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CENTRAFRIQUE : LE DROIT DE MANIFESTER PACIFIQUEMENT FACE À LA MILICE CRIMINELLE DU POUVOIR, LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE RÉUSSIRA T-IL À TRANSIGER ? 

Monsieur Bernard Selembi Doudou, l’auteur de l’article. Photo courtoisie.

 

 

Bangui (République centrafricaine) – Un peuple muet et docile est un peuple mort…c’est le slogan qui galvanise dorénavant le peuple centrafricain depuis la dernière boucherie humaine attribuée au tristement célèbre des groupes armés des 3R. C’est cette logique qui a motivé la mise en place d’une plateforme citoyenne en vue de défendre les intérêts d’un peuple meurtri.

 

Cette plateforme est composée de partis politiques, de syndicats, de la société civile etc…avec des adhésions massives et coordonnées des associations ainsi que de la population. Après de méticuleuses séances de travail, cette coordination a projeté des meetings d’éveil de conscience sur trois samedis consécutifs et sur différents sites dont le premier a été d’ailleurs autorisé par le ministère de la sécurité publique avant de se rétracter.

Ainsi une vive tension électrostatique plane sur le premier meeting créant un climat de peur à l’allure d’un « état d’urgence ».

 

La plateforme s’entête ainsi à brader l’interdiction de manifester tandis que la milice criminelle du pouvoir baptisée « Requin » multiplie des communiqués appelant à la haine, à la banalisation de la mort sur toute l’étendue du territoire national et surtout de nature à mettre en danger l’intégrité physique de certains leaders politiques.

 

Force est de constater que ces communiqués radios diffusés massivement relayés sur les réseaux sociaux et qui font froid dans le dos n’ont connu aucune réaction du pouvoir à plus forte raison du parquet général sensé garantir les libertés fondamentales du peuple centrafricain. Au delà de ce duel entre la démocratie et l’anarchie, nous tenons à rappeler que l’article 15 alinéa 4 de la constitution dispose « l’Etat garantît la liberté de manifestation pacifique ». En outre, selon les dispositions de l’article 22 de la constitution « la défense de la patrie est un devoir pour tout citoyen ».

Ce dernier article de la constitution s’apparente à l’appel du Général De Gaulle du 18 juin 1944 depuis Londres contre l’occupation allemande en vue de libérer la France à la seule différence que l’appel à manifester de la plateforme « E zingo biani » est pacifique c’est à dire sans armes. Exhibant une colonne de blindés sur les artères périphériques du meeting alors que la Centrafrique est officiellement sous embargo de l’ONU, le citoyen lambda s’interroge :

 

En quoi se rassembler pacifiquement pour débattre de la situation du pays est-il criminel alors qu’une milice qui projette de menaces de mort sur des leaders politiques demeure impunie ? Pensez-vous que l’interdiction de cette réunion pacifique anéantira les velléités ou l’aspiration du peuple à la liberté ? Comment peut-on expliquer le mutisme du pouvoir face aux extravagances de cette milice criminelle ? Cette énième interdiction de manifester ne constitue t-elle pas une violation des dispositions de l’article 15 de la constitution qui garantit la liberté de manifester ?

 

Le président de la république et son parti politique le « MCU » qui menacent impunément les défenseurs des droits du peuple sont-ils au dessus de la constitution du 30 mars 2016 ? Quel est le seuil punissable de la violation de la constitution. Cette manifestation pacifique représente t-elle véritablement une réelle menace à l’ordre public ? Quelle est alors la définition que le pouvoir donne à cette notion « fourre tout » d’ordre public ? Pourquoi cette notion ambiguë d’ordre public est toujours troublée lorsqu’il s’agit de manifestations ou de marches de partis politiques d’opposition, de syndicats et de la société civile ?

 

Depuis le début de la mandature, combien de marches ou de manifestations ont été autorisées par ce régime ?

 

Nous estimons que ce pouvoir avec ses nouveaux alliés ont décidé de museler le peuple tout en les massacrant. L’expérience à travers le monde a toujours enseigné que la liberté d’un peuple ne se négocie pas mais elle s’arrache au prix du sang. Notre salut ne viendra ni de l’ONU, ni de la communauté internationale qui ne font que nous assister mais il viendra des centrafricains eux-mêmes. L’heure tant attendue est ainsi arrivée pour que le centrafricain écrive lui-même son propre histoire en donnant une trajectoire durable à son destin. Ce combat du siècle passe nécessairement par la mutualisation de nos efforts et surtout à demeurer uni contre vents et marées.

 

Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites pas que c’est moi.

 

Paris le 14 juin 2019.

Bernard SELEMBY DOUDOU.

Juriste, Administrateur des élections.

Tel : 0666830062.

 

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