CENTRAFRIQUE : LE DEPART DU RPR DE LA MAJORITE PRESIDENTIELLE FAIT GRINCER DES DENTS
Bangui, le 14/05/2017
Par : Bertrand Yékoua, CNC.
Enfin, on observe du nouveau dans le comportement des hommes politiques centrafricains. Est-ce une renaissance politique qui peine encore à être perçue comme telle par les vautours qui n’aspirent qu’au chaos pour en tirer leur égoïste profit au détriment du peuple ? L’on ne saurait mieux le dire mais il faudra bien le dire.
L’écosystème politique centrafricain semble entrer de plain-pied dans un processus de bouleversement présage d’un renversement complet de la fausse apparence d’une stabilité précaire. La parfaite illustration est le tonitruant départ du Rassemblement Pour la République (RPR) du Président Ferdinand-Alexandre N’guendet de la majorité présidentielle, suivi du CRPS de Me Nicolas Tiangaye et du PATRIE de Me Crépin MBoli-Goumba. Acte de bravoure qui marque la différence de nouveaux hommes politiques centrafricains capable de dire non aux truculents spécimens de griots politiques prêts à tout pour défendre l’indéfendable, justifier l’injustifiable et excuser l’inexcusable ? Sans vergogne aucune ces trois centrafricains ont su démontrer leur démarcation de la clique des vampires tel ce quidam qui, par le doux pseudonyme de Sergy Nelly Anazoua, auteur il y a quelques jours d’un article écrit dans un français épouvantable, lamentable, déplorable, titré « Quid de l’opposition aveuglée de certaines [sic] rapaces au [sic] régime de Touadéra [sic] ».
C’est que la forme boiteuse, pour ne pas dire calamiteuse de ce titre est symptomatique de ces hurluberlus autoproclamées gardien du temple et d’un système qui, à peine instauré, sonne déjà le glas de sa perdition.
Mais comprenons surtout que cet arrêt que nous venons de faire sur la forme, que d’aucuns pourraient juger futile, inutile, tiré par les cheveux, voire digne d’un onanisme intellectualiste, donne corps à une pratique, un tropisme propre aux zélateurs du pouvoir.
Pour le fond, le désastre du pouvoir pousse ces zélateurs non seulement dans la démagogie sans fond mais pire encore dans la diffamation sans limite. Ainsi en est-il des accusations diffamatoires sans fondements, sans queue ni tête à l’égard de l’ancien Président du Conseil National de Transition (CNT) et ancien Chef de L’Etat de Transition par intérim Ferdinand-Alexandre Nguendet. Ainsi, les nostalgiques des dérives totalitaires de l’ancien système, l’accusent d’avoir organisé à PK0 une marche de soutien à la Séléka. Et qu’en conséquence il serait l’un des chefs de file de la rébellion Séléka et aurait bénéficié de cette reconnaissance par Djotodia pour être élu Président du Conseil National de Transition. Une marche qui rappelons-le rassemblait plus de 90% de Centrafricains chrétiens. Donc ces scribouillards voudraient nous faire croire, que tous ces manifestants majoritairement chrétiens se seraient réunis au PK0 dans le seul but de soutenir le projet de leur propre massacre ? Est-ce vraiment crédible ? Absolument pas. Faut-il le rappeler, en 2003, le Président Nguendet était Rapporteur Général au Bureau du Conseil National de Transition. Avait-il organisé une marche ? Elu 2ème Vice-président de l’Assemblée Nationale, avait-il là aussi organisé une marche ?
La vérité, c’est que les nostalgiques de l’ancien système ne pardonnent pas à Nguendet d’avoir validé par cette marche, avec un très large soutien de la population centrafricaine toute obédience confondue, la chute définitive de l’ancien pouvoir. Au point qu’ils ne parviennent pas à comprendre que cette marche était un message adressé au nouveau régime de Djotodia pour lui dire « nous validons la chute de l’ancien régime mais en même temps nous avons l’œil sur vous, nous vous surveillons de près ». La suite des évènements donnera 100% raison à cette mise en garde car, le premier à dénoncer les massacres perpétrés par ces mercenaires de l’ex-coalition Séléka sera Ferdinand-Alexandre Nguendet en sa qualité de Président du Conseil National de Transition (CNT). Un fait reconnu non seulement par une importante frange de la population centrafricaine, la presse nationale, les observateurs objectifs mais également par la communauté internationale. La simple consultation des journaux de l’époque, que ce soit la presse nationale comme internationale, suffit à édifier les moins informés sur la question.
L’interpellation régulière des membres du gouvernement, la marche des Conseillers Nationaux suivie d’un mémorandum remis aux Nations Unies pour le rétablissement, le réarmement et le redéploiement des forces de défense et de sécurité et la neutralisation immédiate de tous les criminels de guerre, l’expulsion du Général soudanais Moussa qui faisait la pluie et le beau temps depuis la caserne des pompiers, les déplacements dans les zones à risque, jusqu’à perdre son garde du corps, pour rappeler à la MINUSCA le mandat que lui a décerné le Conseil de Sécurité de l’ONU, le retour au calme dans le pays durant l’intérim à la tête de l’Etat montrant un sang-froid exemplaire couronné par l’élection et la remise du pouvoir avec élégance à Madame Catherine Samba-Panza résument très clairement la volonté patriotique de ce brave fils du pays. Touts ces faits, tous ces points sont des éléments objectifs indestructibles qu’aucun esprit même le plus malhonnête au monde ne peut nier
Et grand jamais les détracteurs n’ont quoi que ce soit à reprocher au Président Nguendet sur sa feuille de route, car le Conseil National de Transition était considéré comme le meilleur élève de la Transition. Alors, on glose, on ergote, on invente.
La faiblesse des sectateurs du pouvoir ne s’arrête pas seulement à la mise en accusation éhontée de l’ancien Chef de l’Etat de Transition, Ferdinand-Alexandre Nguendet, à qui ils reprochent également d’être l’architecte et le maître d’œuvre de l’implosion de la fragile majorité présidentielle dont jouissait sans résultat probant le pouvoir depuis un an. Non, la faiblesse de ce courant d’impensée se conjugue malheureusement par des prises de positions anti-démocratiques, dangereuses. Ainsi lit-on sous la plume du patenté Sergy Nelly Anazoua que « le mutisme observé jusqu’ici semblait faire croire à une prise de conscience des leaders politiques et un engagement à prendre la place qui est la leur ».
Ces propos sont d’une extrême gravité. Ainsi pour le pouvoir, le rôle des leaders politiques c’est de se taire. Se taire quand 80% du territoire nationale est occupé par des mercenaires étrangers. Se taire quand plus de la moitié de la population centrafricaine ne survit que grâce à l’aide humanitaire. Se taire quand chaque jour Ali Darass défie l’autorité de l’Etat, utilise les armoiries et symboles de l’Etat. Se taire quand 700.000 Centrafricains réclament la neutralisation immédiate d’Ali Darass et des mercenaires étrangers opérant sur le sol centrafricain. Se taire quand Monseigneur Mathos perd la vie par manque d’oxygène à l’hôpital. Se taire lorsque les éléments de l’UPC du mercenaire-terroriste nigérien massacrent les populations d’Alindao, de Bangassou ainsi que les quatre soldats de la MINUSCA. Se taire lorsque le pouvoir n’est pas en mesure de mobiliser les fonds promis par les amis de République centrafricaine à Bruxelles.
Donc pour le pouvoir, la place des leaders politiques c’est celle des sourds-muets qui ne doivent en aucun cas prononcer un mot pour soutenir l’intérêt supérieur de la Nation. Alors dès qu’une autorité se prononce contre les dérives du pouvoir voilà qu’on agite l’épouvantail du coup d’Etat. Mais que les griots se calment avec ce fantasme du coup d’Etat. Vu la fragilité extrême du pouvoir actuel, personne n’a intérêt à rajouter du chaos au chaos en fomentant un coup d’Etat. Tous les hommes politiques qui ont soutenus le Président Touadéra soit dans le cadre des élections du 2nd tour, soit dans le cadre de la défunte union sacrée ne caressent aucunement cette chimère, n’ont pas une seule seconde l’intention d’ouvrir à nouveau les portes de l’enfer du coup d’Etat.
Au lieu d’ériger des fronts de tension au sein de la population et de la classe politique, le pouvoir en place devrait faire montre de sang-froid dans la gestion responsable et apaisée de l’Etat en attendant l’échéance électorale de 2021 pour permettre au souverain primaire de prendre ses responsabilités.