Centrafrique : nomination des préfets, un grand pas en arrière.

Centrafrique : nomination des préfets, un grand pas en arrière.

 

Le Président Touadéra, son Premier Ministre Simplice Mathieu SARANDJI et son Ministre des finances Henri Marie DONDRA
Le Président Touadéra, son Premier Ministre Simplice Mathieu SARANDJI et son Ministre des finances Henri Marie DONDRA

 

 

Bangui, le 30 août 2017.

Par : Gisèle MOLOMA, CNC.

 

Par un décret signé du Président de la République Faustin archange TOUADÉRA et cosignés par le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur, 16 personnalités ont été nommées Préfets des 16 préfectures que compte le pays. Cette nomination, qui devrait être une décision qui s’ajoute aux différentes tentatives de la réconciliation entre tous les Centrafricains, n’est rien d’autre qu’un signe pouvant envenimer la situation. Analyse.

D’après le décompte des personnalités nommées, la parité homme-femme cède sa place à une nouvelle parité Militaire-Civil. 8 officiers militaires, 1 sous-officier de la gendarmerie en retraite depuis plus de 5 ans et 7 civils ont été coptés pour être nommés Préfets. Malgré l’exigence de la loi sur la parité votée à la va-vite par la nouvelle Assemblée nationale et publiée par le président de la République Faustin Archange Touadéra, seulement 2 femmes promues préfètes en lieu et place de 5 femmes.

En plus de la violation de la loi, le gouvernement verse de l’eau chaude sur le processus de réconciliation et de la cohésion sociale. Pas un seul fils du pays de confession musulmane propulsé à cette prestigieuse fonction. Et cela commence à susciter des interrogations et de mécontentements au sein de la coalition séléka, composée majoritairement des nordistes ayant pour religion, l’Islam.

« Nous avons pris les armes contre le mépris et l’injustice imposés aux cadres de la région du nord ». a fait savoir à CNC un leader militaire de la séléka, une rébellion composée à majorité des gens de la région issus de la région du Nord notamment la Vakaga et le Bamingui-Bangoron. Et de conclure « Le gouvernement Sarandji reste dans la logique du mépris des cadres du Nord et c’est inadmissible ».

Pourquoi un tel geste du gouvernement ?

Difficile de le savoir pour l’heure, mais selon certains analystes politiques contactés par CNC, ce geste du gouvernement n’est pas le premier du genre depuis sa formation il y’a plus d’un an. Depuis la fin de la transition, les cadres de confession musulmane sont souvent marginalisés dans les différentes nominations, et ce, du cabinet du Président de la République au cabinet du Premier ministre en passant par ceux des ministères, nous ont fait remarquer ces analystes.

Sarandji , un garçon acariâtre pour la renonciation.

Pour nombreux d’observateurs de la vie politique centrafricaine, Mathieu Simplice Sarandji est un garçon de caractère, un homme qui tire ses plaisirs dans la souffrance des autres. Un homme qui aime se conjuguer avec le mot « séparer » qui lui rapporte à lui seul que « réconcilier » qui rapporte aussi aux autres.

D’après ces observateurs, le Premier ministre, en proposant de nommer les militaires au poste de préfets, tente, malicieusement ,de bâcher l’essence même du conflit, à savoir les causes, qui ont poussé ces gens à prendre les armes et à faire tirer les grègues de son ancien grand ancien patron.

Pour bon nombre des Centrafricains contactés par CNC, le gouvernement n’a pas compris le sens de redéploiement des FACA sur le terrain. « Redéployer les FACA ne signifie pas nommer des FACA préfets » commentent un groupe d’étudiants de l’Université de Bangui.

« Ces militaires trouveront des prétextes pour ne pas prendre service » a fait savoir un enseignant.

« Sarandji jette certains préfets dans la gueule de loup » titrent certaines presses. « des dents aiguisées les attendent » commente un lecteur.

Selon une source autorisée à l’État-major, une dizaine des officiers généraux, dont des anciens ministres et anciens Chefs d’État-major des armées, ont été contactés par le gouvernement pour être nommés préfets, mais ceux-ci ont purement et simplement refusé l’offre du point de vue de la procédure. Ce qui justifie la nomination de ces officiers subalternes et sous-officiers.

Rappelant que la politique de nomination des militaires comme préfets ont vu le jour en 1981 après la prise de pouvoir par la force des armes du général d’armée André Kolingba qui misait sur ses frères d’armes pour préserver la paix et restaurer la confiance entre son régime et la population. Mais pour Sarandji,? L’avenir nous le dira.

 

 

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