Bangui (République centrafricaine) – CNC – Par un arrêté signé le 18 novembre, le Premier Ministre a créé un comité stratégique d’appui au processus électoral en Centrafrique. Ce comité est composé des membres du gouvernement, des institutions républicaines et des représentations diplomatiques dans le pays et ceci au grand dam des partis politiques et organisations de la société civile.
A quelques mois des échéances électorales dans le pays et en dépit de quelques retards accusés dans les étapes importantes, ce comité a désormais, selon l’arrêté, pour mission d’assurer le suivi régulier de chaque étape importante du processus électoral et de veiller à la bonne exécution du chronogramme.
Le comité est composé de 27 personnes issues du gouvernement, des différentes institutions républicaines ainsi que des diplomates accrédités en Centrafrique. La présidence est assurée par le premier ministre, Firmin Ngrebada, et se réunira deux fois en un mois pour discuter de tout ce qui touche à l’organisation des élections en 2020.
La raison d’être de ce comité pose déjà problème du point de vue légal et de par sa composition. Ni la Constitution, ni le code électoral et ni la loi organique de l’Autorité Nationale des Élections (ANE) n’a prévu la mise en place d’un comité d’appui au processus électoral.
Les grands absents sont les partis politiques et organisation de la société civile qui sont aussi des acteurs du processus électoral dans le pays.
La création de ce comité suscite déjà des réactions au sein de la classe politique qui y voit une « tentative de passage en force du régime actuel lors des prochaines élections ». Car ils estiment que le pays s’est doté de tous les cadres juridiques pour organiser les élections, « en plus de la Constitution, nous avons le code électoral, la loi organique de l’ANE qui nous offre un cadre permanent de concertation. Nous ne nous sommes pas plaints pour cela. Alors pourquoi créer aujourd’hui un énième cadre parallèle qui déjà, dans sa configuration, ne reflète pas l’émanation des partis politiques et de la société civile », a confié au CNC, une personnalité politique proche de l’opposition.
Un autre point d’inquiétude se situe, selon les politiques, par la présence de la présidente de l’ANE dans ce comité, « étant membre de ce comité, elle recevra des ordres du premier ministre. Les germes de trucage s’installe déjà », dit un opposant.
Pour un membre du gouvernement, « ce comité se penchera essentiellement sur la question de mobilisation des ressources financières. Il n’a pas vocation à substituer l’ANE. Qu’on cesse de voir tout en noir dans ce pays. Les élections, c’est de l’argent. Mais il faut les réunir à temps et avec le concours de tout le monde», dit-il.
Les 6 membres du gouvernement siégeant dans ce comité sont tous militants du MCU y compris le Premier Ministre.
Ce comité d’appui au processus électoral porte déjà les germes d’une crise politique en gestation dans le pays.
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