèsent aussi sur certains éléments de la MINUSCA et des forces internationales qui se livreraient au trafic des pierres précieuses. C’est ainsi que les chefs de l’ex-Séléka se bâtissent des fortunes insolentes.

          Le glas semble avoir sonné la fin d’une République Centrafricaine Démocratique, Une et Indivisible. Et cet état de fait intolérable ne semble pas émouvoir les autres nations. La RCA n’est-elle pas, pourtant, un pays souverain, membre de l’ONU ?

         Le magot des rebelles s’est constitué à cause de l’incompétence et de l’impuissance du gouvernement. A cause aussi des turpitudes de la MINUSCA, qui a échoué dans sa mission de recherche de la paix et de la protection des populations. La République Centrafricaine vit dans un statu quo ourdi par les puissances étrangères et l’ONU. Le Conseil de Sécurité, en décrétant un embargo injuste sur les armes à destination de la RCA, a livré le pays des Bantous aux rebelles et aux mercenaires.

          Quant au gouvernement, il donne l’impression de chercher uniquement à sauver sa tête. La dimension du chaos dans lequel est plongé le pays semble échapper à ses dirigeants.

          Pour que la RCA survive, il faut qu’elle cesse de danser au-dessus de l’abîme. Sans l’engagement de tous les Centrafricains, sans leur détermination à affronter les séditieux, le pouvoir risque de disparaître avec le pays. Le gouvernement doit consulter le peuple et l’associer au combat contre les rebelles. Le temps presse. Il faut que le gouvernement prenne des initiatives urgentes et fortes.

          Non à la partition ! Non à l’impunité pour les criminels de guerre et les auteurs de crimes contre l’humanité ! La réconciliation oui, mais pas à n’importe quel prix ! Les bandes armées devront d’abord répondre de leurs crimes, qui ont fait tant de victimes.

 

                                                             

Un texte de : JOSEPH AKOUISSONNE DE KITIKI

Copyright2018CNC.

 

 

 

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