Le Coton en Crise, un Symptôme d’une Gestion en Déroute”
Bangui, 29 décembre 2023 (CNC) – La République Centrafricaine, un pays aux potentialités agricoles immenses, se trouve aujourd’hui à un carrefour critique. Récemment, le gouvernement a décaissé plus de 4 millions de francs CFA pour apurer une partie des arriérés dus aux cotonculteurs de Markounda et Nana-Bakassa. Cette initiative, bien que salutaire, révèle des fissures profondes dans la gestion de l’or blanc centrafricain et soulève des questions sur la viabilité à long terme de cette filière cruciale.
Une Solution Insuffisante
La cérémonie de paiement, célébrée à l’Office national du coton à Bossangoa, ne masque pas l’ampleur des défis. Jean-René Blagué, délégué technique du groupement d’intérêts ruraux de Koukubouara, souligne que ces paiements ne couvrent qu’une année d’arriérés, alors que les dettes s’accumulent depuis 2020. Cet argent, bien que bienvenu pour des besoins immédiats comme l’éducation des enfants ou l’achat de matériel agricole, ne suffit pas à résoudre les problèmes structurels auxquels sont confrontés les cotonculteurs.
Des Coûts de Production Supérieurs aux Revenus
Léonard Doumana, directeur général de l’Office national du coton, admet les difficultés financières. La vente du coton sur le marché mondial à un prix inférieur au coût de production crée un déficit que même les crédits bancaires peinent à combler. La différence de 400 francs par kilo entre le coût de production et le prix de vente amplifie le problème des arriérés, creusant un fossé financier que le gouvernement et l’Office peinent à franchir.
La Sécurité et la Qualité, Des Enjeux Majeurs
Christophe Nodjougam, planteur à Tokabi, illustre une autre dimension critique : la sécurité et la qualité de vie. L’entassement du coton, faute de ramassage immédiat, non seulement détériore les habitations mais présente également un danger pour les enfants, exposés à des risques d’accidents. Ce témoignage met en lumière l’importance d’une chaîne de production efficace et sécuritaire, éléments jusqu’ici négligés.
Vers une Transition des Cultivateurs vers les Mines?
Le désenchantement des producteurs de coton pourrait avoir des répercussions alarmantes. Le manque d’incitations financières et de mesures de soutien efficaces pousse de plus en plus de cultivateurs vers des activités minières. Cette transition risque de priver la République Centrafricaine de l’une de ses principales ressources agricoles, menaçant la sécurité alimentaire et économique de la région.
Le paiement des arriérés par le gouvernement, bien qu’une étape nécessaire, ressemble plus à un pansement sur une plaie béante. Il est impératif que l’État centrafricain adopte une approche plus holistique et durable, en tenant compte des coûts de production, de la sécurité des producteurs et de la gestion efficace de la chaîne de production. Le gouvernement doit-il redéfinir ses priorités et investir davantage dans l’agriculture, notamment dans le secteur cotonnier, pour éviter une crise alimentaire et économique imminente? La réponse à cette question déterminera l’avenir non seulement de l’industrie du coton, mais aussi de l’économie centrafricaine dans son ensemble.
Par Arsène Féimonazoui
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