Centrafrique : Nouvelle désertion des soldats FACA à Yalinga

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Ce jeudi 24 avril 2025, cinq soldats des Forces Armées Centrafricaines (FACA) ont abandonné leur poste à Yalinga, sous-préfecture de la Haute-Kotto, pour rejoindre à pied Bria, chef-lieu de la préfecture. Ce départ, motivé par le non-paiement des primes globales d’alimentation (PGA) depuis plusieurs mois, s’inscrit dans une série inquiétante de désertions à travers le pays, révélant une crise structurelle au sein de l’armée centrafricaine.
Une désertion particulière à Yalinga
Les cinq militaires, détachés à Yalinga, ont décidé de quitter leur poste après des mois d’attente vaine pour leurs PGA, essentielles pour couvrir leurs besoins de base tels que la nourriture, l’hygiène et l’habillement. Selon des sources locales, leur frustration, amplifiée par l’isolement et l’absence de soutien logistique, les a poussés à entreprendre un périple à pied vers Bria, à environ 120 kilomètres. Ce mouvement fragilise les positions de l’armée nationale à Yalinga, déjà vulnérable aux incursions de groupes armés.
Ce n’est pas la première fois que Yalinga est touchée par un tel phénomène. En février 2025, une désertion massive avait vu près d’une dizaine des soldats FACA abandonner la ville pour les mêmes raisons, plongeant la sous-préfecture dans une insécurité accrue. Cette répétition souligne l’incapacité des autorités à répondre aux revendications des troupes déployées en province.
Une crise nationale : rappels d’autres désertions
Le cas de Yalinga n’est qu’un épisode d’une vague de désertions qui secoue les FACA à travers la République Centrafricaine. Dans la préfecture de la Vakaga, à l’extrême nord-est, une trentaine de soldats ont déserté leurs postes depuis la semaine dernière, principalement à Birao, Tiringoulou, Sikikédé et Gordil. Ces militaires, confrontés à des conditions de vie inhumaines : absence de PGA, salaires inaccessibles et équipements défaillants, ont tenté de rejoindre Bangui, bravant des routes dangereuses. Une attaque meurtrière après le croisement de Gonda sur l’axe d’Akroussoulback, qui a coûté la vie à l’un d’eux, illustre les périls de ces périples.
Dans la Haute-Kotto, la sous-préfecture de Ouadda-Maïkaga a également été le théâtre de multiples désertions. Depuis janvier 2025, quatre vagues ont été recensées, dont une impliquant deux soldats le 13 avril, portant à treize le nombre de déserteurs dans cette localité. Les mêmes griefs : PGA impayées, isolement et précarité, sont invoqués. Des cas similaires, bien que moins documentés, ont été signalés dans d’autres régions, notamment à Kouango, Paoua et Ouanda-Djallé, où les arriérés de PGA atteignent parfois deux ans.
Les racines d’un malaise profond
Les désertions à répétition dévoile une crise systémique au sein des FACA. Les soldats déployés en province vivent dans des conditions souvent inhumaines :
– Primes impayées : Les PGA, vitales pour la survie des militaires, ne sont pas versées, parfois depuis des années. À Yalinga, les arriérés s’élèvent à six mois minimum.
– Salaires inaccessibles : Versés sur des comptes bancaires à Bangui, les salaires restent hors de portée en l’absence d’infrastructures bancaires en province.
– Conditions matérielles désastreuses : Uniformes en lambeaux, chaussures usées et rations alimentaires inadaptées, souvent fournies par la MINUSCA, aggravent la démoralisation.
– Recours à des pratiques illégales : À court de ressources, certains soldats se livrent au racket ou à des actes de banditisme, creusant un fossé avec les populations locales.
Ces difficultés, combinées à l’insécurité persistante due aux groupes armés comme la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC), alimentent un sentiment d’abandon parmi les troupes. « On nous laisse crever de faim », confiait récemment un déserteur à Bangui, résumant un désespoir largement partagé.
Un défi pour la sécurité nationale
Ces désertions fragilisent la capacité de l’État à assurer la sécurité du territoire. À Yalinga, comme à Ouadda-Maïkaga ou dans la Vakaga, l’absence de forces régulières expose les civils aux exactions des groupes armés. À Bria, où convergent les déserteurs, les tensions entre FACA et mercenaires étrangers compliquent davantage la coordination militaire. Par ailleurs, la tolérance implicite de certains officiers envers des pratiques comme le racket, en guise de compensation pour l’absence de PGA, nuit à la crédibilité de l’armée.
La désertion des cinq soldats FACA à Yalinga, le 24 avril 2025, est un nouvel avertissement pour les autorités centrafricaines. Ce phénomène, qui touche également la Vakaga, Ouadda-Maïkaga et d’autres localités, reflète un abandon des troupes par l’État et menace la sécurité nationale. Sans une action rapide pour améliorer les conditions de vie des soldats et répondre à leurs revendications légitimes, la République Centrafricaine risque de voir s’aggraver l’instabilité et l’insécurité sur son territoire….
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