Centrafrique: Le centrafricain souffre t-il toujours du “Syndrome Barracuda” ?
Bangui, 25 juin 2018 (CNC) /
L’ex-premier ministre centrafricain, professeur de Philosophie et essayiste de renom M. Jean Paul NGOUPANDE est resté jusqu’à sa mort le 04 mai 2014 à l’âge de 65 ans à Paris (France), l’un des hommes politiques africains particulièrement centrafricains a laissé un nombre acceptable d’œuvres littéraires osées, réfléchies pour l’épanouissement politique, social, religieux de la génération future de sa chère nation centrafricaine. Dans l’un de ces ouvrages Chronique de la crise centrafricaine 1996-1997, Paris, L’Harmattan, 1997, 281 pages, il nous a fait découvrir un terme très emblématique rempli de beaucoup d’interrogations “Le Syndrome Barracuda“. Ce terme est repris par l’Ancien journaliste au “Monde” en charge de l’Afrique et du Maghreb, le français M. Jean-Pierre TUQUOI auteur de l’Oubangui Chari, un pays qui n’existait pas dans une interview accordée au journal Mondafrique. Le centrafricain nous prouve par ces agissements contre la présence russe, sa jalousie à ne pas se séparer de la France. Alors de quoi est-il question dans “Syndrome Barracuda” de M. Jean Paul NGOUPANDE?
Après le coup d’Etat militaire de 1966 contre le président M. David DACKOqui a permis l’accession au pouvoir de son cousin militaire le Capitaine Jean Bedel BOKASSA, la politique centrafricaine rimait avec l’armée. Ce capitaine de l’armée française devenu président du Centrafrique, a beaucoup investi pour la création, la structuration et la formation des Forces Armées CentrAfricaines(FACA) auxquelles il exigeait extrêmement la loyauté, l’obéissance, le respect et la soumission. Rien ne pouvait se faire, se dire sans l’armée sans sa bénédiction. Et rien ne pouvait lui arriver du fait qu’il avait la main mise totale, le contrôle total étant le chef suprême des armées. Beaucoup de bévues se commettaient tant sur le plan national qu’international. Il ne manquait pas de brouilles permanentes entre la relation franco-centrafricaine de l’époque. Le comble a atteint son plus haut niveau en janvier 1979 avec le massacre dans les rues et dans les prisons des élèves et étudiants qui manifestaient juste contre le port des tenues scolaires exigé par le gouvernement centrafricain tout en sachant que les fonctionnaires de l’Etat avaient des arriérés considérables de salaires pour la dite année. Ne pouvant plus assister sans rien faire face à ces multiples dérapages, le départ de celui qui est devenu un peu plus tôt l’empereur BOKASSA Ier de l’Empire Centrafricain, est demandé par ses paires de la sous-région et cela restait la solution synéquanon à une tranquillité dans le pays, une reprise effective de relation dégradante avec la France. C’est ainsi que la France de Giscard d’Estain a profité de l’un de ses déplacements en Lybie pour faire descendre des militaires parachutistes français dans les rues et points stratégiques de la capitale Bangui pour renverser celui qui est considéré jusqu’à ce jour comme le dernier empereur africain BOKASSA Ier. Cette opération venue à point nommé a permis le retour triomphal de l’ex-président DACKO à la magistrature suprême. Et cette intervention salvatrice de la France au peuple centrafricain a pour nom : Opération BARRACUDA.
Une aide de poids au peuple centrafricain pris en otage et terrorisé par ce régime militaire de BOKASSA Ier. Plusieurs années après, cela semble rester un droit acquis de ce peuple qui à chaque fois confronté à une confiscation du pouvoir, une tyrannie, ne pouvant plus supporter un régime ou une situation dramatique, a les yeux larmoyants tournés vers la France pour espérer être sauvée. Cela se fait de manière si flagrante et honteuse si bien que cette habitude lâche d’un peuple à conscience de colonisés est dénoncée et traitée de “Syndrome Barracuda” par notre intellectuel et homme politique M. Jean Paul NGOUPANDE suivi de M. Jean-Pierre TUQUOI. Il met directement un lien entre cette opération d’aide au peuple de 1979 avec l’attitude présente et perpétuelle affichée par ce peuple qui attend toujours être secouru par la France dans les moments dangereux. Au nom de ce protocole d’assistance militaire signé en cas d’agressions du Centrafrique, nous n’oublions pas de remercier la France de toutes ces assistances capitales menant à la résolution de certaines crises politiques, militaires, sociales comme celles de la période de 1996-2001. Ces dernières années marquées par la naissance poussée des groupes armés qui mettent à feu et à sang des villages tout entier , la population centrafricaine apeurée , traumatisée, meurtrie à les mains sur la tête avec des yeux rouges, mouillés réclamant haut et fort l’intervention militaire de la France pour mettre un terme définitif aux massacres, aux viols, , aux braquages, aux pillages et aux assassinats.
Mais il n’est pas à oublier qu’avec la venue tant souhaitée par le peuple de M. TOUADERA à la présidence accompagné de ses bras droits comme son Chef de Cabinet M. NGREBANDA, son premier ministre M. SARANDJI et son gouvernement ayant Mme KOYARA à la Défense, la France ne restera pas le seul et unique interlocuteur du Centrafrique à travers le monde dans la recherche de la résolution de la crise meurtrière centrafricaine. Des résolutions onusiennes et africaines acceptées par la France ont permis à beaucoup d’autres pays africains, asiatiques et européennes comme la Russie de voler au secours du peuple centrafricain.
Le centrafricain ne veut pas se séparer politiquement et militairement de la France. Dans son esprit, un petit silence de la part de la France est interprété comme un abandon total ou la preuve d’une ingérence directe pendant une crise. Beaucoup d’encres centrafricaines, africaines ont été coulée avec la venue de la Russie en Centrafrique dans le processus d’aide militaire en vue d’une solution pacifique à la crise fratricide et meurtrière centrafricaine.
Lors de son discours du 30 mars 2018 pour la célébration de ses deux ans à la magistrature suprême, le Président de la République centrafricaine M. Archange Faustin TOUADERA a lancé cet appel vibrant :
« ….J’invite donc tous nos concitoyens sans exception à baisser les armes et rentrer dans ce processus, en vue d’un rassemblement de la Nation et de la consolidation de la paix qui demeure notre bien le plus précieux.
En ce qui concerne la reconstruction des Forces Armées Centrafricaines et de défense intérieure,…la priorité dans ce secteur demeure la défense du territoire de manière intégrale et intégrée. L’impératif du Gouvernement est de tout mettre en œuvre conformément à ma vision politique pour défendre l’intégrité du territoire national, protéger la population, participer aux opérations de maintien de la paix, à moyen voire long terme.
Le renforcement de nos liens de coopération militaire avec la France, l’Ouganda, le Soudan et le Nigéria à travers des échanges très fructueux contribueront à l’opérationnalisation des FACA en vue de la défense du territoire.
Malgré les contraintes qui s’imposent à nous, et qui sont essentiellement d’ordre financier, nous avons espoir que notre Armée sera rebâtie conformément à l’attente de la population….»
En attendant la concrétisation effective de tous ces plans engagés, cet ensemble d’hommes et de femmes dits partisans de la non-violence et de la résolution pacifique de la crise militaro-politique centrafricaine, travaille d’arrache pieds avec les institutions internationales en vue de trouver une porte de sortie en commun accord ou non de la France, bénéfique pour tout le monde. Les hommes politiques centrafricains réussiront-ils à trouver un remède pouvant soigner le centrafricain de ce “Syndrome Barracuda” ? Ce syndrome si dangereux reste le symbole imminent de l’échec de cette famille centrafricaine de par le monde à résoudre elle-même ses propres problèmes chez elle sur ses 623.000km2 de superficie.
La souveraineté tant souhaitée et voulue par le centrafricain doit passer par sa capacité à résoudre ses propres problèmes sans passer par la France !!!!
- Un texte de : Urbain TABEMARA