Le jeu auquel l’ancien numéro 2 de la coalition Séléka, Nourredime Adam se livre ne joue pas en sa faveur en ce moment. Il est de plus en plus isolé au niveau de ce mouvement malgré sa ténacité. L’Etat major de cette coalition n’est pas prêt à collaborer avec celui qui tente aujourd’hui de récupérer la Séléka. La dynamique de Nourredime est connue : récupérer la coalition Séléka afin de l’utiliser comme bon lui semble. Tout a commencé par le communiqué que Nourredine Adam publié dans la presse la semaine passée. Ce dernier a décidé au nom de la coalition de démettre la coordination politique de l’ex-Séléka et de convoquer une assemblée générale à Birao, une ville située à l’extrême nord de la République Centrafricaine où il s’est installé depuis quelques semaines avec sous les mains plusieurs éléments armés.
Dans le communiqué, l’ancien numéro 2 de la Séléka a indiqué que la décision qu’il a rendu publique a été prise avec l’Etat-major établi à Bambari. Dans un premier temps, ce dernier convoque ce qu’il appelle une assemblée générale des ex-Séléka le 03 juillet avant de repousser la date au 06 du même mois.
Au moment où le tapage médiatique de Nourredine fait son bonhomme de chemin, la rédaction de Centrafrique Libre a contacté le général Jospeh Zoundeko, chef d’État major de ce mouvement installé aujourd’hui dans la ville de Bambari. Ce dernier a désavoué Nourredine sur toute la ligne. « Je n’ai pas été informé de cette initiative qui n’engage que celui qui la prend », c’est une phrase du chef d’État major des ex-Séléka.
Ce dernier poursuit en disant « Nourredine n’a pas le droit de démettre la coordination politique. A l’heure actuelle, seul l’État major peut prendre de pareilles décisions. Alors cette décision ne marche pas, la coordination politique est toujours en fonction ». Pour tous les cadres militaires de l’ex-Séléka joints par Centrafrique Libre depuis la ville de Bambari, Nourredine veut tenter un coup de force afin de destituer l’élan que la coalition a pris.
« Il veut retarder les efforts que nous avons faits jusque là. Nous n’accepterons pas du tout. C’est son idée, cela n’engage que lui mais pas nous qui sommes là » a expliqué un cadre militaire interrogé par Centrafrique Libre. Comme on pouvait s’y attendre, la coordination politique a contesté la convocation de la réunion de Birao comme le recommande Nourredine.
« C’est la folie de voir qu’un individu tente de prendre la décision en lieu et place des adultes que tous nous sommes. Même s’il veut récupérer la coalition ce n’est pas comme cela qu’il doit faire. Personne en ce moment ne peut le suivre dans cette démarche déstabilisatrice qui risque de créer plus de tension » a confié un proche de Hissene Abdoulaye, actuel coordonnateur politique de l’ex-Séléka que nous avons appelé en vain pour prendre ses réactions par rapport à ce que Nourredine est en train de faire.
Nous n’avons pas pu recueillir les impressions de Moussa Dhaffane sur cette situation car il n’a pas été joignable. Mais dans son entourage, on conteste aussi l’initiative de Nourredine. Un de ses proches dit à propos « Nourredine est en train de s’isoler lui- même. Surtout il tente de déstabiliser le mouvement. Avec la position qu’il a prise, c’est clair qu’il est trop limité et il expose au grand jour ses limites.
Mais personne ne peut accepter de pareils désordres, il peut se détromper ». Il est clair que la coalition Séléka est résolument sur le chemin de l’éclatement. Malgré la contestation de la coordination politique et de l’État major, Nourredine Adam reste écouté au sein de ce mouvement. Selon nos informations, plusieurs éléments qui sont sous le contrôle de l’État major ont quitté Bambari pour rejoindre Nourredine dans sa tour d’ivoire qui est Birao.
De sources concordantes, au sein de la coordination politique aussi, ce dernier compte encore et toujours des soutiens de poids qui l’informent et l’encouragent. Dans ces conditions, Nourredine peut se créer une base qui fera face au reste de la coalition restée fidèle à Hissene et Zoundeko.
En janvier 2013, des trois cadres connus de la Séléka qu’étaient Djotodia, Nourredine et Dhaffane, seul Nourredine avait refusé de descendre à Bangui après les accords de Libreville. Il a crée une aile dissidente à la dynamique de paix que les autres avaient accepté avec le pouvoir de Bozizé.
L’histoire a montré que les autres ont fini par le suivre dans sa démarche parce qu’il avait des hommes encore puissants qui étaient sur le terrain. Cet exemple montre que Nourredine n’est pas à négliger car il est connu pour être quelqu’un qui manipule facilement les cadres de la coalition Séléka pour atteindre ses objectifs.
Diane LINGANGUE pour Centrafrique Libre