(Corbeau News Centrafrique)
Musulmans et chrétiens marchent pour la réouverture de l’avenue Koudoukou
Bangui, Corbeau News Centrafrique, 19-04-2015
Malgré les avancées enregistrées dans le domaine de la sécurité à Bangui, l’avenue Koudoukou qui relie le 5ème arrondissement à l’enclave musulmane de Km 5 n’est toujours pas fréquenter par les véhicules de transport en commun. C’est pourquoi, ce samedi 18 avril 2015, à l’initiative de l’Ong américaine ‘’Search for common ground’’ des centaines de chrétiens et musulmans ont organisé une marche pacifique pour demander la réouverture de cette avenue. « La marche d’aujourd’hui est beaucoup plus l’initiative des familles avec qui notre Ong ‘’Search for common ground’’ travaille depuis des mois. Elle compose des transporteurs des taxis et bus, des motos taxis, les familles, l’association des professionnels des médias, les comités de paix et de médiation, les jeunes volontaires de la paix et les étudiants, et ce, de toutes les communautés musulmane et chrétiennes. Ces familles ont décidé d’aller à la rencontre des familles de la communauté musulmane qui se trouvent au niveau de Km5. Il s’agit pour elles de poser un acte stimulant de haut niveau, en vue de montrer aux yeux du monde leur volonté à aller résolument à la paix et à la cohésion sociale. C’est pour cela qu’elles ont choisi comme activité marquante de cette grande rencontre, une marche pour demander l’ouverture véritable de l’Avenue Koudoukou. » a déclaré Arlette José Wangou, Coordonnatrice cohésion sociale à Search for common ground.
Cette marche est la résultante d’un véritable chantier de sensibilisation à la cohésion sociale entreprise en amont en direction des familles par Search for common ground, étant donné que la cohésion sociale n’est pas un problème individuelle, comme l’a affirmé Arlette José wangou « Depuis quelques mois déjà, nous avons mis en place une stratégie de cohésion sociale impliquant des familles. Puisque nous estimons que le problème de la cohésion sociale n’est pas au niveau individuel, étant donné que la responsabilité des parents sur leurs enfants est engagée pour les éduquer sur les questions de la paix. Alors que malheureusement, ce sont les jeunes qui sont aussi membres des familles qui sont le plus impliqués en tant qu’acteurs et victimes de cette crise. Aujourd’hui, notre Ong ‘’Search for common ground’’ travaille avec plus de six cent (600) familles à travers la capitale Bangui. »
Ce n’est pas la première fois qu’une tentative est faite pour l’ouverture de cet axe. Une première et une deuxième tentative ont été faites à l’initiative de Sangaris et Misca. Mais selon Belfort Gobou, Responsable de la communication à Search for common ground, ce fiasco ne saurait justifie une quelconque résignation des acteurs de la cohésion sociale : « Ce n’est pas parce que nous avons essayé que la voie n’est pas ouverte que nous devons croiser les bras. Nous continuerons à initier des actions concrètes comme cette marche jusqu’à ce que cet axe important soit effectivement fréquenté par les populations et sans crainte. »
Côte à côté, chrétiens et musulmans ont marché dans un même esprit à l’instar de Mamadou Alain Saïdou, quartier Gobongo qui justifie sa participation à la manifestation : « Je suis musulman centrafricain, mais je me suis rendu compte que par rapport à ce qui est arrivé dans notre pays, tous les regards ont changé sur les musulmans. Nous ne sommes pas considérés par nos frères chrétiens comme auparavant. On nous traite de tout, parfois nous sommes méprisés, traqués, agressés tout simplement parce que nous sommes musulmans. C’est pour cela, et avec les conseils de l’Ong ‘’Search for common ground’’, j’ai décidé moi-aussi d’être volontaire pour la paix et de contribuer pour le retour de la paix et le vivre ensemble dans notre pays. Le même sentiment est partagé avec Charlie Komboyo, habitant du 5ème arrondissement qui a insisté sur la nécessité de la réouverture de l’axe Koudoukou : « Je viens marcher avec les autres parce que cela plusieurs fois qu’on essaie d’ouvrir l’Avenue Koudoukou, mais rien n’avance. Mais cette fois, je crois qu’avec les campagnes préalables de sensibilisation qui ont précédé cette marche aujourd’hui, l’ouverture de notre avenue ne sera plus une fiction. Je profite pour demander aux chauffeurs de taxis et bus et ceux des motos taxis qui marchent avec nous aujourd’hui de respecter leur engagement et de ne plus se stationner qu’à mi-chemin entre le 4ème arrondissement et le 3ème arrondissement. »
Les enfant musulmans ont été de la partie et ont lancé des cris de cœur émouvants. C’est le cas de Nisseye Hubert du Km 5, élève au Groupe élite de formation : « Je veux que l’Avenue Koudoukou s’ouvre pour permettre aux enfants d’aller à l’école. Je veux aussi dire aux parents que l’avenir du pays, c’est les enfants ; donc, ils doivent cessent la guerre entre les chrétiens et les musulmans pour permettre aux enfants de bien aller à l’école. » et de Fatimata Ermala habitante Km5 : « Nous les enfants musulmans avons le droit de circuler aussi, d’aller rendre visite à nos parents. Mais aujourd’hui, c’est difficile de passer par l’axe Koudoukou. Je marche pour interpeler les autorités du pays et nos parents d’assurer la protection des enfants, parce que c’est notre droit d’être protégés. »
Bangui, Fred KROCK Pour CNC