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CENTRAFRIQUE : POURQUOI LE POUVOIR DE TOUADERA PEINE À MONTER EN PUISSANCE DANS LE PROCESSUS DE RÉSOLUTION DE LA CRISE ? /

 

CENTRAFRIQUE : POURQUOI LE POUVOIR DE TOUADERA PEINE À MONTER EN PUISSANCE DANS LE PROCESSUS DE RÉSOLUTION DE LA CRISE ?               

 

Le Président Touadéra au Liban

 

 

 

Bangui, le 9 octobre 2017.

Par : Bernard Selemby Doudou, CNC.

 

Après la bataille électorale du second tour des Présidentielles, le candidat des pauvres a été élu contre toute attente. Cette victoire a été saluée malgré tout par des centrafricains de tous bords. La paix, la sécurité était devenu un défi majeur et inscrit prioritairement sur l’agenda des nouvelles autorités. Le rassurant discours d’investiture intronisant le concept peu abstrait de “rupture” a apaisé la souffrance des uns et des autres. Un gouvernement de remerciement composé des membres du collectif de 1% a été mis en place.

 

L’annonce de ce gouvernement n’a pas irrité la classe politique car la priorité était ailleurs. Les institutions républicaines prévues par la constitution ont été mises sur pied et surtout dans le délai. La minuterie du processus DDRR continue de tourner, la table ronde de Bruxelles avec les innombrables promesses de dons,plusieurs rencontres de travail avec les experts de FMI et Banque Mondiale, de multiples voyages avec suite à l’étranger dont deux sommets de l’ONU à New York, des accords de paix précédés de plusieurs rencontres et réceptions des représentants des groupes armés et enfin un remaniement ou réajustement gouvernemental.

Fort de ce regrettable constat, la situation socio-politique du pays qui au demeurant semblait maîtrisable s’est empirée avec la perte d’autorité sur les 3/4 du territoire au profit de la rébellion. Il faut noter au passage que le nombre exact des groupes armés n’est pas défini. On assiste avec impuissance à la recrudescence de la violence avec comme corollaire des milliers des déplacés et réfugiés. Les droits de l’homme sont systématiquement bafoués au profit d’une barbarie inqualifiable. Effaré, le citoyen lambda qui ne sait à quel saint se vouer tente d’apporter des éléments de réponse en s’ interrogeant : pourquoi le pouvoir des nouvelles autorités peine à monter en puissance ? La période d’essai, d’apprentissage ou de grâce n’est-elle toujours pas terminée ? En dépit de quelques recettes fiscalo-douanières, le pays ne cesse de mendier pour remplir la caisse à détournement. N’avez-vous pas constaté qu’on demande trop à la communauté internationale ? Quelles sont les réalisations déjà faites avec les fonds déjà encaissés ? Avons-nous déjà présenté aux différents bailleurs et partenaires au développement les rapports d’activité des fonds  déjà reçus ? La succession des erreurs pyramidaux dans la prise des grandes décisions d’orientation surtout en minimisant leur portée politique expliqueraient cet enlisement.

Ce pouvoir nous a habitué à de dérives de bonne gouvernance et principalement à un déficit managérial  chronique. On gère un pays post-guerre à l’échelle familiale à l’instar des décrets portant nomination des préfets et sous-préfets à qui on a attribué à tort les statuts d”administrateur civil”. Comment comprendre qu’un dépositaire de l’autorité de l’Etat et garant de l’application des lois et règlements dans sa circonscription soit un vendeur de légumes professionnel ? Ce pouvoir impopulaire n’a aucun respect pour le peuple ni pour les victimes et creuse au jour le jour un fossé d’avec le peuple. Le ministre des mines qui s’illustre dans un sextape sur les réseaux sociaux, un ministre conseiller à la présidence de la République qui se croit tout permis et ne cesse de narguer la population sur les réseaux sociaux, le retour incompris de Francis Bozizé qui sera peut être suivi de celui de son père, le flou autour de la question de l’amnistie, la tenue de l’assemblée générale des Ngbakamandja qui crée un climat de méfiance au relent tribaliste, les passeports diplomatiques qui dûment règlementés par des textes sont délivrés à volonté même à des maîtresses et étrangers. Logiquement, ils doivent être exclusivement délivrés à des diplomates mais pour des raisons d’Etat, ils peuvent être délivrés à certaines personnalités pour faciliter l’exercice de leur mission. Par ailleurs, le ministre de la sécurité publique, en manque de stars qui trinque et pose en selfies accompagné de large sourire avec le bourreau du peuple. Ce selfie était-il nécessaire ? À moins qu’ils aient des intérêts communs quelque part.

Selon les propos de l’expert du FMI au sortir d’une audience avec le President de la République, sur 24 ministères seulement 2 ont contribué positivement à la croissance économique dont celui des eaux et forêts. Alors peut-on se permettre de limoger aussi facilement un ministre qui a fait un travail titanesque ? Le système à institué un bourbier, une injustice politique et sociale, l’impunité, la corruption. Pour des intérêts obscures, le nouveau gouvernement passe de 24 ministres à 34. Tout cela explique un manque de sérieux et met à nu la cessité chronique des autorités à innover, a inventé. On remarque également un manque de vision synoptique même à court terme obligeant ainsi les autorités à piloter à vue. Visiblement la machine est grippée et nécessite des soins intensifs.

Fort de ce diagnostic, comment peut-on s’étonner de l’enlisement du système ? Pourquoi s’étonner du maintien de l’embargo sur les armes par l’ONU ? Aux dernières nouvelles, les ministres de l’intérieur et celui des affaires étrangères menacent de rendre leur tablier. Fort de ce macabre constat, ce pouvoir risque d’être fissuré, fragilisé par des démissions pyramidales, heureusement que la démission n’a pas de droit de cité dans notre culture politique. Ce système fabriqué en toutes pièces par les nouvelles autorités ne montera jamais en puissance s’il continue de nier les réalités socio-politiques et économiques du pays. À ce rythme et en conséquence de ce qui précède, la rébellion risque d’accompagner le mandat et rien ne nous garantit qu’elle autorisera une seconde fois l’organisation des prochaines échéances électorales dans les territoires occupés. Mais attention, ne le dîtes à personne. Si on vous demande, ne dîtes pas que c’est moi.

 

 

 

 

Monsieur Bernard Selemby Doudou, auteur de l'article.
Monsieur Bernard Selemby Doudou, auteur de l’article.
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