Centrafrique :Le Ministère de la Modernisation de l’Administration et de l’Innovation des services publics, Vers la nouvelle Administration centrafricaine.
Bangui, 22 juin 2018 (CNC) /
On peut commencer par ramasser en désordre tout ce que les Experts de la diabolisation disent de notre pays : la RCA est un État qui n’existe pas ; la RCA est un État qui n’est que l’ombre de lui-même ; la RCA est un État coquille vide ; la RCA est un des États le plus pauvre du monde ; etc.
Cela suffit pour confirmer l’accablante réalité de tous les temps, que la faiblesse de l’Etat est réputée être en Centrafrique un facteur capital qui empêche et qui méconnait à la fois les mécanismes nécessaires au développement de ce pays.
Construite dans la précipitation à cause de l’indépendance, notre administration n’a pas de prises avec les réalités économiques, politiques et sociales du pays. Elle a été faite pour répondre exclusivement aux besoins de l’État, c’est-à-dire une administration de fiscalité que de société.
L’administration a fonctionné et fonctionne sans aucune relation bi-associative avec la population. Il ne fait aucun doute que le manque de relation de créativité entre l’État et la population soit à l’origine de sa fragilité constante.
La faiblesse de l’État est vécue tous les jours comme étant la faible capacité pour les pouvoirs publics d’assurer l’unité et la stabilité des structures opérationnelles.
La faiblesse de l’Etat constitue une réalité avérée récursive. Elle est favorisée par la distribution asymétrique des institutions étatiques sur l’ensemble du territoire national et renforcée par le manque chronique des compétences (humaines, matérielles et financières) disponibles; la répartition inadaptée des institutions publiques ne permet pas à l’Etat d’assurer une forte mobilisation des forces vives dans la mise en valeur des immenses potentialités du pays en vue de s’inscrire dans la dynamique de développement.
Tous les projets initiés par l’État n’ont jamais été portés à leur réalisation et ni ceux des particuliers qui n’aboutissent pas à cause des agents d’une administration qui considèrent tout projet privé porté à leur connaissance comme une occasion de versement de pot-de-vin.
On en arrive à compter combien de résolutions de dialogues inclusifs, de conférences-débats, des états généraux, des forums, des séminaires et des réunions sur des sujets cruciaux, pourrissent dans les tiroirs sans être traités et combien de projets privés n’ont pas vu jour à cause de manque d’accompagnement de la part l’État ou si non, ont simplement échoué à cause des turpitudes et la médiocrité des agents de l’État.
Ainsi, on est dans une situation telle, la faiblesse de l’Etat et le sous-développement, se nourrissent mutuellement. L’impasse sociale qui en résulte est très déplorable, favorisée par des décennies de crises politiques et militaires répétitives, rendant irréversible l’instabilité des institutions de l’Etat.
Rien ne permet d’envisager une issue favorable de cette impasse en cette période cruciale où la crise mine toutes les actions de l’Etat et aggrave de façon considérable le sous-développement.
L’état de l’administration aujourd’hui suite à la crise des cinq dernières années montre l’ampleur de la désorganisation de celui-ci. Mais aussi l’ampleur des besoins au moment où il est question d’essayer de restaurer l’autorité de l’Etat.
Le gouvernement s’attèle à ramener l’Etat partout sur le territoire pour rassurer les populations. Et plusieurs nominations ont déjà été faites dont notamment celles des Préfets et des Sous-préfets figures représentatives de l’autorité de l’État dans les provinces.
Mais la situation du pays est encore préoccupante, caractérisée par l’absence de l’autorité de l’Etat et des services publics sur la majorité du territoire national occupée par les groupes armés qui ont saccagé et détruit la plupart des établissements publics.
Bangui, la capitale, est la seule ville qui détient l’essentiel de l’administration, l’ensemble du pays est privé de la présence efficace de l’Etat.
C’est dans ces contextes que le Président de la république a décidé de la création d’un nouveau Département ministériel dédié à la modernisation de l’administration et de l’innovation des services publics, une option politique visant une gestion de participation et d’inclusion sociale pour plus d’accès aux services publics par les citoyens et pour plus d’efficacité de la politique de l’État.
L’organisation dudit ministère est entrain de se mettre en place afin d’entamer le projet de transformation de l’administration publique centrafricaine, un projet au demeurant difficile.
Un texte de : Robert ENZA,
organisation & management.