Ils dénoncent la spirale de violence dans laquelle s’enlise la Centrafrique en dépit de l’élection de la présidente de transition du pays
Dans un contexte de crise et de violences tombées dans une spirale infinie, les évêques de Centrafrique dénoncent les méfaits dévastateurs du conflit et la situation dans laquelle le pays s’enlise. L’élection de Catherine Samba Panza, pour mener à terme la transition gouvernementale, ne suffit plus à relancer l’espoir de voir cette crise se résoudre pacifiquement tant les actes mettent du temps à se concrétiser.
Une insécurité constante
Bien que les tueries de masse aient diminué et malgré le déploiement de forces internationales pour soutenir le peuple centrafricain, l’insécurité est encore grande. De nombreux groupes armés poursuivent leurs exactions sans être inquiétés. De véritables chasses à l’homme sont menées contre des civils bien souvent sans aucune raison. La supposée appartenance à un groupe ou à un autre entraine des parodies de justice et des actes sanglants toujours impunis par un État dépassé par la situation. Les religieux et tout le personnel pastoral n’est pas épargné par ces crimes. Enlèvements, pression psychologique, tentative d’assassinat, pillages. La liste de ces drames que dressent les évêques de Centrafrique est longue malheureusement.
Une précarité sanitaire et alimentaire
De nombreux villages ayant été détruits, beaucoup de Centrafricains n’ont plus rien ni où aller. L’instabilité de la situation empêche la reprise des cultures agricoles entraînant d’importants risques de famine à long terme. S’ajoute à cela l’insalubrité des camps des réfugiés où l’accès aux soins est particulièrement difficile. La détresse humanitaire de ces millions de personnes est en passe de se transformer en crise sanitaire grave.
Un pays divisé en deux
L’économie est également mise à rude épreuve. Les taxes échappent au Gouvernement et les prix flambent. L’État dépend complètement de la solidarité internationale. Beaucoup de promesses lui ont été faites, mais les dons tardent à se concrétiser. Le gouvernement centrafricain et ses partenaires ont déployés leurs efforts afin d’assurer une scolarité normale aux enfants. Cependant, l’État ne pouvant pas garantir la sécurité de ses élèves, des zones entières du pays échappent à cette mesure et l’éducation devient un luxe réservé à certains privilégiés.
Certains membres de l’ex-coalition seleka ont annoncé publiquement la partition du pays. Cette décision a laissé le reste du pays perplexe. Les évêques questionnent : « Peut-on avoir deux états-majors dans un même pays ? Que se cache derrière cette décision ? » et rappellent aux chrétiens que la solution n’est pas dans la division mais dans l’acceptation de l’autre.
Sortir de la crise
Les évêques sont conscients que de nombreux défis attendent le peuple centrafricain mais ils sont aussi certains que la sortie de crise est leur à portée avec l’appui de la communauté internationale.
Ils appellent donc à un désarmement sans condition des combattants et à la réhabilitation d’une force armée centrafricaine « non animée par des intérêts égoïstes et sordides » en vue de garantir la sécurité des populations. L’État doit également rétablir au plus vite son autorité et sa justice afin d’éradiquer les jugements sommaires auxquels se livrent les groupes armés. Enfin, les évêques appellent au dialogue en vérité afin de sauver la cohésion sociale et ramener la paix. Retrouver la parole entre les différents opposants ouvrira un chemin de pardon et de réconciliation.