“Touadéra prépare sa présidence à vie, la démocratie se meurt” alerte COSCIPAC
Bangui, CNC. Le pouvoir de Bangui ne dissimule plus ses ambitions autocratiques. Alors que les élections de 2025 approchent, le régime étouffe progressivement toute voix dissidente, transformant les institutions en simples instruments de sa pérennisation. Cette dérive inquiétante, dénoncée par la COSCIPACS , société civile centrafricaine, fait craindre le pire pour l’avenir du pays.
Une descente aux enfers démocratique programmée, selon la COSCIPAC
“Chaque jour qui passe emmène son lot de questionnements sur le devenir du pays”, s’alarme Petit Delphin Kotto, figure de la société civile centrafricaine. Dans un mémorandum accablant publié le 4 novembre 2024, la Coordination des Organisations de la Société Civile pour la Paix (COSCIPAC) dresse un constat glaçant de la situation politique à un an des échéances électorales.
Le tournant autoritaire a été amorcé le 30 août 2023, avec l’adoption d’une nouvelle Constitution sur mesure.
“Ce véritable coup d’État constitutionnel a laissé des fissures socio-politiques béantes et une société profondément divisée”, témoigne un membre de la société civile centrafricaine sous couvert d’anonymat, craignant des représailles.
Une machine électorale aux ordres
L’inquiétude est d’autant plus vive que les institutions chargées d’organiser les élections ont perdu toute crédibilité. L’Autorité Nationale des Élections (ANE), censée être le garant d’un processus électoral équitable, apparaît aujourd’hui comme un simple instrument aux mains du pouvoir. “Il n’y a aucune garantie que l’ANE puisse organiser des élections réellement démocratiques, crédibles, inclusives et transparentes”, dénonce la COSCIPAC.
Le Conseil Constitutionnel, dernier rempart théorique contre les dérives autocratiques, n’est pas épargné par les critiques. “Les manœuvres politiques du Conseil visent ouvertement à maintenir au pouvoir à vie les autorités actuelles, au mépris de la volonté populaire”, fustige le mémorandum.
Un étranglement méthodique des libertés, selon la COSCIPAC
La stratégie du pouvoir passe également par un contrôle accru de l’espace public et médiatique. La radio d’État, principal moyen d’information dans un pays où l’accès à internet reste limité, est devenue une simple caisse de résonance du régime. Les débats politiques y sont strictement encadrés, quand ils ne sont pas simplement interdits.
Les libertés fondamentales sont systématiquement bafouées.
“Les restrictions des libertés de pensée, de réunion et de manifestations touchent particulièrement les partis d’opposition et les organisations de la société civile”, souligne Petit Delphin Kotto de la COSCIPAC. Une répression qui témoigne de la nervosité d’un pouvoir conscient de sa fragilité.
Un appel pressant au dialogue
Devant cette situation explosive, la COSCIPAC appelle à l’organisation urgente d’un Dialogue Politique Inclusif.
“L’orgueil politique doit céder la place à la raison. Sans dialogue, nous courons droit vers une crise militaro-politique sans précédent”, avertit le coordinateur national.
L’appel s’adresse aussi à la communauté internationale, dont le silence devient assourdissant. Les chancelleries accréditées à Bangui sont exhortées à “informer leurs gouvernements sur la nécessité vitale d’organiser ce dialogue”. Les partenaires techniques et financiers sont appelés à “conditionner tout appui au gouvernement à l’organisation de ce dialogue inclusif”.
Un pays au bord du chaos
L’enjeu dépasse largement le cadre électoral. “Si rien n’est fait, la Centrafrique risque de basculer dans un régime monopartiste et dictatorial”, prévient la société civile. Un scenario catastrophe pour ce pays déjà meurtri par des décennies de conflits.
Les prochains mois seront décisifs. Sans réaction forte de la communauté internationale, le pays pourrait connaître une nouvelle descente aux enfers. “La paix et la stabilité de la Centrafrique sont en jeu”, conclut le mémorandum. Un avertissement qui résonne comme un dernier appel avant le chaos.
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