Rédigé par Bernard Selembi Doudou
Publié par Corbeaunews Centrafrique (CNC), le lundi 4 avril 2022
Bangui (CNC) – Les assises du dialogue politique tant réclamé par l’opposition démocratique a été finalement convoquées du 21 au 27 mars par décret présidentiel. Environ quatre cent cinquante (450) participants triés sur des critères non élucidés ont été conviés dans l’hémicycle de l’assemblée nationale pour échanger et esquisser de solutions durables à la crise.
Il faut noter que le format du dialogue politique a formellement exclu les principaux protagonistes représentés par les groupes armés au profit de l’opposition non armée. Il apparaît important de souligner que la véritable opposition démocratique c’est à dire la plateforme COD 2020 ainsi que les partis associés a participé activement aux différents ateliers préparatoires du dialogue politique avant de se rétracter à la veille du lancement officiel.
La consigne du retrait ou de boycott du dialogue politique n’a pas atteint le résultat escompté car les différents représentants ont bravé le mot d’ordre et par voie de conséquence ont été radiés ou suspendus par leurs entités politiques respectives. Après le rejet de la manœuvre tendant à modifier la loi fondamentale en vue d’ouvrir une voie royale au troisième voire quatrième mandat du président de la république, les participants ont validé plus de six cent (600) recommandations presque identiques à celles du forum de Bangui.
Ainsi, pour tirer les leçons et enseignements de ce dialogue très expéditif qui s’assimile à un monologue, le citoyen lambda s’interroge :
Que faut-il retenir de ce dialogue politique en termes de valeurs ajoutées si ce n’est que du gaspillage ?
Comment un demi-millier de participants peuvent se parler efficacement et contradictoirement dans un laps de sept (7) jours ?
Le ratio donne combien de temps de parole à chaque participants ?
Sachant que le véritable but de ce dialogue est la modification de la constitution, l’échec du dialogue était-il planifié en filigrane ?
En quoi les recommandations de ce dialogue politique sont-elles différentes de celles du forum de Bangui ?
Outre les pressions ou les promesses de postes ministériels, le consensus a t-il prévalu dans la rédaction de ces recommandations ?
Après la lecture synoptique de la semaine idyllique du dialogue politique, nous avons de prime à bord le sentiment d’un gâchis, d’une perte de temps, de dépenses inopportunes des fonds du contribuable alors que les priorités du bas peuple sont ailleurs.
S’agissant du format exclusif du dialogue politique, il trahissait déjà la véritable intention de magouilles, de manipulations du pouvoir qui se souci peu de l’avenir du peuple. Ces différentes manœuvres ont ainsi mis à nu la fragilité et le manque de personnalité des opposants politiques où on a assisté honteusement à des limogeages, des démissions, des trahisons…conséquence de la dislocation de l’opposition radicale. Cette cacophonie indescriptible digne d’une série hollywoodienne tournée dans les pauvres favélas brésiliennes remet en cause la loi N* 20.013 du 11 juin 2020 relative au parti politique et au statut de l’opposition et plus particulièrement le volet concernant le financement des partis politiques en Centrafrique.
On a par ailleurs remarqué la réaction salutaire de la société civile qui s’apparentait jadis à une chambre d’enregistrement des décisions du pouvoir et qui a subitement retrouvé sa lucidité en prenant ses responsabilités devant l’histoire. En effet, cette dernière a rejeté avec vigueur la manœuvre tendant à modifier la constitution du 30 mars 2016 tandis que les sbires du pouvoir ainsi que les associations inventées pour la cause jubilaient déjà en travestissant le droit en faveur du troisième mandat…alors que sans enjeux électoraux, ce dialogue politique était une aubaine pour extirper les maux qui gangrènent notre beau pays.
Au delà de ce qui précède et outre le procès ou la diabolisation de l’opposition démocratique, le pouvoir a réussi à se créer de nouveaux partenaires artificiels jadis inamicaux et spécialisés dans des démissions circonstanciées, ainsi le mercato politique printanier sur fond de promesses de postes ministériels est ainsi clos. Au final, ce dialogue politique a substantiellement généré beaucoup de problèmes qu’il prétend en résoudre…
mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites surtout pas que c’est moi.
Paris le 02 avril 2022.
Bernard SELEMBY DOUDOU.
Juriste, Administrateur des élections.
Tel : 0666830062.