Par Jeune Afrique
Si l’armée, épaulée par les Russes, continue de lancer des assauts contre les poches de résistance de la coalition menée par François Bozizé, le chef de l’État a élaboré une stratégie afin d’en pousser les membres à se rendre.
Explications.
D’après l’état-major de l’armée, plus de 500 membres de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) de François Bozizé se sont, à ce jour, rendus aux Forces armées centrafricaines (FACA). Selon nos sources, Faustin-Archange Touadéra a fait appel, pour les convaincre, à leurs anciens chefs. Il s’est tout d’abord appuyé sur Hassan Bouba, ex-numéro deux de l’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC), devenu ministre de l’Élevage après la signature d’un accord de paix à Khartoum en 2019.
Discrets émissaires
En mai 2021, ce nouvel allié du pouvoir a proposé au président de jouer le go-between auprès de certains combattants. Son offre ayant été acceptée, il a réuni autour de lui d’autres chefs rebelles comme Ali Issaka, cadre de la Séléka, ou encore Abdoulaye Hissène, issu du Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC).
Après dHe vifs échanges, cette équipe a réussi à convaincre près de 200 rebelles de déposer les armes à Kaga-Bandoro. Les messages de ces émissaires étaient très clairs : la CPC n’a plus la capacité militaire de faire face aux forces centrafricaines et à leurs alliés russes. Hassan Bouba a poursuivi son opération dans la préfecture de la Nana-Mambéré, fief du groupe armé 3R, où il a rencontré en majorité des rebelles peuls qu’il a convaincus d’abandonner la lutte armée. Il s’est ensuite rendu dans l’est, où est basée l’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC), son groupe d’origine.
Hassan Bouba connaît le mode opératoire de la rébellion consistant à faire transiter les combattants via les couloirs de transhumance.
Toujours selon nos sources, Touadéra veut profiter des nombreuses divisions au sein de la CPC pour obtenir des redditions et influer ainsi sur le moral des autres rebelles. Pour ce faire, il a besoin de Bouba : lorsque celui-ci avait été arrêté en novembre 2021 par la Cour pénale spéciale (CPS) parce qu’il était accusé de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre, des éléments de la garde présidentielle l’avaient libéré et ramené chez lui.
Sani Yalo, le conseiller de Touadéra, a lui aussi entrepris une mission de bons offices. Lui-même originaire du nord du pays, cet homme d’affaires mise sur ses relations avec les notables et chefs religieux de la région. Politiquement, le pouvoir a coupé toutes les voies d’approvisionnement des rebelles. La frontière avec le Tchad, où la CPC a établi plusieurs bases, est désormais aux mains de l’armée nationale, appuyée par les Russes. Actuellement terre de refuge de plusieurs leaders politiques de l’opposition et de la rébellion, la France est également une source d’inquiétudes pour Bangui. Mi-janvier, Touadéra a relevé Michel Gbezera-Bria de son poste d’ambassadeur à Paris.