Centrafrique : Sept policiers radiés, une purge organisée par un chef de la mafia
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Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Michel Nicaise Nassin, a signé, le 11 février 2025, un arrêté de radiation à l’encontre de sept policiers centrafricains. Officiellement, ils sont accusés de braquage, trafic de drogue, trafic d’influence et coups et blessures volontaires. Mais au-delà des apparences, cette affaire cache un règlement de comptes impliquant un ex-chef milicien anti-balaka devenu intouchable officier de la garde présidentielle : le commandant Yarkokpa.
Une radiation expéditive et sans la justice
Les agents radiés sont :
- DOUI Odilon, sous-brigadier de police (matricule 6763/20)
- OUAPOLE Freddy, gardien de la paix major (matricule 7507/20)
- BANGHA Jean Augustin, gardien de la paix major (matricule 7414/20)
- OUASSERENDJI Chrysostome, gardien de la paix major (matricule 6881/20)
- DIMANCHE-YONGOWANA ALFIO Jacques Valdez, gardien de la paix major (matricule 7427/20)
- GONIDANE Alexandre Nelson, gardien de la paix (matricule 9805/22)
- NGOUAYE NDARATA Quirinus Frédéric, gardien de la paix (matricule 7980/21).
Le ministre a décidé unilatéralement de leur radiation, sans qu’aucune enquête judiciaire ne soit menée, ni qu’aucun tribunal ne se prononce. Pourtant, dans un pays normal, des faits aussi graves devraient normalement faire l’objet d’une instruction judiciaire. Or, dans ce cas précis, la justice a été contournée.
Le commandant Yarkokpa : l’ombre d’un milicien derrière la purge
Selon des sources au sein de la police nationale, le véritable instigateur de cette radiation n’est autre que le commandant Yarkokpa de la garde présidentielle, un ancien chef de milice anti-balaka reconverti dans l’appareil sécuritaire du régime.
Ce même Commandant Yarkokpa, souvenez-vous de lui, est directement impliqué dans le braquage des deux Franco-Algériens en juin 2024, une opération qui lui aurait rapporté près de 800 millions de francs CFA en espèces et en matériel.
Mais ce n’est pas tout. Ce commandant mafieux est également au cœur d’un réseau de trafic de tramadol, une drogue largement consommée dans le pays. Les sept agents radiés faisaient partie effectivement de son réseau mais auraient refusé de lui reverser les sommes exigées. Pour se venger, le Commandant Yarkokpa les aurait dénoncés auprès du directeur général de la police et du ministre de l’Intérieur, qui a immédiatement signé l’arrêté de radiation.
Une justice aux ordres des milices
L’absence d’enquête judiciaire et la rapidité avec laquelle le ministre a agi posent une question fondamentale : la justice est-elle encore souveraine en Centrafrique ou est-elle soumise aux décisions des ministres et des chefs de milices reconvertis en officiers ?
Si ces policiers étaient effectivement coupables, ils auraient dû être traduits en justice, jugés et condamnés selon la loi. Mais leur radiation pure et simple, sans jugement, s’apparente davantage à un règlement de comptes instrumenté qu’à une réelle opération de nettoyage.
Un pays sous contrôle des chefs de guerre
Le cas du commandant Yarkokpa démontre un phénomène plus large : l’impunité des anciens chefs de guerre intégrés dans l’appareil sécuritaire. Malgré son passé de milicien et les accusations qui pèsent sur lui, il continue d’opérer en toute liberté, protégé par des réseaux au plus haut sommet de l’État.
Cette affaire n’est pas une exception, elle dévoile une fois de plus un système mafieux où les vrais criminels restent protégés tandis que d’autres servent de boucs émissaires.
La Centrafrique est-elle encore un État de droit ou est-elle devenue une république sous contrôle des milices et des réseaux mafieux ? La question reste ouverte.
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