Centrafrique : Réforme de l’armée, les Faca-Balaka prévoient une sortie musclée dans les rues de Bangui.
Bangui, le 15 février 2017.
Par : Gisèle MOLOMA, CNC.
Comme nous l’avions annoncé dans nos précédents articles, les Faca-Balaka (les soldats des Forces armées Centrafricaines ayant manœuvré aux côtés des Anti-Balaka entre 2013 et 2016) n’ont pas du tout apprécié le comportement du Chef d’État-Major qui semble céder facilement aux pressions des Nations-Unies et s’activent à procéder à une démonstration de force dans les rues de Bangui dans les tous prochains jours. Ils entendent ainsi montrer leurs colères face à la politique de leur mise à l’écart dans la formation d’une nouvelle armée républicaine menée par l’ONU et l’Union européenne (UE).
Empêcher les circulations, barricader les routes durant 48h sur toute l’étendue du territoire centrafricain, c’est le mot d’ordre en discussion au sein de ces Faca-Balaka lors de leur dernière réunion tenue à Bangui la semaine dernière.
Selon l’un des Officiers Balaka contactés par CNC, des informations circulent depuis quatre mois dans le milieu militaire que les Nations-Unies auraient exigé à leur État-major de ne pas les retenir dans les rangs des FACA en construction. Qu’ils doivent passer devant la Cour Criminelle Spéciale avant toutes actions visant leur réintégration. C’est sur ce comportement des Nations-Unies qu’ils veulent dénoncer publiquement devant le peuple centrafricain, malgré les efforts qu’ils ont faits pour libérer ce pays de la Séléka, a conclu cet Officier Faca-Balaka.
Or entre temps, le constat était visible quant à l’exclusion de certains FACA, gendarmes et policiers identifiés comme faisant partie des Anti-Balaka dans le rang des Forces de Défense et de Sécurité du pays. D’ailleurs, lors de la formation de certains soldats FACA aux différentes techniques modernes des combats militaires organisées par l’EUTM à Bangui, aucun soldat ou Officier jugé proche de la milice Anti-Balaka ou de la séléka n’avait été sélectionné pour intégrer cette formation. Pareil pour les gendarmes et policiers identifiés eux aussi comme faisant partie des Balakistes.
Cette méfiance de la Communauté internationale vis-à-vis des Faca-Balaka et leur mise à l’écart dans la réforme engagée de nos Forces de Défense et de Sécurité aurait poussé ces derniers à afficher publiquement leur inquiétude quant à leur avenir dans l’armée centrafricaine. Et ils comptent le faire savoir devant l’opinion nationale et internationale, et ce, par le biais d’une grève musclée de 48h, sans armes pour ne pas ternir leur image.
Selon un Officier de l’État-major contacté par la Rédaction du CNC et qui a confirmé à demi-mot cette allégation, le sort de ces Faca-Balaka vient de loin et non de l’État-major de l’armée centrafricaine. Celle-ci concerne non seulement les Faca-Balaka, mais aussi les Faca-Séléka, y compris ceux d’autres groupes armés comme la RJ. Sur ce point, l’inquiétude demeure sur les moyens employés pour sélectionner ou trier ces soldats, gendarmes ou policiers jugés comme membres d’un groupe armé, car, 60% ou plus des FACA avaient intégré au moins une fois un groupe armé ces 5 dernières années.
vont-ils être tous exclus de leur corps ? Ou bien ce sont les gros poissons clairement identifiés qui seront sanctionnés ?
Pour l’heure, le débat est ouvert sur cette situation très complexe. Il y’a lieu de rappeler qu’après la prise du pouvoir par la force de la Séléka en 2013, les Forces Armées Centrafricaines (FACA) avaient été dissoutes par le Président rebelle Michel Djotodia, chef de la coalition Séléka. 30% des soldats FACA avaient pris le chemin de l’exil, 30% ont choisi de rester chez eux et plus de 40% par contre avaient choisi de rentrer dans la résistance aux côtés des Anti-Balaka ou autres groupes armés. Ce qui a rendu presque impossibles la dynamique et l’impartialité de l’armée nationale pour la sécurisation du pays après le départ de la Séléka du pouvoir. Et donc une réforme profonde des FACA est plus que nécessaire pour le pays, selon les Nations-Unies et l’Union européenne.
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