Mes Chers compatriotes,
Prenez garde à ne pas conforter la matriochka de Wagner qui règne à Bangui. Je souhaite m’adresser à la nation centrafricaine et offrir mon analyse de l’état du pays, pour qu’ensemble nous donnions une impulsion nouvelle et forte à la révision de nos politiques publiques. Ce message se veut aussi un témoignage de solidarité, tout en appelant à votre patriotisme et votre vigilance.
Wagner gangrène notre pays et y poursuit sans crainte la prédation au vu et au su de tout le monde. Non satisfaite d’avoir pris possession du cerveau, pourtant réputé brillant de celui que cette compagnie russe a porté au pouvoir en 2021 et qu’elle est désormais la seule à soutenir, Wagner met méthodiquement le pays en coupe réglée.
Je voudrais vous rappeler les propos utilisés par certaines personnalités, actuellement dans l’entourage présidentiel, le 15 mars 2021:
« Ces Russes qui sont là ne s’arrêteront pas de venir. Et s’ils exigent en retour nos diamants, nous n’aurons d’autre choix que de les leurs remettre. Si c’est notre uranium qu’ils demandent, on sera contraint de le leur donner. Si c’est le bois
qu’ils veulent, on le leur cédera. Et même si ce sont nos femmes qu’ils réclament pour assouvir leurs besoins primaires, nous sommes prêts à les leur livrer. »
Voilà comment s’expriment les autorités publiques sur la gouvernance actuelle de notre pays, sur le devenir de notre État et sur le sort de nos concitoyennes.
Nous sommes à un stade avancé de la stratégie de la Matrioschka, cette poupée russe qui est empilée de plusieurs autres corps de poupée, introduite en Centrafrique par des aventuriers à qui nos dirigeants obéissent aujourd’hui avec déférence.
Le cancer de Wagner métastase dans tout le pays. Nous sommes parvenus à un tel point d’inféodation à Wagner qu’il ne reste plus qu’à débaptiser Bangui et à lui donner le nom qui correspond le mieux à la réalité actuelle : “Banguigrad“.
Soyez alertés, mes Chers compatriotes. Le tocsin sonne. Vous l’avez tous entendu, le Conseiller spécial du Président de la République, cumulativement chef de la délégation des pouvoirs publics s’est engagé sur la modification de la Constitution, avec notamment la suppression de la limitation du nombre de mandats du Président de la République. Il projette, à travers une réunion vidée de sens à laquelle certains de nos compatriotes ont été conviés, d’assurer à Faustin-Archange TOUADERA le renouvellement de son mandat et permettre ainsi à ses amis de Wagner de continuer à piller le pays. Par cette même occasion, Wagner et ses associés se garantissent une certaine sécurité judiciaire pour éviter de répondre de leurs actes devant les juridictions nationales et internationales pour les nombreux crimes contre l’humanité dont les rapports des agences onusiennes les accusent.
Un terme doit être mis à la marchandisation de notre pays et à la dilapidation de son patrimoine.
Le message que je vous adresse est un appel patriotique. Dans la légalité et par la légalité, nous ne reculerons pas. Bien entendu, nous ne céderons pas à la tentation de nous affranchir de la loi. Nous, nous sommes légalistes. Le coup d’État permanent est du côté du fossoyeur de nos libertés. Telle n’est pas, pour ce qui nous concerne, notre culture. Quant à moi, je tiens trop à la démocratie pour la trahir.
Nous ne suivrons pas l’exemple qui est affiché par le pouvoir. Ici, à Banguigrad, les oligarques ne sont pas du côté de l’opposition, ils sont au palais présidentiel, là où le salut de la Patrie aurait dû être la seule préoccupation du locataire actuel.
Chers compatriotes : RÉSISTONS !
Les armes ne sont pas du côté des démocrates qui n’ont pour se défendre que leur patriotisme et la loi. Mais Faustin Archange TOUADERA veut nous retirer notre Constitution, – notre dernier rempart – pour défendre notre liberté, afin qu’il puisse s’ériger tsar à vie.
Même si je suis victime de manœuvres insidieuses pour m’éliminer politiquement, je continuerai, inlassablement et avec humilité, de mener mon combat pacifique pour notre nation et notre République. Il s’agit d’une action que je conduis avec détermination, en ayant pour seule ambition, non pas de servir mes intérêts, mais ceux du Peuple centrafricain.
Ayons ensemble l’énergie, le courage, la détermination et la persévérance de nous opposer aux prédateurs et à leur accaparement des ressources naturelles du pays, ainsi qu’au syndrome aujourd’hui bien visible du 3ème mandat et des mandats illimités, négation même de la démocratie.
Chers compatriotes, à nous, de ne pas nous résigner, mais de nous opposer frontalement au verrouillage du jeu démocratique ainsi qu’à la confiscation du pouvoir par les oligarques de Wagner. Il nous appartient désormais d’entrer collectivement en résistance.
Abdou Karim MECKASSOUA
Président