Centrafrique : Le CRSP de Serge Simon Bozanga s’oppose farouchement au troisième mandat de Touadéra
Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Dans un document accablant, Serge Simon Bozanga, président du Comité de Redressement pour le Salut Public, dénonce un “coup d’État constitutionnel”
Un véritable réquisitoire contre le président Faustin-Archange Touadéra vient d’être publié par le Comité de Redressement pour le Salut Public (CRSP). Dans ce document de neuf pages daté du 21 janvier 2025, son président Serge Simon Bozanga dresse un bilan sans concession des neuf années de pouvoir du chef de l’État centrafricain, alias “Baba Kongoboro”.
LA CONSTITUTION AU CŒUR DES CRITIQUES
Le document s’attaque d’emblée à la légalité d’un éventuel troisième mandat. “M. Faustin-Archange Touadéra est inéligible à un troisième mandat en vertu de la Constitution du 30 mars 2016, sur laquelle il a prêté serment par deux fois“, souligne le texte. Le CRSP rappelle que cette constitution stipulait clairement en son article 35 que “le mandat est renouvelable une seule fois” et qu'”en aucun cas, le Président de la République ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs”.
La nouvelle Constitution du 30 août 2023 est particulièrement visée. Pour Serge Simon Bozanga, elle n’est qu’un instrument taillé sur mesure pour permettre à Touadéra de “remettre le compteur de son mandat présidentiel à zéro, de rallonger la durée de chaque mandat à sept ans et de briguer plusieurs mandats présidentiels consécutifs”.
UNE GESTION ÉCONOMIQUE chaotique
Le document signé par Serge Simon Bozanga s’attarde longuement sur la gestion économique du pays. Le CRSP dénonce notamment l’absence de projets viables pour utiliser “le fond BEKOU de 310,2 millions d’euros, soit 203,48 milliards de FCFA, mis à disposition du gouvernement centrafricain par l’Union Européenne”. Plus grave encore, selon le texte, “d’autres financements, de plusieurs millions de dollars, ont tout simplement été rapatriés par les donateurs dans leurs comptes faute d’engagement du gouvernement pour leur réalisation“.
Le texte pointe également du doigt la mainmise étrangère sur l’économie nationale. “Les libanais détiennent environ 80 à 85% de secteurs clés tels que le commerce général, le BTP, l’hôtellerie, le secteur minier et forestier”, précise Serge Simon Bozanga. Il dénonce aussi “le bradage de nos ressources minières et forestières” via “des contrats mafieux à des sociétés écrans du groupe Wagner”.
LA SITUATION SÉCURITAIRE EN QUESTION
Le CRSP conteste vivement la version officielle concernant la sécurité du pays. “Le mensonge d’État qui consiste à dire que les FACA et leurs alliés contrôlent 80% du territoire national est gravement démenti par les attaques régulières des groupes armés”, Serge Simon Bozanga. Il accuse également le président d’avoir “foulé aux pieds” l’Accord de Politique de Paix et de Réconciliation signé en février 2019.
UN RETOUR DE BOOMERANG CONSTITUTIONNEL
Dans un retournement ironique, Serge Simon Bozanga souligne que la nouvelle Constitution pourrait disqualifier son propre architecte. L’article 67 impose en effet trois conditions que le président actuel pourrait avoir du mal à remplir selon le document :
- “Jouir d’une bonne santé morale et physique”: Le CRSP questionne l’état de santé du président 2. “Être centrafricain d’origine” : Le document met en doute les origines du président 3. “N’avoir pas créé ni appartenu à un groupe armé” : Le texte accuse Touadéra d’être “le co-fondateur, le contributeur financier et le défenseur des milices requins et Anti-Balaka”
UNE DIPLOMATIE CONTROVERSÉE
Serge Simon Bozanga critique sévèrement la politique étrangère du président. “M. Touadéra s’est illustré par une diplomatie belliqueuse qui a souvent été associée à des liaisons douteuses et des accusations de double langage”, note le texte. Il pointe particulièrement du doigt les relations avec le groupe Wagner et “les incidents réguliers provoqués par les mercenaires russes à la frontière Centrafricano-Tchadienne”.
CONCLUSION SANS APPEL
Serge Simon Bozanga conclut son analyse par une formule lapidaire : “Le premier mandat de Touadéra en 2016 était un accident, le second en 2020 était un hold-up et un hypothétique troisième mandat en 2025 lui sera fatal”. Le document se termine sur une citation du Général de Gaulle, utilisée comme avertissement à peine voilé : “Quant au pouvoir, je ne saurais, en tout cas, quitter les choses avant qu’elles ne me quittent”.
LA RÉACTION DU POUVOIR ATTENDUE
Ce document intervient dans un contexte politique particulièrement tendu à Bangui, à l’approche des échéances électorales. Pour l’instant, ni la présidence ni le gouvernement n’ont réagi officiellement à ces accusations de Serge Simon Bozanga. Selon nos sources à Bangui, ce document circule déjà largement dans les cercles politiques et diplomatiques de la capitale centrafricaine.
Le CRSP, qui se présente comme une force de proposition alternative, affirme vouloir “mettre fin à tout le système mafieux créé et mis en place par M. Touadéra qui gangrène toute la société centrafricaine”. La publication de ce document marque une nouvelle étape dans la contestation du pouvoir actuel, alors que le débat sur un possible troisième mandat continue d’agiter la classe politique centrafricaine.
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